Sweet Sweetback's Baadasssss Song

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Avant d’entamer une étude cinématographique de l’œuvre, il est important d’en repréciser brièvement le contexte historique.
Le film est montré pour la première fois au public en 1971, époque marquée aux États-Unis par la fin de la guerre du Viêtnam.
Martin Luther King est mort. Woodstock annonce l’émergence de la culture psychédélique et les bavures policières se multiplient.
C’est dans une Amérique au racisme exacerbé et violent que les responsables des studios hollywoodiens décident de prendre une mesure symbolique en ouvrant leurs portes à trois réalisateurs noirs-américains, avec l’idée de la refermer aussitôt après eux. Ainsi Gordon Park (La colline des potences puis Shaft), Michael Schultz (Car Wash) et Melvin Van Peebles pour Watermelon Man sont les trois seuls à profiter de cette opportunité.

Sweet Sweetback’s Baad Asssss Song, à sa sortie, fait l’effet d’un coup tonnerre dans ce pays où peu de films peuvent prétendre avoir changé à la fois le cinéma et la vie. Melvin Van Peebles a réussi à allier dans ce film langage cinématographique, politique. Il a maîtrisé ce long métrage d’un bout à l’autre de la chaîne de production et de diffusion. Sweetback, le héros est au début un petit gigolo qui anime des shows pornographiques dans une maison close. Son proxénète le loue à la police pour effectuer un faux témoignage. Pendant le trajet, les agents de police tombent sur une manifestation pro-black et arrêtent un des leaders du mouvement. Alors qu’ils sont en train de passer à tabac le jeune révolutionnaire, Sweetback sort de son mutisme et tue ces policiers.

Le film prend alors une autre tournure, notre héros a fait un grand pas pour sortir de cette immense spirale de passivité. La suite des évéments se résume assez bien par l’expression « Running Movie », où Sweetback est en cavale et tente d’échapper à cette interminable traque. Il va passer dans de multiples ghettos avant d’atteindre la frontière mexicaine. Le film nous présente une multitude d’éléments cycliques, du montage au thématique, dans lesquels Sweetback passe et semble s’être libéré.

D’un point de vue technique, Melvin Van Peebles utilise des cadrages non conventionnels avec un montage psychédélique hérité des films pornographiques de l’époque (textures multicolores, pellicule surexposée). Il va d’ailleurs emprunter l’appellation « classé X » pour jouir d’une plus grande liberté de tournage. Son film est ainsi réalisé en dehors de tout syndicat. Le financement s’effectue lui aussi d’une manière aventurière. Grâce aux bénéfices de Watermelon Man et 50 000 $ empruntés à Bill Cosby, auxquels s’ajoutent diverses arrivées d’argent durant le tournage, le film jouit d’un budget total de 100 000 $ pour une recette finale de 10 M$. C’est une énorme réussite financière qui ne restera pas longtemps inexploitée par les grandes firmes du cinéma (c’est d’ailleurs Shaft qui sauvera la MGM de la faillite). Melvin Van Peebles orchestre savamment la publicité de son film en utilisant une méthode très peu usitée à l’époque, celle de la bande originale. Il a pour cela fait appel au groupe de musique Earth, Wind and Fire encore largement inconnu, créant ainsi l’alliance entre musique et cinéma noirs. Ils donneront quelques mois plus tard les bandes sons historiques d’Isaac Hayes pour Shaft, Curtis Mayfield avec Superfly, ou Willie Hutch et The Mack.

Sweet Sweetback’s Baad Asssss Song est une grande aventure humaine, politique et financière. Elle va marquer durablement les mentalités et non seulement celles des populations black, comme certains l’ont pensé. Ce film n’est en aucun cas une vision dogmatique et Black Panther, il rend simplement compte de manière poétique, de la situation des années 70 aux États-Unis.

[modifier] Fiche technique

[modifier] Voir aussi

Autres langues