Philippe Daudet

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Philippe Daudet (1909-1923), fils de l'écrivain, journaliste et militant royaliste français Léon Daudet. Il est mort à l'âge de 14 ans dans des circonstances mystérieuses (suicide? assassinat?). Sa mort suscita de vives polémiques entre l'Action française et les anarchistes, la police et le gouvernement républicain (Troisième République).

Sommaire

[modifier] L'Affaire Philippe Daudet

Jeune fugueur, Philippe Daudet se présente sous un faux nom à Georges Vidal, l’administrateur du Libertaire (quotidien anarchiste) le 22 novembre 1923. Il lui confie sa sympathie pour l'anarchisme et lui fait part de son intention de commettre un attentat contre Raymond Poincaré (président du Conseil), ou Alexandre Millerand (alors président de la République). Le lendemain, il reformule ses désirs d’assassinat politique à Le Flaouter libraire[1] anarchiste, pornographique et indicateur de police[2]. Ce dernier tente de l'en dissuader,lui demande de revenir dans l'après-midi et prévient le commissaire Colombo de la Sûreté Générale de ses intentions.

Le 24 novembre 1923, vers 16 heures, le taxi 7657 E dans lequel se trouve Philippe Daudet s’arrête brusquement sur le boulevard Magenta, à hauteur du 126, après avoir entendu un coup de feu. Le chauffeur constate que son client a été atteint d'une balle à la tête. Philippe Daudet décède deux heures plus tard à Lariboisière, anonymement. Son père, Léon Daudet, reconnaîtra le cadavre le surlendemain.

La Sûreté Générale conclura très vite à un suicide, mais Léon Daudet ne croit pas à cette thèse. Ayant été l’objet de différentes menaces, il croit plutôt à un complot anarchiste car il avait lui-même été la cible d'un attentat en février de la même année. En effet, la jeune anarchiste Germaine Berton prévoyait d'assassiner Léon Daudet, mais c'est son collègue de l’Action Française Marius Plateau (directeur des Camelots du roi) qui fut tué.

L'autopsie ne permit pas de tirer de conclusion défintive sur ce qui avait causé la mort du jeune Daudet. Cet événement déclencha la colère de Léon Daudet qui écrivit de nombreux articles dans L'Action française (quotidien) où il dénonçait violemment la Sûreté Générale, le chauffeur de taxi (nommé Bajot), le libraire Le Flaoutter (qui était aussi l'ancien amant de Germaine Berton) et même le gouvernement républicain. Ces attaques confuses lui causèrent des ennuis judiciaires.

Certains pensent qu'il aurait pu être tué lors de son interpellation par un agent de la Sureté.

Ainsi, Léon Daudet reçut une plainte en diffamation de la part du chauffeur de taxi Bajot, ce qui lui valut d'être condamné à 5000 francs d’amende et cinq mois de prison. Après une reddition spectaculaire, il est incarcéré à la Santé le 13 juin 1927. Grâce à l'intervention des Camelots du roi, il parvient à s'évader à la suite d'un faux coup de téléphone et s’enfuit en Belgique. Suite à cette évasion rocambolesque, la presse française ridiculisera le ministère de l’Intérieur et la Sûreté Générale. Daudet sera gracié par Daladier le 30 décembre 1929 et il rentrera en France.

[modifier] Meurtre ou suicide ?

Si l'affaire Philippe Daudet suscita d'autres procès, la mort du jeune homme ne sera jamais élucidée. Les autorités ont maintenu la thèse du suicide, mais la famille Daudet et l'Action française ont toujours maintenu qu'il s'agissait d'un meurtre à caractère politique ou d'un complot impliquant leurs adversaires anarchistes ou républicains. Les anarchistes s'étaient très tôt dissociés de l'affaire, prétextant n'avoir jamais été en contact avec Philippe Daudet avant la journée précédant sa mort.

Pour ce qui est du complot républicain, rien ne permet d'en accréditer la thèse, mais il est certain que Léon Daudet était dérangeant (il venait d'être député de Paris), il avait provoqué la démission de certains ministres par ses articles incendiaires et, en raison ses positions d'extrême droite, sa crédibilité pouvait aisément être mise en doute.

Ce fait divers donna lieu à de multiples publications, dont un ouvrage de Mme Marthe Daudet dédié à la mémoire de son fils.

[modifier] Références

  1. Sa boutique se trouvait 46, bd Beaumarchais à l’angle de la rue du Chemin-Vert
  2. Il aurait dit Mouchard, soit mais pas permanent

[modifier] Bibliographie

  • Henry Bordeaux, Procès politiques : Germaine Berton, Philippe Daudet, dans Écrits de Paris, no 199, 1961, p. 56-64.
  • René Breval, Philippe Daudet a bel et bien été assassiné, Paris, Éditions du Scorpion, 1959.
  • Marthe Daudet, La Vie et la mort de Philippe, Paris, Arthème Fayard et Cie, 1926.
  • René Durnerin, La vérité sur l'assassinat de Philippe Daudet. Sténographie de la plaidoirie de Me Durnerin à l'audience du 13 mai 1927 de la chambre criminelle de la Cour de cassation, Paris, Librairie de l'Action française, 1927.
  • Marcel Guitton et André Seguin, Du scandale au meurtre. La mort de Philippe Daudet, Paris, Les Cahiers de la Quinzaine, 1925.
  • Georges-Louis-Willem Larpent (colonel), L'affaire Philippe Daudet d'après le réquisitoire Scherdlin. Le procureur général au secours des assassins, Paris, Librairie de "L'Action française", 1925.
  • Louis Noguères, Le suicide de Philippe Daudet, plaidoirie prononcée les 12 et 13 novembre 1925 devant la Cour d'assises de la Seine, Paris, Librairie du travail, 1926.
  • Gabriel Oberson, Une cause célèbre : la mort de Philippe Daudet. État de la question à l'issue du procès Bajot, Fribourg, Imprimerie de L. Delaspre, 1926.
  • Maurice Privat, L'énigme Philippe Daudet, Paris-Neuilly, "Les Documents secrets", 1931.
  • Georges-Michel Thomas, Le Flaouter et l'affaire Daudet, dans Cahiers de l'Iroise, nouvelle série, 33e année, no 1, 1986, p. 56-57.
  • Léon Daudet."La police politique.Ses moyens et ses crimes".(Chapitre VI).Denoel et Steele.Paris.1934
  • Laurent Bourdelas, "Le Paris de Nestor Burma - L'Occupation et les Trente Glorieuses de Léo Malet", L'Harmattan, 2007, revient sur la vision de Malet sur cette affaire.