Ptahchepsès Ier (Grand prêtre de Ptah)

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Le plus grand des directeurs des artisans, Ptahchepsès
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Ptahchepsès a été un grand prêtre de Ptah de Memphis pendant le règne de Chepseskaf (IVe dynastie).

À ce titre il portait également le titre de chef des secrets de tous les travaux qu'il plaisait au roi de faire[1], sorte d'architecte en chef, assistant son souverain et le vizir dans la réalisation des grands travaux du règne comme notamment l'édification de la tombe royale.

Ses titres indiquent de nombreuses fonctions cléricales dans les différents sanctuaires de la région et de la capitale du royaume participant aux grandes cérémonies rituelles, accompagnant Pharaon dans la grande barque Outesh-Netjerou[2] qui transportait les dieux lors des grandes fêtes du royaume, les pèlerinages officiels ou les cérémonies liées au couronnement et aux jubilés royaux. Le premier et le plus élevé était le plus grand chef (ou directeur) des artisans dans la double maison du grand château de Ptah. En tant que tel il était très lié à la famille royale et procédait au couronnement de Pharaon. Il assurait la direction du temple de Sokaris le dieu des nécropoles et était le gouverneur de tous les domaines du temple de Ptah. Il était également prêtre de sous sa forme d'Hor-em-akhet, c’est-à-dire d'Horus dans l'Horizon, dans les temples solaires de Sahourê, Néferirkarê Kakaï et Niouserrê[3].

Dès son enfance, il est élevé à la cour parmi les enfants royaux et épouse une princesse de sang royal, Khâmaât. Ptahchepsès a eu une vie d'une exceptionnelle longévité accompagnant les règnes de six pharaons, accumulant au cours des ans les charges et les honneurs. Il est probable également qu'il ait conservé sa charge de grand prêtre pendant toute cette période[4].

Il est le premier grand pontife memphite à bénéficier d'une tombe aussi développée et dont on ait retrouvé la trace et qui révèle l'existence d'une personnalité qui a accompagné plusieurs règnes assurant la transition entre la IVe et la Ve dynastie.

[modifier] Sépulture

Ptahchepsès Ier
Type mastaba
Emplacement Saqqarah
Date de découverte 1893
Découvreur Jacques de Morgan
Fouilles
Objets découverts Stèle fausse porte


Sa tombe, qui a été retrouvée à Saqqarah par Auguste Mariette, a livré deux monuments d'importance qui ont été tous les deux prélevés en raison des textes qui les recouvrent :

  • le linteau de la porte d'entrée du mastaba, exposé au musée du Caire, qui outre les formules laudatives classiques destinées à assurer la survie du défunt, nous indique qu'il épousa la princesse Khâmaât, fille de Chepseskaf pendant le règne duquel il fut promu à la plus haute fonction du clergé memphite ;
  • la stèle fausse-porte qui est actuellement conservée au British Museum. Il s'agit d'une grande stèle de calcaire peinte en rouge, imitant ainsi le granite, dont les hiéroglyphes sont peints dans un bleu vert qui contraste nettement avec l'ensemble. Cette stèle nous apprend que Ptahchepsès est né sous Mykérinos et qu'il fut éduqué avec les princes royaux. Seuls les noms de Mykérinos et de Chepseskaf subsistent sur les deux colonnes à l'extrémité droite de la stèle mais les autres colonnes de textes hiéroglyphiques, qui se trouvent sur la partie gauche du monument brisé à l'endroit où apparaissaient les cartouches royaux, indiquent clairement que Ptahchepsès fut au service de cinq autres souverains que l'on peut raisonnablement placer à la suite de Chepseskaf[5].

L'ensemble de ces éléments permettent à la fois d'illustrer la vie de ce grand prêtre qui dès son enfance faisait partie du cercle intime de la royauté, et, par la présence des deux titulatures subsistantes, de valider l'ordre de succession de la fin de la IVe dynastie.

De même, si les noms des autres souverains n'ont pas survécu, il semblait séduisant et tout à fait probant de les interpréter comme ceux de la Ve dynastie, cités dans leur ordre de succession.

Or, récemment un nouveau bloc a été identifié comme appartenant à la stèle de Ptahchepsès. Ce bloc de calcaire était archivé dans les réserves du musée de l'Institut Oriental de Chicago : Il porte les cartouches de Ouserkaf et de Sahourê, les deux premiers pharaons de la Ve dynastie et s'ajuste parfaitement à la stèle du British Museum. Il vient ainsi compléter deux des cinq colonnes aux inscriptions qui jusqu'ici ne pouvaient être lues que partiellement[6]. Cette découverte muséographique assure de cette façon l'hypothèse d'une liste royale officielle qui est sans doute la plus ancienne parmi les listes dont nous disposions jusqu'à présent pour cette période charnière de l'Ancien Empire. Elle permet également par déduction de compléter les trois cartouches manquants des trois dernières colonnes de la biographie de Ptahchepsès qui vécut alors exceptionnellement vieux pour son époque.

Les égyptologues pensent donc que Ptahchepsès acheva sa longue carrière sous le règne de Niouserrê ou un peu avant. Cette interprétation favorise également l'idée que la transition entre les deux dynasties s'est effectuée sans difficultés majeures, les institutions étatiques et religieuses assurant la continuité. Continuité parfaitement illustrée par la brillante et longue carrière de Ptahchepsès qui en tant que grand prêtre de Memphis et parent de la famille royale éclaire quelque peu cette période de transition et les liens qui unissaient ces deux dynasties avec le clergé memphite.

[modifier] Notes

  1. E. de Rougé, Recherches sur les monuments qu'on peut attribuer aux six premières dynasties de Manéthon, p. 65
  2. ibidem, p. 66
  3. ibidem, p. 70
  4. D'autres grands prêtres de Ptah sont attestés pour les règnes en question, cependant la charge semble avoir été dédoublée pour cette période de l'Ancien Empire ; voir l'article détaillé Grand prêtre de Ptah
  5. Cf. J.H. Breasted § 254-262, pp. 115-118 ; pour la version hiéroglyphique voir K.H. Sethe, § 32, p. 51
  6. P. F. Dorman

[modifier] Bibliographie

  • Kurt Heinrich Sethe, Urkunden des Alten Reich, vol. 1, J.C. Hinrichs'sche Burchhandlung, Leipzig, 1903 ;
  • Margaret Alice Murray, [pdf] Saqqara Mastabas, Part 1 - Egyptian research account - Tenth year 1904, Bernard Quaritch, London, 15, Piccadilly, W., 1905 [prés. en ligne] ;
  • James Henry Breasted, Ancient records of Egypt historical documents from earliest times to the persian conquest, collected edited and translated with commentary, vol. I The First to the Seventeenth Dynasties, The University of Chicago press, 1906 ;
  • Emmanuel de Rougé, Œuvres diverses, vol. 6, Paris, 1918 [prés. en ligne] ;
  • Michel Baud et Dominique Farout, Trois biographies d'Ancien Empire revisitées, BIFAO 101, Le Caire, 2001 ;
  • Peter Fitzgerald Dorman, The Biographical Inscription Of Ptahshepses From Saqqara : A Newly Identified Fragment, vol. n°88, Journal of Egyptian Archeology, London, 2002, p. 95.