Style Restauration

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Le style Restauration débute le 6 avril 1814 par l’abdication de Napoléon Ier, le sénat conservateur fait appel aux bourbons qui excepté l’épisode des Cent-Jours, vont régner jusqu’en 1830 ; c'est donc le comte de Provence qui monte sur le trône sous le nom de Louis XVIII. Obèse, presque impotent, il n’aspire qu'à la vie calme à laquelle l’a accoutumé l’émigration. Il n’est pas sensible à l’art et préfère les conversations en petit comité ce qui fait que la vie de la cour est rigide et presque austère. C'est aux Tuileries que le nouveau souverain trouvera le mobilier qu’il désire d’ailleurs l’état des finances ne permet pas de grandes dépenses. Mais lorsque son frère Charles X lui succède en 1825, la cour s’anime un peu : mais les réceptions, les soupers publics, les parties de chasse ne rappellent que trop l’ancien régime. Louis XVIII et Charles X se contentent de quelques commandes d’apparat et d’achats destinés à stimuler le marché ou des cadeaux diplomatiques.

Seule la duchesse de Berry : Marie Caroline de Naples introduit un peu de vie et de gaieté dans la cour. Très dépensière elle fait construire des bâtiments ainsi que des meubles. Paris reste la capitale du luxe. Certaines industries en sont bien spécifiques : orfèvreries, bronze, tabletterie, peinture sur porcelaine.

Sommaire

[modifier] L’Architecture

Louis XVIII et Charles X, par économie, se contentent souvent de poursuivre les chantiers entrepris sous l’Empire ou d’effectuer des travaux indispensables aux palais royaux et aux bâtiments civils. Pierre-françois Fontaine (1762-1853), est maintenu architecte du Louvre. Il est en charge de réunir le Louvre aux Tuileries. Il dirige la décoration du Louvre aussi bien intérieure qu'extérieure. C'est à la même époque que l’on décide d’achever l’arc de triomphe en le consacrant au souvenir de l’expédition d’Espagne, mais les travaux piétinent.

Dans le domaine de l’architecture religieuse vivifiée par le renouveau catholique, de là la Madeleine est rendu au culte, et achevée sous la direction de Vignon, puis de Huvés. Godde devient un spécialiste des constructions ecclésiastiques où il applique un plan basilical : Saint-Pierre du gros caillou, Notre-Dame de bonne nouvelle… Il faut pourvoir d’églises les nouveaux quartiers.

L’urbanisme tient une grande place sous la Restauration. C'est sous le règne de Charles X que la construction privée prend un grand essor jusqu’en 1828. Les plus grands lotissements de l’histoire parisienne voient alors le jour : le quartier Saint-Vincent-de-Paul, le quartier Français Ier, le quartier Saint-Georges. Dans tous ces ensembles se fixent les caractéristiques de l’immeuble de rapport, module de ces quartiers homogènes et prototype de ce qui sera l’immeuble bourgeois de tout le XIXe. La façade en pierre de taille ou en simple moellon plâtre est très plate, sans ornement, scandée seulement par des bandeaux d’appui horizontaux et les pilastres de refend et harpages d’angle verticaux, elle est largement évidée par de très nombreuses fenêtres qui encadrées de persiennes, engendrent par leur rythme répétitif un sobre quadrillage.

Le décor intérieur : comme l’architecture, le décor intérieur est l’œuvre d’hommes formés à la fin du siècle précédent ou sous l’Empire : Bélanger, Jean Démosthène Dugourc, dessinateur du garde-meuble, Jacques-louis de La Hainay de St Anges, élève de Percier et Brongniart et successeur de Dugourc, Fontaine. Le recueil de décorations intérieures publié sous l’Empire par Percier et Fontaine a toujours ses adaptes puisqu’en 1827 une nouvelle édition est publiée. Rien d’étonnant donc à ce que le répertoire ornemental s’inspire à la fois des styles Louis XVI, Directoire et Empire : palmettes, rosaces, rinceaux, candélabres, griffons, lyres, cygnes, dauphins, cornes d’abondance. Tous ces motifs ont pourtant tendance à s’alourdir, à se tasser ; les proportions ne sont plus aussi harmonieuses. L’imitation de l’antique conduit à prôner de riches décors intérieurs. Dans les intérieurs privés, souvent le lambris peint blanc en imitation bois ou marbre, sert de base à un tissu à semis de fleurs, ou à un papier peint bordé de larges frises. Une moulure à rinceaux, à rosaces, à grecques atteste le goût des finitions élégantes. Le blanc et les teintes claires et fraîches sont très prisés. Le rôle des tapisseries s’accroît. La disposition des intérieurs est peu à peu atteinte par le désordre romantique.

[modifier] Les soieries

Les luxueuses soieries lyonnaises font surtout l’objet de commandes royales et princières. Lyon détient le quasi-monopole, avec ses milliers de canuts travaillant à domicile dans de petits ateliers ; le garde-meuble cependant, soucieux d’équité, ne néglige pas totalement Tours, où l’on fabrique des soieries moins prestigieuses. Nîmes se cantonne dans les tissus de soie et de fils de seconde qualité. À Lyon, les fabricants comme Grand Frères, Chuard et Cie exécutent des damas, lampas, brocarts, auxquels sont assorties avec grand soin des bordures. La mode est au semis de fleurs, rinceaux, guirlandes, couronnes, palmettes, lyres. Lorsqu’il s’agit de tapisser les appartements des Tuileries, c'est le dessinateur du garde-meuble qui conçoit le modèle ; la maison choisie, après soumission, doit envoyer à Paris des échantillons qui sont minutieusement examinés, puis réexpédiés avec des demandes de corrections, tel est le cas notamment pour la tenture de la salle du trône des Tuileries, tissées à grands frais par l’illustre maison Grand sur des dessins de Dugourc.

[modifier] Le mobilier

  • Les commodes classiques : elles sont dépourvues de bronzes d’ornementation et n’ont que les entrées de serrure et poignées en bronze doré. Elles n’ont que rarement des colonnes ou des pilastres. Le tiroir supérieur plus petit est en forme de doucine renversée et constitue un bandeau sous le marbre gris, blanc ou noir.
  • Les commodes à vantaux dissimulent leurs tiroirs derrière deux portes.
  • Les tables se multiplient, sont légères et très variées. Les piétements sont en trépied, en fût, en lyre, en pattes de lion, en S et quelquefois tournent.
  • Les guéridons sont très nombreux et peuvent avoir tous les diamètres, leur plateau de marbre ou de bois repose sur une large ceinture incrustée de motifs.
  • Le bureau ministre est de grande taille. Le piétement peut avoir quatre ou huit pieds.
  • Le bureau à cylindre est rare, il garde sa forme. Son abattant cintre permet le placage de grands motifs de marqueterie.
  • Le secrétaire à abattant, de même structure que sous l’Empire, perd ses colonnes et a le tiroir supérieur en forme de doucine renversée comme les commodes.
  • Le bonheur du jour, de même structure. Seules les dimensions diminuent.
  • Les psychés s’arrondissent et reposent sur un socle très épais.
  • Les consoles sont étroites et rectangulaires, les pieds en console reposent sur un socle.
  • Les lits : ils sont « de travers » donc appliqués au mur dans le sens de la longueur.
    • Le lit à dossier droit : les montants sont rectilignes en forme de pilastre, le plan est droit.
    • Le lit bateau : deux dossiers égaux incurvés vers l’extérieur sont reliés par un pan dont le chantournement concave relie les deux chevets.
    • Le lit nacelle : souvent placé sur une estrade, il a des formes plus accentuées que le lit bateau. C’est en général un meuble de grand luxe.

[modifier] Les sièges

  • Ils sont en général moins volumineux que leurs prédécesseurs. Les modèles légers, de petites dimensions se multiplient, ils sont solides et gracieux. La forme gondole est très à la mode, l’ornementation le plus souvent faite de filets, se trouve sur la traverse supérieure du dossier ainsi sur la traverse avant du siège. Les plus riches sont marquetés.
  • Les fauteuils : toujours de proportions harmonieuses, sont très variés. Ils se distinguent par la forme de leur dossier : droit, en gondole. Le fauteuil voltaire est inventé à cette époque, il a un haut dossier rembourré avec une cambrure à la hauteur des reins qui le rend très confortable.
  • La bergère : elle est assez lourde et est munie d’un gros coussin mobile. Sa structure est la même que celle des fauteuils.
  • Les chaises : elles ont la même ornementation que les fauteuils, on en trouve en plus avec le dossier ajouré.
  • Les chauffeuses : assez semblables au fauteuil voltaire, mais des piétements assez bas.
  • Les chaises de bureau, sont parfois rondes pivotant sur un pied tripode.
  • Les tabourets : nombreux et légers, ils ont un piétement en X qui supporte un siège rectangulaire. Ils ont parfois des accotoirs renversés vers l’extérieur très élégants.
  • Les méridiennes et les canapés ne diffèrent guère de l’Empire si ce n’est par l’emploi des bois clairs et l’abaissement du siège.

[modifier] Voir aussi

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Style Louis-Philippe