Roger Toumson

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Roger Toumson, né en Guadeloupe le 1^er février 1946 est un théoricien de la littérature. Universitaire, essayiste, poète, il exerce à l’Université des Antilles et de la Guyane, où il dirige le département des Lettres Modernes.

Dès ses premiers écrits, Roger Toumson s’engage dans la connaissance de la Caraïbe, où il réside. Ses travaux universitaires sont toujours en corrélation avec ses recherches caribéennes. La quête de sens dans un tout caribéen animé de particularités multiples et diverses nourrit son propos. Une inlassable interrogation des faits et us culturels amène le poète à inventer son expression propre dans un lyrisme inhabituel. Créateur d’un style littéraire et poétique placé exactement à l’intérieur de la dimension caribéenne, il partage, au fil de ses publications, sa passion, en offrant au lecteur un exaltant parcours humain, mais aussi géographique et historique.

L’œuvre de Roger Toumson revêt la coiffe de la profondeur anthropologique, appareillée de philosophie, dans une posture singulière. Résolument installé dans la mouvance des penseurs au dire clair et franc, ses thèses proposent une véritable armature de compréhension du fait négrier et colonial à la base du peuplement nouveau des Caraïbes.

Le pluriel caribéen de Roger Toumson est l’une des clés maîtresses de son œuvre. Son dernier recueil de poèmes La Lyre et l’Archet (Ibis Rouge Editions, Guyane, 2001) propose une vaste table de navigation au sextant relié à sa terre natale, la Guadeloupe. Une Guadeloupe une et multiple, à l’image des hommes qui la peuple, à la mesure de l’assemblée des grandes et petites îles qui la composent. Dans son dernier ouvrage, L’utopie perdue des îles d’Amérique, Roger Toumson (Honoré Champion Editions, Paris, 2004) exacerbe cette notion de variation et d’espace.

Ses premières publications plaçaient sa réflexion au sein de l’identité nègre de ses prédécesseurs de la Négritude. Il s’est ensuite expliqué sur la notion de métissage. Aujourd’hui, loin de l’interrogation identitaire première, il trace sa route avec la lumière de l’octant qui a pour pôle le genre humain. Premier Antillais de sa génération à avoir proposé une vision de l’homme libre, sans barrière, sans frontières, sa distinction de « race » ou de couleur, son œuvre d’analyste littéraire a dès le départ, défini ses orientations :

« S’agissant de l’écrivain antillais, cette double question s’engage : qui et quel est-il ? En la posant, l’on est conduit à aborder l’embarrassant problème de l’identité culturelle, eu égard au processus si complexe de la colonisation et du peuplement des îles concernées. » (Transgression des couleurs, littérature et langage des Antilles, XVIIIe, XIXe et XXe siècles, Éditions caribéennes, 1989, 2 tomes, vol.1, p.14).

On voit que si le mode de recherche a évolué, le fil intrinsèque rejoint l’interrogation fondamentale, ontologique et capitale de l’Abymien.