Saros
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En astronomie, un saros est une durée correspondant à 223 lunaisons.
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[modifier] Définition
Suivant la définition ci-dessus, le saros correspond à une période d'environ 6 585,32 jours (soit 18 ans, 10, 11 ou 12 jours et 8 heures calendaires). Cette période est utilisée pour prédire les éclipses solaires et les éclipses lunaires. Les 10, 11 ou 12 jours calendaires proviennent du fait que l'intervalle de 18 ans peut comprendre 5, 4 ou 3 années bissextiles.
À deux dates séparées d'un nombre entier de saros, la géométrie du système Soleil-Terre-Lune est pratiquement identique, pour la raison que 223 lunaisons correspondent environ à 242 mois draconitiques. En particulier, un saros après une éclipse, une autre éclipse presque identique a lieu. L'intervalle de 10, 11 ou 12 jours produit une lente avance dans les saisons parmi la suite des éclipses homologues (du même numéro de Saros). L'intervalle résiduel de 8 heures (1/3 de jour) produit un décalage de 120° environ vers l'ouest de l'éclipse homologue suivante (18 ans et 11 jours après).
Ci-dessous sont figurées deux éclipses séparées par une durée d'un Saros. Noter le décalage en longitude.
C'est ainsi que c'est après 3 saros (54 ans et 34 jours), qu'une éclipse se produit (environ) aux mêmes longitudes ; elle est diurne pour les éclipses solaires, nocturne pour les éclipses lunaires. Mais pas exactement aux mêmes latitudes, pour les éclipses solaires (qui sont en fait des occultations), parce que cette période du Saros n'est pas un multiple parfait entre la révolution synodique et la révolution draconitique de la Lune (voir ci-dessous : Calcul).
Les éclipses lunaires sont elles, visibles de tout l'hémisphère nocturne de la Terre, c'est la Lune qui est éclipsée : elle est physiquement "altérée". Alors que les éclipses solaires sont en fait des occultations solaires par la Lune : c'est la zone terrestre subissant l'éclipse qui est "altérée".
La série longue des éclipses homologues portant un même numéro de Saros, voit un changement de nature des éclipses associées, et du moins une dérive de leurs caractéristiques. Car le Saros n'est pas un accord aussi parfait entre la révolution synodique et la révolution anomalistique de la Lune.
[modifier] Exemple
Une série d'éclipses d'un saros a un début et une fin. Les caractéristiques de la série 145, contenant l'éclipse de Soleil du 11 août 1999, sont fournies en exemple ci-dessous et ses éclipses sont représentées dans ce lien : [1] Cette animation montre que les éclipses en début et en fin de série sont de type partiel (comme dans toutes les séries), tandis que presque toutes les éclipses centrales sont de type totales, sauf la première qui est annulaire, et la seconde hybride. La bande de totalité est en bleu sur la carte.
Durée | 1 370,29 ans |
Nombre d'éclipses | 77 |
premières partielles | 14 |
annulaires | 1 |
dont hybrides | 1 |
dont totales | 41 |
dernières partielles | 20 |
Première éclipse | 4 janvier 1639 |
Dernière éclipse | 17 avril 3009 |
Un saros s'étale en général sur 38 saisons d'éclipses qui se produisent environ tous les 6 mois. Il contient 84 éclipses dont 42 de Soleil et 42 de Lune. Cependant ces valeurs ne sont pas immuables dans le temps. On rencontre des saros riches en éclipses (avec un maximum de 94 éclipses) et des saros pauvres (avec un minimum de 78 éclipses). Les saros actuels sont relativement pauvres.
[modifier] Calcul
Si S désigne la révolution synodique de la Lune (S = 29,530 588 853 jours) et D sa révolution draconitique (D = 27,212 220 817 jours), alors l'intervalle de temps d représentant le Saros s'obtient en résolvant l'équation aux inconnues entières m et n par décomposition de réels en fractions continues : S×m = D×n.
La valeur précise de d ainsi obtenue est : d = 6 585,321 314 jours.
[modifier] Le terme saros
Le saros (au sens où nous l'employons actuellement) était inconnu des Chaldéens plusieurs siècles avant notre ère. Ce mot désignait une période de 222 mois lunaires et n'avait rien à voir avec les éclipses. Le terme moderne de saros à propos des éclipses fut utilisé en premier par Halley lorsqu'il lut un texte ancien (la Souda) et qu'il interpréta de manière incorrecte l'utilisation de ce mot. Or le mot saros employé dans la Souda désignait une période sans rapport avec les éclipses (120 saros chaldéens correspondaient à 2 222 années). Bien que relevée par plusieurs astronomes ensuite, l'erreur de Halley ne fut jamais corrigée. Voir à ce sujet le cours de Patrick Rocher à l'IMCCE (Institut de mécanique céleste et de calculs des éphémérides), [2].