Système pentatonique

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En musique, un système pentatonique est une échelle musicale constituée de cinq hauteurs de son différentes. Au sens étymologique, pentatonique vient du grec penta qui signifie cinq.

Généralement, le mot est utilisé dans un sens plus restreint, pour désigner un certain type d'échelle ne comportant aucun intervalle de demi-ton. Les ethnomusicologues appellent ce système pentatonique anhémitonique, du grec (an-), aucun, et (hemi-), moitié, pour désigner le demi-ton.

Il s'agit par exemple des notes données par les touches noires du piano :

fa# - sol# - la# - do# - ré#

Sommaire

[modifier] Le système pentatonique en ethnomusicologie

De fait, un grand nombre de musiques à travers le monde utilisent ce type d'échelle. Mais selon Constantin Brăiloiu, ce qui caractérise ces musiques est non seulement une certaine échelle (un ensemble de sons) mais également une manière particulière de l'utiliser. Brăiloiu - qui synthétise les travaux de plusieurs autres chercheurs - parle donc de système pentatonique.

[modifier] Le pycnon

La partie sol-la-si de l'échelle a une importance particulière :

  • elle est séparée du reste, de part et d'autre, par l'intervalle le plus grand de l'échelle (mi-sol = si-ré = 1 ton et demi) .
  • c'est la seule suite d'intervalles qui ne se présente qu'une fois (alors que ré-mi-sol = la-si-ré ; mi-sol-la = si-ré-mi, etc.). Pour l'auditeur, c'est donc le principal point de repère à l'intérieur du mode.

Brăiloiu propose d'appeler cette section sol-la-si un pycnon (du grec pucnos qui signifie serré ; épais ; fort). C'est donc par le pycnon que devrait commencer la numérotation des degrés. On aurait ainsi :

sol - la - si - ré - mi - sol - la - si - ...
 1  -  2 -  3 -  4 -  5 -  I  - II - III - ...

Cela permet de décrire une mélodie en disant qu'elle est en mode 1, 2, 4 etc., ce qui signifie essentiellement que sa note la plus grave est 1, 2 ou 4.

[modifier] Les pyens

Dans les intervalles séparant le pycnon du reste (mi-sol et si-ré) se glissent parfois des sons « secondaires et fluctuants », inhérents néanmoins au système. Brăiloiu les appelle des pyens (cette fois, l'étymologie renvoie à la théorie musicale chinoise).

RE-MI- fa -SOL-LA-SI - do

Les pyens sont secondaires car :

  • ils peuvent apparaître ou disparaître d'une version de la mélodie à une autre ;
  • leur hauteur est fluctuante, : do - do\sharp pour l'un, et fa - fa\sharp pour l'autre.
  • Ils tombent plus souvent sur des temps faibles que sur des temps forts.

Ils apparaissent en fait le plus souvent comme des notes de passage ou des appoggiatures.

[modifier] Gamme pentatonique

La gamme pentatonique comprend cinq notes, d'où son nom. L'appellation "gamme pentatonique" est un abus de langage dû à une mauvaise traduction de l'allemand, "das Ton" voulant tout à la fois dire le ton et le son. Penta-ton voudrait donc dire 5 tons ou 5 sons. Nous pouvons constater que la traduction exacte serait pentaphonique qui correspondra à une gamme de 5 sons et non pentatonique qui voudrait dire gamme de 5 tons... L'apellation pentatonique est donc un abus de langage. Les gammes pentaphoniques sont basées sur 5 sons en quinte, ramenés sur une seule octave. Ex: Do - Sol - Ré - La - Mi, donnant la gamme Do - Ré - Mi - Sol - La


La gamme pentatonique mineure comprend les intervalles suivants :

Tonique - tierce mineure - quarte - quinte - septième mineure.

Par exemple, la gamme de La pentatonique mineure comprend les notes la, do, ré, mi, sol. Elle est fréquemment employée dans la plupart des musiques, et se retrouve dans le rock et le blues. On trouve la formulation "pentatonique mineure" ou "pentatonique mineur" selon que l'adjectif s'applique à la gamme ou à une tonalité (par exemple do majeur, ré mineur), mais cela revient au même.

[modifier] Un système pentatonique ?

On comprend que, dès lors, pentatonique désigne avant tout un système - et non une simple échelle. Ce qui fait la différence entre, par exemple,

do-ré-mi-fa-sol-la-si-do

et

do-RE-MI-fa-SOL-LA-SI-do

c'est que dans le second cas, on considère que do et fa sont des pyens, et n'appartiennent donc pas à la structure même de la mélodie.

Brăiloiu précise un autre trait qui justifie l'existence d'un système pentatonique :

l'indifférence fonctionnelle, aussi bien harmonique que mélodique, de ses principes. Non seulement aucune « attraction » ne s'y fait sentir, mais ses 1, 2, 3, 5, 6 peuvent chacun faire office de cadence intérieure ou finale, si bien que l'on se fourvoierait gravement en voulant, à tout prix, lui assigner une tonique, voire une fondamentale.

Il y a donc des mélodies qui utilisent plus de cinq sons mais qui n'en sont pas moins « pentatoniques ». Par contraste, certaines échelles de cinq sons - mais ne respectant pas le principe d'indifférence fonctionnelle - ne relèvent pas du « système pentatonique ».

Les recherches ultérieures en ethnomusicologie semblent montrer que les principes dégagés par Brăiloiu s'appliquent dans plusieurs cultures différentes. On trouverait ce système notamment en Chine, en Afrique et en Europe de l'Est. Il n'est cependant pas prouvé que ces similitudes dans l'organisation et l'utilisation des hauteurs découlent bien d'un même « système » mental ou culturel. Autrement dit, si d'un point de vue descriptif, la théorie de Brăiloiu permet de rendre compte d'un grand nombre de musiques, il n'est pas pour autant certain que le système pentatonique ait un sens autre que théorique.

[modifier] Bibliographie

Constantin Brăiloiu : Problèmes d'ethnomusicologie, éd. par Gilbert Rouget, Genève : Minkoff reprint, 1973, 331pp. Cf. articles intitulés « Un problème de tonalité » et « Pentatonismes chez Debussy ».

Ruland Heiner, "Evolution de la musique et de la conscience - Approche pratique des systèmes musicaux", Editions Anthroposophiques Romandes, Genève , 2006 (distribution SOLEAR, Paris).

[modifier] Exemples de musiques pentatoniques