Robert Ford

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Robert Newton Ford (né le 31 janvier 1862, mort le 8 juin 1892)[1], dit Bob Ford, est un hors-la-loi américain, connu notamment pour avoir assassiné Jesse James en 1882.

Sommaire

[modifier] Biographie

Robert Ford avec le pistolet qui aurait tué Jesse James (portrait non daté)
Robert Ford avec le pistolet qui aurait tué Jesse James (portrait non daté)

Robert N. Ford est né à Ray County, dans le Missouri. Il est le fils de James Thomas Ford et de Mary Bruin.

Admirateur de Jesse James depuis son enfance, il le rencontre en 1880.

En novembre 1881, Jesse James s'installe avec sa famille à Saint-Joseph (Missouri) et se met au vert. Arrestations, morts, défections...son gang a été sévèrement réduit. Il engage Robert Ford en même temps que son frère Charles, avec qui il avait déjà opéré auparavant, pour participer à l'attaque de la banque de Platte City dans le Missouri. Les Ford le rejoignent à Saint-Joseph en se présentant comme ses cousins. James les héberge chez lui.

Mais ce que James ignore, c'est que les frères Ford ont un autre plan : gagner la récompense de 10 000 $, offerte par le gouverneur du Missouri, Thomas T. Crittenden, pour la capture de James, ainsi que l'abandon des poursuites judiciaires à leur encontre (Bob Ford est déjà accusé du meurtre de Wood Hite, un membre du gang).

Le matin du 3 avril 1882, après avoir pris le petit-déjeuner ensemble, les Ford et James vont dans le salon. James remarque qu'un tableau sur le mur est très poussiéreux. Il dépose ses armes, desquelles il ne se séparait pourtant jamais, prend une chaise et monte dessus pour le dépoussiérer. C'est à ce moment que Robert Ford l'exécute d'une balle derrière l'oreille.

L'assassinat fait sensation à travers tout le pays, la presse accourt dans la maison de James et les Ford ne cachent pas leur acte. Robert Ford se hâte d'envoyer un message par télégraphe au gouverneur pour réclamer la récompense. Il se rend de lui-même à la police et est arrêté avec son frère pour meurtre. Condamnés à mort par pendaison, ils sont grâciés par le gouverneur Crittenden deux heures plus tard et se voient remettre une partie de la récompense.

Malgré les promesses, les frères Ford ne reçurent jamais l'intégralité des 10 000 $ promis. L'épitaphe de Jesse James, choisi par sa terrible mère, indique : In Loving Memory of my Beloved Son, Murdered by a Traitor and Coward Whose Name is not Worthy to Appear Here. (A la mémoire de mon fils aimé, assassiné par un traître et lâche dont le nom ne mérite pas de figurer ici).

Charlie Ford se suicide en 1884. Bob Ford gagne d'abord sa vie en posant pour des photographes comme « L'homme qui tua Jesse James ». Il apparaît aussi dans des revues où il rejoue l'assassinat, mais le spectacle n'est pas bien accueilli. Il ouvre ensuite un salon de jeu à Walsenburg (Colorado), puis des saloons dans des cités minières. Il est abattu le 8 juin 1892 par un nommé Edward O'Kelly, qui a vraisemblablement cherché à s'attribuer la gloire d'avoir vengé Jesse James de son meurtrier impopulaire.

[modifier] Témoignage

Lettre de Bob Ford au gouverneur Thomas Crittenden, donnant sa version de l’assassinat de Jesse James (avril 1882) :

« Au matin du 3 avril, moi et Jess allions en ville, comme à notre habitude, avant le petit déjeuner, pour les journaux. Nous étions de retour vers 8 heures et nous nous asseyions dans la première pièce. Jess était assis me tournant le dos, lisant le St. Louis Republican. Je pris le Times, et la première chose que je vis fut un gros titre sur la reddition de Dick Liddil [membre du gang qui témoigna contre les frères James en échange de l’immunité NDT]. A ce moment Mme James vint nous annoncer que le petit déjeuner était servi. A mon côté se trouvait une chaise recouverte d'un châle, sous lequel je cachais rapidement le journal. Jess ne pouvait m'avoir vu, mais il se leva, marcha jusqu'à la chaise, souleva le châle, le lança sur le lit et prit le journal, puis se dirigea vers la cuisine. Je sentis que les carottes étaient cuites, mais je le suivis et m'assis à table en face de Jess. Mme James servit les cafés et s'assit en bout de table. Jesse ouvrit le journal et commença à lire les titres. Il s'exclama immédiatement :
- « Bonjour ! Dick Liddil s'est rendu ! » et me fixa furieusement droit dans les yeux. « Jeune homme, je croyais que tu m'avais dit ne pas savoir si Dick Liddil s'était rendu ».
Je lui répondis que je ne le savais pas.
- « Bien » dit-il, « Étrange. Il s'est rendu il y a plus de trois semaines alors que tu étais déjà dans les parages. C'est troublant ».
Il continuait de me fixer ; je me levais pour retourner dans la chambre. J'entendis au même moment Jess repousser sa chaise et venir à la porte. Il apparut souriant et dit avec bonne humeur :
- « Bon allez Bob, quoi qu'il en soit, tout va bien ».

Je compris immédiatement où il voulait en venir. Je savais que je ne le duperais pas ; il était trop intelligent pour ça. Il savait aussi bien que moi à cet instant que je le trahissais. Mais il ne me tuerait pas en présence de sa femme et de ses enfants. Il marcha jusqu'au lit, déboucla délibérément son ceinturon, garni de quatre révolvers, et le jeta sur le lit. C'était la première fois de ma vie que je le vis sans ceinturon, et je sus qu'il le jeta pour endormir les soupçons que je pourrais avoir.

Il chercha à s'occuper avec quelque chose pour me donner l'impression d'avoir oublié l'incident du petit déjeuner, et dit :
- « Ce tableau est affreusement poussiéreux ! »
Je n'y voyais pas la moindre trace de poussière, mais il plaça une chaise devant, monta dessus et commença à dépoussiérer le tableau au mur.
Comme il se tenait là, désarmé, me tournant le dos, il me vint soudain à l'esprit : Ta chance, c'est maintenant ou jamais. Si tu ne l'as pas maintenant, il t'aura cette nuit. Sans plus réfléchir ni temporiser, je dégainai mon révolver et je le pointai même temps que je m'assis. Il entendit le clic du percuteur alors que je l'armais avec mon pouce et commença à se retourner au moment même où je pressais sur la détente. La balle l'atteignit juste derrière l'oreille et il tomba comme un tronc, mort. »

[modifier] Voir aussi

[modifier] Références

[modifier] Notes et références

  1. Catalogue d'autorités de la Library of Congress

[modifier] Liens internes