Systèmes bismarckiens

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Quand on parle de systèmes bismarckiens, on fait référence aux systèmes d'alliances menés par Bismarck dans sa politique extérieure.

Sommaire

[modifier] Le but de sa politique extérieure

Bismarck est conscient de la situation géographique exposée de l'Allemagne et craint une guerre sur deux fronts (Zwei-Fronten-Krieg). De plus, le renforcement militaire et économique de l'Allemagne par la création de l'empire signifie un changement dans le système des puissances européennes. Le but principal de Bismarck consiste à mettre en place un nouvel équilibre en Europe, à l'aide d'une politique extérieure particulièrement modérée, qui contraste avec le pouvoir autoritaire de sa politique intérieure. Par ailleurs, la France éprouve envers Bismarck, un sentiment de revanche face à la perte de l'Alsace-Lorraine. Bismarck sait qu'une réconciliation avec la France est impossible et qu'il doit faire face à une adversité durable avec son voisin de l'ouest. Pour échaper au "cauchemar des coalitions", il décide de créer une situation dans laquelle toutes les puissances auraient besoin de l'Allemagne. Il s'agit donc d'instaurer de bonnes relations avec les autres pays, exceptée la France. C'est ainsi qu'il va élaborer tout un tas d'alliances avec les autres puissances européennes, alliances stratégiques que l'on nomme Systèmes bismarckiens.

[modifier] Ses alliances

[modifier] Dreikaiserabkommen

Il s'agit d'une alliance entre l'Allemagne, l'Autriche et la Russie, mise en place en 1873. Les buts de Bismarck sont les suivants : la Russie doit être tenue à l'écart de la France par une alliance avec l'Allemagne et une réconciliation avec l'Autriche-Hongrie doit être envisagée pour retirer à la France la possibilité d'un éventuel allié. Malgré le conflit au sujet des intérêts entre l'Autriche et la Russie, Bismarck arrive à éveiller des intérêts communs : la solidarité entre les systèmes monarchiques, le combat contre le socialisme... Cependant cette alliance est seulement maintenue jusqu'en 1878. A la conférence de Berlin, organisée par Bismarck en juillet 1878, ce dernier tente avec succès de servir de médiateur entre l'Autriche et la Russie (c'est le point fondamental de la diplomatie bismarckienne). Il joue le rôle d'honnête agent de change(ehrlicher Makler), et réussit à manifester des volontés de paix, de délimitation de l'Allemagne, et en même temps à démontrer également son rôle diplomatique central en Europe, et par conséquent à isoler la France.

[modifier] Zweibund

Cette alliance, créée en 1879 concerne l'Autriche-Hongrie et l'Allemagne, qui signent tout deux un accord tacite (dirrigé contre la Russie et contre son éventuel allié, la France). Cet accord assure un soutien mutuel dans le cas d'une attaque russe. Selon Bismarck, la Russie est un partenaire auquel on ne peut pas se fier, mais reste cependant un partenaire important.

Les alliances de Bismarck
Les alliances de Bismarck

[modifier] Dreikaiserbündnis

Mis en place en 1881, le Dreikaiserbündnis allie l'Allemagne, l'Autriche-Hongrie et la Russie. Les trois pays s'assurent une bienveillante neutralité dans le cas d'une guerre. Cependant, la rivalité entre la Russie et l'Autriche n'est pas adoucie. Mais pour Bismarck, ce renouvellement du "DreikaiserbündnisVertrag" est un moyen d'éviter la guerre sur deux fronts. En 1884, le traité est donc renouvelé pour les trois prochaines années, mais par la suite la Russie se retire du traité.

[modifier] Dreibund

Créée en 1882, cette alliance concerne l'Allemagne, l'Autriche et l'Italie. Il s'agit en fait d'un élargissement du "Zweibund" qui avec l'Italie devient le "Dreibund". Les trois pays s'assurent donc une protection et une aide réciproque dans le cas d'une attaque française. De plus, l'Italie se sent menacée par la politique coloniale de la France en Tunisie.

[modifier] Rückversicherungsvertrag

En 1887, le Rückversicherungsvertrag unit à nouveau l'Allemagne à la Russie. Après cinq mois de négociations, les engagements de neutralité des deux pays sont actionnés et renforcés, dans le cas d'une attaque autrichienne sur la Russie ou d'une attaque française sur l'Allemagne. De plus, l'Allemagne se déclare prête à soutenir les intérêts de la Russie en ce qui concerne la question des Balkans et des détroits.

[modifier] Sa stratégie

Derrière chaque alliance de Bismarck se cache une stratégie en faveur de l'Allemagne. A l'origine, les systèmes bismarckiens étaient en fait créés dans le but de protéger l'Allemagne face à sa situation géographique très exposée, mais très vite, c'est devenu un moyen de renforcer la puissance du pays ainsi que l'image de Bismarck. La première de ses alliances, le Dreikaiserabkommen comprend la Russie et l'Autriche-Hongrie, les deux plus grandes puissances européennes. Bismarck est alors protégé de toutes attaques venant de la France, qu'il décide dès le début de mettre à l'écart de ses systèmes bismarckiens. Mais au-delà de cette première alliance, Bismarck veut subventionner une compensation d'intérêts entre la Grande-Bretagne et la Russie, bien que ces deux Etats maintiennent des relations tendues. Cependant, Bismarck sait exactement comment créer des points communs entre les deux empereurs : avec la critique de l'état républicain français, qu'il considère comme dangereux pour le maintien de la paix en Europe. Bismarck, qualifié d'"honnête agent de change" (ehrlicher Makler), réussit à négocier les intérets des puissances européennes, lors du Congrès de Berlin (Berliner Kongress) en 1878, où plusieurs décisions concernant les participants du congrès, c'est-à-dire la Russie, l'Autriche-Hongrie, la Grande-Bretagne, la France, l'empire Ottoman, l'Italie et l'Allemagne, ont été prises. Concernant le Zweibund, Bismarck perd la Russie qu'il considère indispensable dans son système d'alliances. Cependant, une alliance avec la Grande-Bretagne est pour lui exclue. Bismarck craint que la politique libérale de ce pays ait des répercussions sur l'Allemagne. Il sait cependant que sans la présence de la Russie dans son système d'alliances, il risque de provoquer une alliance franco-russe. De ce fait, dans le Zweibund, l'Autriche-Hongrie et l'Allemagne s'engagent dans le cas d'une attaque russe à se venir en aide. Cependant, ils restent neutres dans le cas d'une attaque venant d'une autre puissance. Il s'agit donc d'un traité défensif (Defensivbündnis). Ensuite, le Dreikaiserbündnis permet à l'Allemagne de se protéger à nouveau contre le danger d'une guerre sur deux fronts. Cette alliance est devenue véritablement solide, lorsque l'opposition entre la Russie et l'Autriche-Hongrie sur les Balkans, fut circonscrite. Le Dreikaiserbündnis marque le couronnement de la politique extérieure de Bismarck.

[modifier] Bilan

On constate donc que la politique extérieure de Bismarck, qui consiste à créer des systèmes d'alliances entre les puissances européennes afin de protéger l'Allemagne de sa situation géographique et de mettre la France à l'écart, en raison d'un sentiment de revanche que celle-ci éprouve envers l'Allemagne, est avant tout une habile stratégie. Ses alliances, nommées "Systèmes bismarckiens" renforcent l'image politique du chancelier, qui réussit, de ce fait, à maintenir un état de paix entre les puissances européennes. D'ailleurs, l'empereur Wilhelm I. a soutenu le Reichskanzler(chancelier) jusqu'à la fin de son règne. Cependant, avec la fin du règne de Wilhelm I. et l'arrivée au pouvoir de son petit-fils Wilhelm II, le succès de la politique extérieure bismarckienne prend une autre tournure. L'empereur aspire à un "règne plus personnel" et reproche à Bismarck de ne pas l'avoir assez tenu au courant au sujet de sa politique extérieure et de ses alliances avec la Russie. De plus, il élabore par la suite un programme socio-politique qui semble beaucoup plus libéral que celui de Bismarck. Tout cela pousse le fondateur des systèmes bismarckiens à "quitter le navire" ("Der Lotse verlässt das Schiff"), et à démissioner le 18 mars 1890.

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