Discuter:Presse écrite web en Belgique

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oublié l’essentiel

Le Commissaire européen au développement et à l’action humanitaire a effectué du jeudi 04 mai au vendredi 05 mai dernier une visite de travail au Togo pour, selon lui, « prendre contact avec toutes les parties impliquées dans le dialogue intertogolais ». Et avant même ces contacts, Louis Michel a déclaré à l’aéroport dès son arrivée que « des progrès ont été faits » et qu’il « croit qu’aujourd’hui la volonté est là, et il y a également un climat qui permet d’avancer ».

Après ce point de satisfecit béat, il a lâché le but réel de sa visite au Togo, celui-là qui consiste à œuvrer pour légitimer ce pouvoir en y greffant une assemblée mi-figue mi-raisin pouvant permettre la levée des sanctions. Oubliant le pansement des plaies des Togolais et la réconciliation des Togolais qui doivent être l’objectif visé, Louis Michel déclare que « ce qui est important, c’est que les acteurs politiques parviennent à un accord sur la date des élections législatives

Là-dessus, d’aucuns pensent que le Commissaire européen se trompe éperdument car le problème togolais n’est pas uniquement « électoraliste » pour être réglé par « la fixation d’une date pour les législatives » mais sa résolution devait passer par un travail de fond portant sur « la vérité et la réconciliation » des fils de ce pays. Et il ne s’agit pas de venir distribuer des notes de satisfecit à ceux qui ont pris ce pays en otage et le gèrent comme une épicerie pour voir les rancoeurs s’effacer.

Car en réalité, l’objectif caché est de parvenir, même si c’est sur le dos du peuple, à la reprise de la coopération avec l’Union européenne. C’est ce que Louis Michel lui-même disait quand il déclarait le vendredi dernier : « Le succès de ce dialogue ouvrira la voie à la signature du 9e Fonds européen de développement (FED) et l’utilisation du 10e FED. C’est la porte ouverte à un enjeu financier pour la population togolaise ». Il ne restait que les deux derniers mots de cette phrase pour que le masque tombe : « la reprise de la coopération avec le régime qui a massacré plus d’un milliers de ses contestataires pour s’implanter ».

Tout se passe comme si l’Union européenne a consulté l’opposition avant de prendre ses sanctions contre le Togo et attend que l’opposition donne son aval pour la levée desdites sanctions. C’est visiblement pour cela que cette question est inscrite à l’ordre du jour du dialogue. Si l’UE pense qu’elle a envie de lever les sanctions contre le Togo, qu’elle le fasse sans autres formes de procès sans importuner l’opposition.

Car le souci des Togolais, est de voir comment faire pour qu’un jour, les fils de ce pays soient ensemble oubliant les rancoeurs du passé. Et cela ne peut se faire dans le nid de l’impunité et dans le gîte de l’injustice. Le Togo peut se développer uni sans l’aide de l’extérieur mais échouera lamentablement désunie avec l’aide extérieure. Ce qui veut dire que l’objectif premier, « l’important » comme dirait l’autre, c’est « la réconciliation vraie entre les fils de ce pays ». En feignant de le reconnaître et en donnant priorité à « une élection législative » ayant pour but « la reprise de la coopération », Louis Michel a oublié l’essentiel. Cet essentiel qu’il a sacrifié sur l’autel des intérêts politiques inavoués.

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