Syndrome dissociatif

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Le syndrome dissociatif est un syndrome exprimant une forme de désorganisation psychique initialement décrite dans la schizophrénie.

Le terme dissociation est la traduction de l'allemand "Spaltung" (Bleuler) qui signifie 'division, déchirure.

Sommaire

[modifier] Étiologie

  • Troubles schizophréniques : la dissociation est alors souvent permanente. Elle s'associe fréquemment à deux autres axes cliniques : le syndrome délirant, essentiellement hallucinatoire, et le syndrome autistique. La psychiatrie française considère le syndrome dissociatif comme trouble cardinal de la schizophrénie (c'est-à-dire qu'il est toujours présent, pour ne pas dire causal) [1].
  • États transitoires : troubles de la vigilance, états post-traumatiques aigus, anxiété majeure, prises de toxiques (cannabis, LSD..).

La dissociation anxieuse se voit par exemple fréquemment après une catastrophe naturelle ou un accident de voiture. Moins tragiquement, cet état est voisin de celui de l'amoureux transi qui, au moment de déclarer sa flamme à l'élue de son cœur, se met à dire n'importe quoi puis s'en va en courant. On peut dire qu'il était dans un état de dissociation anxieuse.

[modifier] Symptômes

Les symptômes peuvent concerner trois sphères différentes :

  • Idéo-verbale : les propos et leurs liens logiques sont désorganisés, hérmétiques. On parle de discordance en cas de franche impénétrabilité. De diffluence lorsque le discours zigzague entre des sujets sans connexion apparente (on parle également de pensée tangentielle). Le mieux est de donner un exemple de discours dissocié :

« Je n'ai pas de nom, j'ai tous les âges, le fluide éternel qui coule dans mes veines ; de l'or ; je vois ce que vous pensez, j'ai un troisième œil qui tourne dans mon cerveau. Je sais que vous voulez m'appauvrir, comme les totems qui hurlent, mais vous ne m'aurez pas car je sais me liquéfier.  »

Lorsqu'il est aussi prolixe, le langage des schizophrènes comporte une forte consonance poétique (sans doute l'aspect hermétique qui fascine) ; le délire n'est jamais loin.

  • Affective : les affects sont très fluctuants et imprévisibles. On parle d'ambivalence affective. Les patients schizophrènes, en effet, contrôlent mal leurs émotions qui éclatent de façon totalement nue. La psychanalyse a beaucoup travaillé cette question, notamment sous l'angle du principe de réalité. Lorsque les troubles autistiques sont importants, on note un émoussement des affects que le langage psychiatrique appelle aussi athymhormie.
  • Comportementale: la discordance a facilement une composante physique. Les gestes sont bizarres, maniérés, incohérents ; l'accoutrement est à la fois baroque et morbide. Toutefois, cette excentricité ne suffit pas à poser un diagnostic. Parfois on note des formes catatoniques ; le malade est alors figé comme une statue.

[modifier] Traitements

  • Les antipsychotiques sont souvent peu efficaces sur le syndrome dissociatif, malgré ce qu'en disent les laboratoires pharmaceutiques.
  • La remédiation cognitive est une technique cognitivo-comportementale censée avoir un effet sur les éléments dissociatifs.

La dissociation est un "rapport au monde" du schizophrène. Il est complexe et fascinant. Beaucoup de patients en souffrent, c'est sûr, mais sans doute faut-il parfois être prudent dans l'intervention "thérapeutique". Beaucoup de gens dans la population ont des traits "schizoptypiques" fortement corrélés au syndrome dissociatif. Ce sont souvent des personnes bien insérées et très créatives.

[modifier] Notes et références

  1. Pour une explication de la compréhension neurocognitive de la dissociation, voir l'ouvrage de Christopher D. FRITH: Neuropsychologie cognitive de la schizophrénie.