Philippe-Alexandre Le Brun de Charmettes

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Né à Bordeaux en 1785, fils de Philippe Antoine Amédée Lebrun dit Grand-Lebrun, Philippe-Alexandre Le Brun de Charmettes est un historien et administrateur, nommé au Conseil d’État en 1810 et préfet de la Haute-Saône en 1830.

Il collabore à l’Abeille littéraire, périodique consacré à l'histoire, la littérature et la poésie.

Précurseur des romantiques, il s'intéresse passionnément à l'histoire nationale. Son entreprise majeure sera la réhabilitation de Jeanne d'Arc à laquelle il s'attache en tant qu'historien (Histoire de Jeanne d'Arc , Paris, 1817, Artus Bertrand éditeur), mais aussi que poète (L'Orléanide, poème national en 28 chants, Paris, 1821, Artus Bertrand éditeur).

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Œuvres importantes :
Histoire de Jeanne d'Arc

(Paris, Ed. Artus Bertrand, 1817) Surnommée la Pucelle d'Orléans, tirée de ses propres déclarations, de cent quarante-quatre dépositions de témoins oculaires, et des manuscrits de la bibliothèque du Roi et de la Tour de Londres. (4 Tomes - Complet)

C’est sur le site de la Bibliothèque nationale de France en ligne que l’on trouve les critiques littéraires de 1818 sur la sortie de cet ouvrage charnière : Journal général de la littérature de France ou Répertoire méthodique 1818, pages 13, 49 et 79 : [(http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k92623m)]. Le premier volet de la page 13 est retranscrit ici, ainsi qu'un extrait de l'ouvrage de Philippe-Alexandre Le Brun de Charmettes.

Extrait de la revue littéraire : Journal général de la littérature de France ou Répertoire méthodique 1818 P.13 (Orthographe réformée).

Histoire de Jeanne d’Arc, surnommée la Pucelle d’Orléans, etc.

Article premier (deuxième extrait).

Dans un premier extrait (voir A1) nous avons exprimé, dans les propres expressions de l’auteur, l’indignation dont il a été pénétré, en considérant l’espèce d’indifférence des écrivains français sur les détails si intéressants que pouvaient offrir l’histoire d’une héroïne à laquelle on dût le salut de la France. Dans celui-ci nous allons rendre un compte rapide des recherches qu’il a faites pour exprimer en quelque sorte cette ingratitude. C’est dans une enquête faite à Vaucouleurs, petite et ancienne ville de France en Champagne, et dont dépendait le hameau de Domremi, où était née Jeanne d’Arc (*), que l’historien a recueilli des lumières sur ses premières années. Quant aux détails de sa vie héroïque, il les a puisés dans les interrogatoires qu’on lui fit subir lors de l’infâme procès qu’on lui intenta, dans ses réponses aux interrogatoires, dans les nombreuses dépositions qui eurent lieu dans le cours de ce procès ; dans la lettre de Jeanne d’Arc au régent et aux chefs de guerre qui faisaient le siège d’Orléans, et qui se trouve rapportée au procès de condamnation et dans la chronique de ce siège ; dans une autre lettre qu’elle écrivit au duc de Bourgogne, dont l’original existe encore, et qui, déposé avant la révolution dans les archives de la chambre des comptes, est maintenant dans celles de la préfecture ; enfin dans une réponse qu’elle fit le 22 aout 1427 à une lettre sans date du compte d’Armagnac. La lettre et la réponse sont rapportées dans le procès de condamnation. Ce sont là autant de pièces authentiques et originales que l’historien, ou a découverte, ou a soigneusement parcourues pour faire de leur contenu, en les soumettant à une judicieuse critique, la base de sa narration. Le seul ouvrage historique dont il ait eut pouvoir faire usage pour certains faits est l’histoire manuscrite de Jeanne d’Arc par Edmont Richer, le seul de ces historiens auxquels il accorde quelque mérite sous le rapport théologique seulement. C’est d’après l’immense travail auquel M. Lebrun des Charmettes s’est livré, qu’il a pris la plume avec confiance, et qui doit l’inspirer à ses lecteurs. Dans des articles subséquents nous détacherons quelques traits les plus remarquables er les plus intéressants de sa narration.

(*) L’histoire incline à croire que ce nom porté par Jacques, son père, lui venait de la petite ville d’arc en Barois, près de laquelle était situé Selonds où il avait reçu le jour, et qu’il avait adopté le nom de la ville près de laquelle il était né.

(A1) Extrait non disponible en ligne : Si l’héroïne dont je vais tracer l’histoire eût appartenu à la Grèce ou à l’Italie, les Xénophon, les Plutarque, les Tite-Live, auraient soigneusement recueilli toutes les circonstances de sa vie ; le ciseau des Phidias, le pinceau des Apelle, nous eussent, à l’envi, transmis l’image de ses traits ; une foule de monuments élevés à sa gloire se mêleraient, sur les rives de l’Égée, ou sur les bords du Tibre, à ces ruines éloquentes, qui, après tant de siècles, racontent à des peuples nouveaux les exploits de Miltiade et de Thémistocle, de Scipion et de Paul Emile. Jeanne d’Arc sauva la France : et le seul monument que lui ait élevé, aux portes d’Orléans, la reconnaissance tardive de son roi (1), fut renversé, sous le règne du dernier Valois, par la main, non des ennemis de la France, mais, qui le croirait ! par celle des français même, par des furieux, qui, dans leur fanatisme, oubliaient qu’ils avaient une patrie, et montraient par-là qu’ils n’étaient pas digne d’en avoir (2). Replacé peu de temps après sur sa base (3), relégué de nouveau, pendant trente années, loin des regards de la postérité (4), rétabli enfin au milieu d’une cité reconnaissante (5), ce monument a péri de nos jours (6), en proie à de nouvelles fureurs. Puisse celui qui lui succède (7) avoir une plus longue durée !

(1) En 1458. Le Maire, Histoire d’Orléans. (2) En 1567, les calvinistes abattirent à coup de canon le monument élevé sur le pont d’Orléans à la mémoire de la Pucelle. Ibid. (3) En 1570. Ibid. (4) En 1745. Essais historiques sur Orléans. Orléans, 1778, Pag. 108 et 109. (5) En 1771. Essais historiques, etc. (6) En 1793. Jeanne d’Arc, Recueil historique par M. Chaussard. (7) Elevé en 1805.

Jeanne d’Arc sauva la France : et les Français ne possèdent pas encore une seule histoire complète et régulière de cette héroïne. Certes on ne peut donner ce nom, ni à l’ouvrage de Jean Hordal, espèce de notice incomplète, écrite en latin ; ni à celui d’Edmont Richier, qui n’est pas sans mérite sous le rapport théologique, mais qui manque d’exactitude et de détail dans la partie historique ; ni à celui de Lenglet du Fresnoy, qui n’est qu’un pillage de l’ouvrage d’Edmont Richier, dont il parle cependant fort mal ; ni à l’immense travail que M. de l’Averdy fit insérer, en 1790, dans le tome III des Notices des manuscrits de la bibliothèque du Roi, et qui contient le dépouillement des manuscrits relatifs à la Pucelle : ouvrage savant et infiniment précieux, mais qui ne forme pas un corps d’histoire ; ni au recueil historique, publié, en 1806, par M. Chaussard, et qui n’est que le travail de M. de l’Averdy, copié mot à mot, mais tronqué en quelques endroits ; ni à ce grand nombre de compilations informes et de notices infidèles, plus propres à rebuter la curiosité qu’à la satisfaire, dont le même M. Chaussard a relevé la liste dans les catalogues imprimés des principales bibliothèques de France : relevé qui, pour le dire en passant, n’a pas même le mérite de la clarté et de l’exactitude , quoique l’auteur, en parlant de son travail, l’appelle pompeusement UN CERCLE IMMENSE DE RECHERCHES. Jeanne d’Arc sauva la France : et Corneille ni Racine n’ont embelli du charme de leurs vers le récit de ses exploits, tandis qu'un rimeur, dont le nom seul est une injure parmi les poètes, consumait les facultés d’une vie entière à gâter, avec les meilleurs intentions du monde, le plus beau sujet qui ait réclamé les accens de la moderne épopée. Au dix-huitième siècle, un homme célèbre, qui avait changé la république des lettres en une sorte de monarchie, dont il s’était constitué le chef, ne consacra dans un poème sérieux, qu’un vers et demi (1) à la gloire de cette héroïne, et, dans une composition qui est à la fois un tort de son cœur et une erreur de son esprit, en employa plus de vingt mille à la déshonorer....

(1) « ........ Et vous, brave amazone, la honte des Anglais, et le soutien du trône. » Henriade, chant VII.

Epitres politiques sur nos Extravagances

(Paris, Ed. P. Dentu, 1831) Epitre au Comte Ed. de V... sur le Libéralisme - Epitre aux libéraux sur leur manière de gouverner la France - Epitre à Mr. Montalivet sur la peur - Epitre à Mr de Chateaubriand sur sa dernière brochure. [(http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k28483x) (Bibliothèque nationale de France)]

L'ORLEANIDE, POEME NATIONAL EN VINGT-HUIT CHANTS

(Paris, Ed. Artus Bertrand, 1821) [(http://library.shu.edu/gallery/arc-Joan_of_Arc_Engraving.jpg) (Gravure Columbia University)]

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