Discuter:Sciences grecques

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[modifier] Remarque

Je voudrais faire une remarque sur l'« héritage babylonien et égyptien de la science grecque » : c'est à la fois une banalité d'évidence que l'une succédant à l'autre, elle hérite dans une très vague perspective évolutionniste. Mais ce n'est pas ainsi que l'on fait de l'histoire des sciences, il faut dire comment elle en hérite : en s'y opposant radicalement par un spectaculaire rejet des nombres, résolvant des problèmes numériques avec un outil radicalement nouveau, la démonstration d'un théorème de géométrie.

Une culture orale, qui a abolit l'écriture, en parfaite connaissance de cause, vers -1200, parvient à en dépasser toutes les performances accumulées par 2000 d'écriture, par deux moyens : le poème de physique et le théorème de géométrie. Il faut aussi tenir compte de l'épais mépris des physiciens d'Ionie pour les mages babyloniens et les prêtres thébains. Lorsqu'ils désignaient des antériorités à leur travaux, ils pointaient vers les Éthiopiens, et les Hyperboréens, que cela nous laisse pantois ou non. En histoire des sciences, il est aussi de règle de mentionner les antériorités que proclament les découvreurs eux mêmes, et de se soucier plus de l'univers cognitif propre aux découvertes que de se lancer dans de fumeux arbres de généalogie des sciences.

Je m'excuse de mon ton un peu vif, mais il résulte de la lecture de pas mal d'articles en principe d'histoire des sciences, en particulier celui sur Poincaré, où des scientifiques extrêmement compétents sont en train de faire un vrai désastre d'écriture de l'histoire des sciences : il ne s'agit pas de transporter les querelles d'antériorité qui n'intéressent que les propriétaires intellectuels, sur le terrain où tous les grands auteurs d'histoire des sciences, Bachelard, Canguilhem, Michel Serres ont démontré que l'approche évolutionniste en ce domaine est ruineuse, et que chaque découverte mérite à elle seule une approche spécifique, remettant en situation les termes et relations d'une conquête nouvelle de l'esprit humain. Il faut babyloniser avec les babyloniens et hélléniser avec Thalès, et définitivement oublier tout ce qui est "Pré-" (préscientifique, présocratique, etc...), qui est une approche forcément anachronique (qui remonte le cours du temps irréversible).

Enfin le Logo n'apparaît qu'au IVe siècle, et il désigne les efforts des prosateurs, avec une forte nuance péjorative d'ennui profond ; il faut le laisser aux philosophes, et voir de plus près ce que c'est qu'un théorème, qui apparait dans les vers d'Homère, dès le IXe siècle comme notion d'un regard partagé dans des circonstances tout à fait précises : les institutions théoriques de la formation d'un chœur de jeunes filles.

Très intéressantes remarques (je ne peux qu'être d'accord sur l'histoire anachronique et sur le sabotage de l'article Poincaré). Le temps libre étant ce qu'il est — réduit — je vais tâcher de reprendre cet article que j'avais initié sans avoir les connaissances suffisantes pour le développer correctement (comprendre, sans erreurs et lacunes grossières, et avec de la perspective). C'est dommage que vous (ip) n'ayez pas apporté votre contribution à l'article directement. jd  31 mars 2007 à 14:55 (CEST)