Politique des auteurs

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La politique des auteurs est un mouvement théorique de la critique cinématographique initié par François Truffaut dans les pages des cahiers du cinéma en Février 1955 dans son article Ali Baba et la "Politique des Auteurs"[1].

[modifier] Définition

Dans l'acception générale, la politique des auteurs consisterait à donner au réalisateur le statut d'auteur, au dessus de tout autre intervenant. Mais cette politique est avant tout une posture critique. Les tenants de la politique des auteurs considèrent les films en regard de la filmographie de leur réalisateur plutôt que de prendre comme angle critique l'appartenance à un genre. Les auteuristes recherchent les récurrences et thématiques développées dans les différents films d'un réalisateur particulier. Cette posture a l'interêt d'assurer l'utilité du discours du critique qui est celui qui a vu les différents films de ces réalisateur et qui est chargé de détecter les récurrences entre les différents films[2]. Elle a aussi l'avantage d'assurer la cohérence du discours critique, ainsi, Truffaut écrira (sous le pseudonyme de Lachenay) « Nécessité de la politique des auteurs: André Bazin aime beaucoup Citizen Kane, les Amberson, un peu La Dame de Shanghai et Othello, guère Voyage au pays de la peur et Macbeth, pas du tout Le criminel. Sadoul aime assez Kane et les Amberson mais pas du tout Voyage au pays de la peur et Macbeth. Qui à raison? Malgré le respect que je porte à Cocteau, Bazin et Sadoul, je préfère me ranger à l'avis d'Astruc, Rivette et tutti quanti qui aiment sans distinction tous les films de Welles pour ce qu'ils sont des films de Welles »[3]

[modifier] Histoire du concept

Dans les années 1950, en France, deux magazines de cinéma s'affrontent, Les cahiers du cinéma, emmenés par Truffaut, Rohmer, Godard et Rivette, et Positif emmené par Bernard Chardère et Ado Kyrou. Positif accuse les cahiers de pratiquer l'éclectisme et de défendre des conceptions réactionnaires. Les cahiers sont alors poussés à définir une ligne éditoriale claire et à se défendre contre cette accusation d'éclectisme. Ils adoptent alors la politique des auteurs.

[modifier] Notes et références

  1. Histoire d'une revue, tome 1: à l'assaut du cinéma (1951-1959, p.153, Antoine De Baecque, (ISBN 2866421078)
  2. Laurent Jullier, Qu'est-ce qu'un bon film ?, p.181 (ISBN 2843030609)
  3. in cahiers du cinéma n°85, cité dans 'Histoire d'une revue, tome 1: à l'assaut du cinéma (1951-1959, p.151, Antoine De Baecque, (ISBN 2866421078)