Seuil de rentabilité

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Le seuil de rentabilité est le niveau d'activité minimum à partir duquel une entreprise devient rentable aux apporteurs de capitaux, c'est-à-dire qu'elle cesse de perdre de l'argent sur cette activité.

L'activité en question peut être simple (la revente de produits déjà manufacturés) ou complexe (la production industrielle d'un bien), mais la question reste la même : à partir de quel niveau de chiffre d'affaires l'entreprise assure-t-elle son équilibre financier ?

Littéralement, le mot dérive de l'adjectif rentable, lui-même signifiant : "qui rapporte une rente" (un revenu)[1], généralisé au sens de "qui rapporte un bénéfice".

Il existe autant de seuils de rentabilité que de prix de vente possible. L'art de la fixation des prix consiste à déterminer le meilleur, ou le moins mauvais, pour la rentabilité de l'entreprise. Tant qu'un produit n'atteint pas son seuil de rentabilité, il perd de l'argent ; quand la situation dure trop longtemps, le produit est généralement retiré du marché. Le calcul du seuil de rentabilité est donc un élément important dans la décision de commercialiser ou de continuer la diffusion d'un produit.

Le point mort (ou break-even point en anglais) est le point d'intersection entre la courbe du chiffre d'affaires et la courbe des charges nécessaires pour produire ce chiffre d'affaires. Le seuil de rentabilité est donc atteint quand on arrive au point mort. En pratique, les termes "seuil de rentabilité" et "point mort" sont utilisés indifféremment.

Normalement exprimé en valeur financière (monnaie), le seuil de rentabilité peut aussi s'exprimer en nombre de jours de chiffre d'affaires ou en quantités produites.

Sommaire

[modifier] Enjeux du seuil de rentabilité

Pour une entreprise, la détermination du seuil de rentabilité est nécessaire.

  1. C'est un facteur de décision pour le lancement d'un nouveau produit sur le marché, ou son retrait ;
  2. Il permet de calculer le montant du chiffre d’affaires à partir duquel l’activité est rentable, ou la date à laquelle l'entreprise commencera à faire du bénéfice ;
  3. Il permet de savoir où se situe la marge réellement dégagée par la société à un moment donné ;
  4. Il permet d’étudier le taux de risque de se trouver en déficit, et corrélativement d’apprécier la sécurité dont dispose l’entreprise si la conjoncture devient défavorable ;
  5. Il permet de mieux étudier et analyser le rôle et la répartition des charges entre fixes et variables ; notamment il oblige à calculer la marge sur coût variable (MSCV), dont l’intérêt est d’éviter les inconvénients de l’imputation des charges fixes aux différents coûts des produits de la société.

Les limites :

  1. C'est un système prévisionnel. La décision dépend donc de la qualité des données entrées dans le calcul de la marge, lui-même fonction du choix des données (quelle dépense est prise en compte ? selon quel critère ?) et de leur exactitude (le contrôle de leur réalité n'est possible qu'a posteriori).
  2. C'est un système normatif : certains coûts sont exclus, d'autres intégrés selon des clés de répartition souvent calculées de manière standard. Il ne représente donc qu'une simplification de la réalité.
  3. Et pourtant, c'est un système peu normé : les méthodes sont différentes d'une entreprise à l'autre, ou d'un exercice à l'autre. Il n'existe pas de "catalogue" des coûts à prendre en compte. La comparaison est donc difficile.
  4. C'est un système linéaire, c'est-à-dire qu'il fonctionne dans l'hypothèse où l'accroissement des ventes passe par un accroissement des coûts dans la même proportion. Ce système théorique n'existe pas dans la réalité, aucune dépense n'est parfaitement linéaire. Il existe principalement deux effets qui contredisent cette linéarité : l'effet de seuil et les économies d'échelle.
  • effet de seuil : les machines ont des capacités de production qui ne peuvent pas être poussées au-delà d'un certain seuil ; pour les dépasser, même de quelques unités, il faudra réinvestir dans une autre machine, ce qui double l'investissement, nécessite de l'espace en proportion plus importante que l'augmentation de production envisagée, etc.
  • économie d'échelle : certaines productions peuvent être accrues sans impact sur les coûts. Par exemple, doubler la cadence d'une machine ne double pas nécessairement le coût d'entretien ni la consommation d'énergie ni le nombre d'ouvriers affectés à cette machine. Dans ce cas, la production supplémentaire coûte moins cher que la production initiale, on dit que le coût marginal de production est plus faible que le coût initial.

[modifier] Calcul

Le seuil de rentabilité peut être calculé très simplement dans les entreprises qui revendent en l'état les produits qu'elles ont achetés. Dans les entreprises à production complexe (multiples produits, plusieurs chaînes de transformation, etc.), le calcul suppose la mise en place d'un système d'information analytique.

Il existe plusieurs méthodes de calcul, qui seront utilisées selon le degré de précision attendu ou selon l'interlocuteur : un responsable d'atelier calculera son point mort différemment d'un responsable commercial. Les méthodes les plus répandues sont les suivantes.

[modifier] Méthode comptable simple : chiffre d'affaires moins charges totales

Cette méthode est la plus simple à exprimer : le seuil de rentabilité d'une activité est atteint quand le chiffre d'affaires est égal au montant des charges mobilisées par cette activité. Les charges comprennent les charges fixes et les charges variables. Les charges fixes correspondent aux charges indépendantes du niveau d'activité (exemple : frais de structure, amortissements, etc.) ; tandis que les charges variables varient proportionnellement au niveau d'activité (exemple : main d'oeuvre, matière première, etc.). Mathématiquement, cela s'exprime ainsi :

CA − (CV + CF) > = 0

où CA = le chiffre d'affaires, CV et CF représentent les charges variables et les charges fixes.

[modifier] Méthode basée sur la marge : marge sur coût variable moins frais fixes

Le seuil de rentabilité est obtenu quand la marge entre le chiffre d'affaires relatif au produit et les coûts variables qui lui incombent devient supérieure à la somme des frais fixes immobilisés pour le produire.

CF / TauxMCV > = 0

ou bien :

CA * CF / MCV > = 0

On en déduit la relation :
Seuil de rentabilité en valeur est atteint quand : MCV / Coûts fixes >= 1
Seuil de rentabilité en quantité est atteint quand : (MCV unitaire x qté) / Coûts fixes >= 1

N.B. : MCV = CACV La marge sur coût variable (MCV) est égale à la différence entre le chiffre d'affaires et le total des charges variables (approche de calcul global). Dans le cas de calcul de la marge unitaire (par type de produit), elle est égale à la différence entre le prix de vente unitaire et le coût variable unitaire associés à chaque produit.

Cette manière de mesurer le seuil de rentabilité est mathématiquement identique à la première méthode, mais met en évidence la marge réalisée au lieu du poids du chiffre d'affaires.

[modifier] Méthode financière : Inclure le coût du capital

Au-delà de ces calculs comptables, le point mort financier est celui où la marge couvre non seulement les coûts fixes, mais aussi le coût du capital engagé[2], notion financière décisive pour estimer les capitaux propres nécessaires à l'activité et faire considérer l'entreprise comme saine par les banques.

[modifier] Méthode du calcul du point mort : particularités

Le seuil de rentabilité est principalement calculé en monnaie. Mais il peut être converti en quantités produites ou en nombre de jours de chiffre d'affaires. De même, on peut déterminer la date à partir de laquelle l’entreprise atteint son seuil de rentabilité. Dans ce cas, cette date représente le "point mort".

Le calcul est simple si l'activité de l'entreprise est régulière, c’est-à-dire que son chiffre d'affaires se réparti régulièrement au cours de l'année. Dans ce cas, la date à laquelle l’entreprise atteint son point mort se calcule ainsi (en mois de chiffre d'affaires) :

Seuil de rentabilité x 12 mois
-------------------------------------------
chiffre d’affaires annuel

ou en jours de chiffres d'affaires :

SR × 360
-------------------------
chiffre d'affaires annuel

[modifier] Exemple de calcul de seuil de rentabilité

  • Soit un seuil de rentabilité (SR) atteint quand le chiffre d'affaires arrive à 2 500 euros. Si chaque produit est vendu 25 euros, le SR est atteint au bout de 100 unités vendues.
  • Si le chiffre d'affaires annuel du produit = 10 000 euros, le SR est atteint en 2 500 / (10 000 / 12) soit en 3 mois de ventes (sous l'hypothèse que le produit est vendu régulièrement tout au long de l'année).

[modifier] Annexes

[modifier] Notes et références

  1. Source : le TLFi
  2. Par coût du capital, on entend les frais engagés pour financer la production qui va être vendue, c'est-à-dire les intérêts sur emprunt, les frais de découverts, les frais de dossiers bancaires, etc.

[modifier] Liens internes

Concepts liés:

Concepts à ne pas confondre :