Discuter:Société nationale de médecine et des sciences médicales de Lyon

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JOSEPH PETREQUIN (1810-1876)

Joseph PETREQUIN commence ses fonctions d'Aide à l'Hôtel~Dieu en janvier 1838. En possession d'un service de malades, il s'y fait remarquer par sa ponctualité, sa conscience et son dévouement. Il travaille avec une énergie indomptable et bien que comblé d'honneurs durant toute sa vie, ressentira le moindre mécompte comme un désastre. Pétrequin remplit dès lors les journaux médicaux de ses travaux, il publie successivement un mémoire sur la Capsule de Glisson, un autre sur l'Extirpation de l'oeil de nouveaux procédés chirurgicaux sur l'Opération de la taille, le Trichiasis, la Cataracte et la Perforation du Tympan (1838) ; suivent de nombreuses publications d'oculistique sur l'Emploi de la Strychnine dans l'amaurose, sur la Physiologie et la Pathologie des paralysies de l'oeil et leur traitement par la noix vomique (1839); un mémoire sur la Straboloinie, opération nouvelle qu'il est allé étudier à Paris (1840), un autre sur la Kopiopie ou lassitude oculaire; des procédés nouveaux pour la Restauration de la face (1841) et, enfin, un mémoire sur les Maladies du système osseux qui lui vaut la Médaille d'or de la Société de Médecine de Bordeaux (1843). Chacune de ces publications est le plus souvent adressée simultanément à plusieurs journaux médicaux, car, suivant l'expression même de son ami Diday: « Pétrequin se serait cru frustré, si de la même communication.... il n'eut retiré, outre l'honneur, de quoi appuyer sa candidature à quelque société savante et à quelque prix académique. »

En qualité de Chirurgien~Major de l'Hôtel, Amédée Bonnet est, en même temps, professeur de Clinique chirurgicale à l'Ecole secondaire de Médecine et de Pharmacie. Ce sera donc le tour de Pétrequin en 1844, mais il est impatient de montrer ce dont il est capable. En conséquence il fait bénévolement aux étudiants des cours de Clinique chirurgicale et de Clinique ophtalmologique. C'est cette même année que paraîtra son fameux Traité d'Anatomie Médico-Chirurgicale et Topographique publié en plusieurs langues. PETREQUIN donna dans un autre ouvrage des renseignements précieux dans une Histoire médico-chirurgicale de l'Hôtel-Dieu, dont le temps n'a fait qu'accroître la valeur. Une controverse concernait le traitement des anévrismes artériels par la galvano Charles Pravaz, fils de Gabriel, mais il ne l'avait encore expérimentée ni chez l'animal ni chez l'homme. Pétrequin l'utilisa avec succès pour un anévrisme de l'artère temporale, en 1845. Il fut le promoteur de la méthode, bien que de nombreux auteurs français ou étrangers aient tenté de se l'approprier. Après son majorat PETREQUIN devint professeur de pathologie et de médecine opératoire (1854-1873)., à la suite de Janson. Ses recherches sur les amputations et les resections aux membres inférieurs sont restées longtemps classiques, laissant prévoir la chirurgie conservatrice.

Erudit de la médecine et doué d'une remarquable puissance de travail, Joseph s'intéressait également à l'urologie, à l'ophtalmologie, à la rhino-otologie. Il consacra toute une année de son enseignement à l'étude des maladies des' organes des sens, oeil et oreille. Il contribua aussi au traitement des otites catarrhales, comme l'avait fait Amédée Bonnet. Mais il préconisa de porter le cautère dans le cavum par voie rétroce qui était beaucoup moins pénible. Esprit curieux, il fit aussi des restaurations de la face, des oreilles et du nez,et décrit des procédés personnels, en particulier pour la restauration des paupières et de la face. Enfin, avec Paul Diday, grand vénéréologue et mélomane, il étudia les altérations de la voix chantée et, en particulier, les conditions physiologiques de la voix sombrée. Joseph Pétrequin fut sans doute le plus grand historien lyonnais de la Médecine, s'étant surtout attaché à l'étude des oeuvres d'Hippocrate. Son oeuvre maîtresse est sa Chirurgie d'Hippocrate dont il donne une traduction (parue après sa mort) devenue très classique. C'est un travail considérable, car pour chaque chapitre, il compulsa les manuscrits et les éditions connues. Il reprend toutes les gloses et tous les commentaires qui en ont été pratiqués et entreprend de démontrer quels sont les passages de l'œuvre qui sont véritablement d'Hippocrate et ceux qu'il est impossible de lui attribuer. Pétrequin est également l'auteur d'une Histoire médico-chirurgicale de lHôtel-Dieu publiée en 1853 où abondent les renseignements tirés des archives de l'hôpital. Enfin, parmi les nombreuses publications de Pétrequin on peut citer celle, amusante et étrange, concernant La Noblesse des Médecins de Lyon, noblesse honorifique et personnelle, authentifiée au XVIIe siècle par un procès en usurpation de titres, mais que les médecins lyonnais gagnèrent.

Le 02/06/1876, Pétrequin disparaît sans avoir publié l'oeuvre principale de sa vie, celle à laquelle il travaillait depuis plus de 25 ans et pour la terminaison de laquelle il avait épuisé ses dernières forces, à savoir, La Chirurgie dHippocrate, qui ne parut qu'en 1878, deux ans après sa mort. Cet ouvrage en deux volumes, comportant plus de 1.200 pages, avait eu cependant, conformément à son désir, l'honneur d'être imprimé aux frais de l'Etat par l'Imprimerie Nationale. Jusqu'à lui les historiens de la Médecine n'avaient célébré en Hippocrate que le père de la Médecine, Pétrequin a réparé cette injustice en montrant qu'il fut aussi un grand chirurgien. Mettant en évidence ce qui dans la vie et l'oeuvre d'Hippocrate appartient à la légende et ce qui appartient à l'histoire, il le montre savant génial, mais aussi un des plus grands écrivains de la Grèce qui, comme Thucydide, écrit en dialecte attique. Etudiant les manuscrits et les éditions connues, les commentaires et les gloses qui en ont été faites, il les discute en critique et en philologue, relevant les erreurs des précédentes traductions et montrant quels sont les ouvrages qu'on peut attribuer avec certitude au grand ancêtre. Le livre des Fractures et celui des Luxations sont à son avis, les plus beaux et les plus parfaits qui aient été écrits par un médecin, comme aussi le livre des Plaies de tête, où se trouvent déjà décrits les effets croisés dans les traumatismes du crâne, observation d'autant plus admirable qu'il a fallu plus de deux mille ans de controverses avant que la science moderne confirme expérimentalement ce qu'Hippocrate avait parfaitement vu. La lecture de ce livre de Pétrequin ne peut qu'inspirer la plus vive admiration pour son auteur.


(Chevalier de la Légion d'honneur par décret d'août 1855.)

% Bonjour. Si cette biographie de Pétrequin est de vous, pourquoi ne pas en faire un article à part entière ? % --og 18 mars 2007 à 10:09 (CET)