Space Oddity (chanson)

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Premier succès de David Bowie auprès du grand public, la chanson Space Oddity (1969) raconte l'histoire d'un jeune astronaute, nommé Major Tom, qui, envoyé dans l'espace, ne veut plus revenir sur la planète terre, And am sitting in my tin can, far above the moon, planet earth is blue and there's nothing I can do et cela malgré ses attaches familiales Tell my wife I love her very much, she knows.

Space Oddity est, chronologiquement, la première chanson de David Bowie à magnifier la thématique de l'espace, largement reprise dans les albums suivants : The Rise and Fall of Ziggy Stardust and the Spiders from Mars et la chanson Life on Mars?, qui retranscrit bien l'étrange fascination de toute une génération.


Une dimension poétique

Aussi, cette inclination du jeune Bowie, ou de façon plus générale celle du poète, à s’élever vers le firmament marque sa volonté de se détacher d’une pesanteur sociétale et matérielle qui l'éloigne de son espace de création. Le Ground Control, force de gravité, ramène Major Tom à des préoccupations terrestres (And the papers want to know whose shirt you wear) alors que ce dernier est paisible, floating in his tin can, dans une torpeur lactée et céleste, tel le Bateau Ivre de Rimbaud baigné dans le Poème, De la Mer, infusé d’astres, et lactescent. Cette comparaison avec le symboliste français n’est pas dénuée de sens et permet de saisir la portée même de Space Oddity. Le bateau se libère de ses haleurs, du gouvernail et du grappin comme Major Tom décide de « couper le circuit » (The circuit’s dead, they’re something wrong). Dès lors, le poète-Major Tom est confronté , surpris et étonné, à un nouvel aspect des choses qui l'entourent, à une nouvelle réalité, qui est poétique, et découvre une nouvelle vérité (Am floating in a most peculiar way, And the star look very different today). Cette activité de découverte est subtilement évoquée chez Rimbaud dans le vers Et j’ai vu quelquefois ce que l’homme a cru voir. Le langage bowien, symboliste, étrange et souvent hermétique, est la parfaite mimésis de cette sensation de surprise et d’étonnement. Le silver screen de Life on Mars ? et la little green wheel de Ashes to Ashes étonnent, et participent à une remotivation poétique intrigante qui plonge, slightly dazed, dans un univers envoutant, dans une « bizarrerie de l’espace » qui constitue ainsi un témoignage métaphorique de l’entrée du jeune poète dans la sphère de la création. Ashes to Ashes est justement l’épilogue des aventures de Major Tom, qui est révélé comme un junkie. Funambule clownesque, la figure du poète selon Rimbaud est incarnée dans le clip vidéo d’Ashes to Ashes par David Bowie. Cette dernière chanson, comme Life on Mars ?, ne décrivent pas un monde idéal au milieu des étoiles mais plutôt amer et déçu, ce qui brise l’image, d’ailleurs erronée, d’un Major Tom hippie, rebelle, pur et angélique. Pour Bowie le but n’est pas de refaire le monde par delà les cieux : l’idéal hippie et celui d’une musique engagée est abandonné dans la chanson Cygnet Commitee avec ses lancinants I want to live. Planet earth is blue and there’s nothing I can do…

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