Paul Thomas Anderson

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Paul Thomas Anderson
Paul Thomas Anderson au festival de Cannes en 2002
Paul Thomas Anderson au festival de Cannes en 2002

Nom Paul Thomas Anderson
Surnom PTA
Naissance 26 juin 1970
États-Unis Studio City Californie (États-Unis)
Nationalité États-Unis Américaine
Profession(s) Réalisateur
Scénariste
Producteur
Films notables Boogie Nights
Magnolia
Punch-Drunk Love.
There Will Be Blood
Conjoint(e) Maya Rudolph
Site internet http://www.cigarettesandredvines.com/
Récompense(s) Ours d'or au Festival de Berlin
Prix de la mise en scène au Festival de Cannes
Fiche IMDb

Paul Thomas Anderson est un scénariste, réalisateur et producteur américain, né le 26 juin 1970 en Californie (États-Unis).

Sommaire

[modifier] Biographie

[modifier] Son Enfance

Fils d'un doubleur travaillant à Hollywood, Paul Thomas Anderson est un enfant turbulent d'une fratrie de sept : trois soeurs ainsi que cinq demi-frères et soeurs. Il est le seul d'entre eux à avoir poursuivi dans le show-business. Il a fréquenté Buckley school (dont il sera exclu de son école pour s'être bagarré et ses mauvaises notes), Campbell Hall (école pour les enfants difficiles), Cardinal Cushing à Boston (où il redoubla sa seconde, Montclair Clollege à Reseda (fin du secondaire) et Emerson University (pour 2 semestres à étudier l'anglais). Il décide très tôt de devenir cinéaste. Dès 18 ans, il réalise un premier essai, the Dirk Diggler story. Si ce court-métrage est un premier essai, il en reprendra l'histoire dans une partie d'un film suivant Boogie Nights (1997). Pour autant, il refuse le chemin prévu dans une école de cinéma (la pourtant reconnue New York University School) pour préférer apprendre directement sur le terrain : il quitte l'école de cinéma après 2 jours et investit les fonds des cours pour aller à Los Angeles.

[modifier] Ses débuts au cinéma

Il commence à la télévision comme assistant de production sur des téléfilms et des jeux télévisés (expérience qu'il utilisera pour Magnolia). C'est à cette époque qu'il tourne Cigarettes & Coffee, court-métrage avec Philip Baker Hall qui sera remarqué dans des festivals et en particulier à celui de Sundance 1993. Cette histoire de personnages qui se croisent dans un café préfigure le thème de la rencontre et le style choral qu'il affectionnera par la suite. Cigarettes & Coffee va lui permettre d'obtenir le financement pour mettre en route son premier vrai film Sydney. ce premier film fut présenté au festival de Cannes 1996.

[modifier] La reconnaissance

Fort de ce succès et avec des moyens plus importants (un budget de 15 M$), il reprend le script de son premier court-métrage pour Boogie Nights. On commence alors à comparer son cinéma à celui de Martin Scorcese et Robert Altman. Si les critiques sont parfois sévères (on évoque la prétention et le plagiat), d'autres au contraire relève la naissance d'un futur grand cinéaste.

Ce succès lui permet d'enchainer rapidement avec un film sur lequel il a un grand contrôle tant pour le casting, la durée du film et le montage. Un peu plus de deux ans après Boogie Nights, sort Magnolia en décembre 1999 pour concourir aux Oscars avec la confiance de son distributeur. Le film n'est pas retenu dans les favoris, mais glane 3 nominations (Scénario, second rôle pour Tom Cruise et musique) non converties, l'Ours d'Or au festival de Berlin 2000 et surtout la reconnaissance de la profession et des critiques.

Afin de garder le meilleur contrôle possible de ses films, il crée rapidement sa maison de production qu'il nomme "Ghoulardi" en hommage au personnage de série B d'horreur que son père créa pour un feuilleton de la télévision de Cleveland.

[modifier] Un auteur

En 2002, il change de registre une nouvelle fois abandonnant le ton amer et le film chorale pour la comédie romantique déjantée, avec Punch-drunk love, avec Adam Sandler et Emily Watson. Chacun salue l'originalité de son ton et les surprises de sa mise en scène qui sont couronnées par le prix de la mise en scène au festival de Cannes 2002. Mais le public ne suit pas totalement.

Il accroit son image d'éclectisme en décidant de se tourner, avec There Will Be Blood, vers un western moderne sur le pétrole. Il y consacre cinq ans de sa vie mais obtient en définitive un vrai succès public, des critiques excellentes et convergeantes ainsi que la reconnaissance de ses pairs (huit nominations aux Oscars - pour un Oscar du meilleur acteur - et une nomination par la Director Guild of America).

[modifier] Sa vie privée

Paul Thomas Anderson et la chanteuse Fiona Apple ont eu une relation pendant plusieurs années ; elle apparait à ce titre dans le making-of du DVD de Magnolia.

Depuis, il vit à Los Angeles avec l'une des membres de l'équipe du Saturday Night Live show, Maya Rudolph avec qui il a une fille

[modifier] Caractère

Paul Thomas Anderson fit preuve très tôt d'un caractère fort pour marquer son territoire. Ce trait de caractère de son enfance se retrouva dans son intransigance à prendre en compte les demandes des studios pour revoir le montage de ses deux premiers films. Il a la réputation d'être impétieux et égocentrique.

  • John Lyons, ancien directeur de casting devenu son producteur évoque que "les gens ne supportaient pas son manque d'humilité" [1].

Il démontre également une grande confiance en lui. Cette confiance en lui est antérieure às on premier film :

  • John Lyons dit de lui à propos de sa première rencontre lors de sa rencontre au Sundance festival en 1993 : "J'ai été très surpris de découvrir autant d'assurance chez un garçon de son âge, même pour un réalisateur. Il possédait un savoir-faire et une assurance à toute épreuve".
  • Michel Satter, directrice de la programmation du Sundance festival indique : "il est rare de rencontrer quelqu'un qui vous tape littéralement dans l'oeil, qui a cette petite étincelle, cette imagination débordante, une originalité folle et une assurance incroyable ...".[2].

Il n'hésite pas à se mettre en colère sur les tournages et peut prendre une attitude détestable lorsqu'il se concentre sur son travail de réalisation.

  • une collaboratrice sur le tournage de Boogie Nights précise "Il pouvait être très en colère, abusif, insultant copieusement tout le monde."[3].

[modifier] Les films

[modifier] Hard Eight

Il s'agit d'une adaptation du court-métrage Cigarettes & Coffee qu'il réalisa en 1993. C'est au festival de Sundance qu'il rencontra Robert Jones, un producteur anglais qui réunit les 3 M€ nécessaires au tournage. Il y eu un conflit important entre Paul Thomas Anderson qui insitait dans son film sur une méditation sur l'échéc et ses producteurs qui sqouhaitaient mettre l'accent sur le côté film noir. Le film fut rebaptisé Hard Eight sans l'accord du réalisateur. C'est sous ce titre et dans la version du réalisateur que le film fut présenté et rencontra un succès d'estime au festival de Cannes (section parallèle). Les producteurs décidèrent alors de garder la version de Paul Thomas Anderson.

Icône de détail Article détaillé : Sydney (film).

[modifier] Boogie nights

Boogie nights fait écho à un court-métrage que Paul thomas Anderson réalise à 17 ans : The Dirk Diggler Story, un documentaire fiction sur un acteur fictif de film X. filmé en vidéo, ce court-métrage est constitué de faux-interviews de personnages évoquant l'acteur. Le personnage de DIrk Diggler est directement inspiré de l'acteur John Holmes. Dirk Diggler est le pseudo que prend également le héros de Boogie nights. Il ne s'agit plus ici d'avoir le regard de plusieurs personnages pour avoir une idée kadéoloscopique d'un seul, mais de présenter plusieurs personnages pour donner une vision globale d'une communauté. Au-delà du monde qui y est présenté, c'est un film ambitieux dans le sens où il raconte à la fois une époque (1977/1984), un business et des destinées personnelles.

Le film sortit dans une version raccourcie de quelques 40 secondes pour obtenir un "restricted". Les producteurs souhaitaient une diminution plus nette de la durée de 2h36 qu'ils jugeaient pénalisante pour son exploitation. Cela ne géna pas finalement son accueil par le public et la critique qui aimèrent le film : il reçut quelques récompenses de premier plan (3 nominations aux Oscars et un prix du nouveau réalisateur par la Boston Society of Film Critics).

Icône de détail Article détaillé : Boogie Nights.

[modifier] Magnolia

L'impact de Boogie Nights fut tel que les producteurs de la New line achetèrent une option sur le nouveau script de paul thomas Anderson sans l'avoir lu. Pourtant le script de Boogie Nights les avait effrayés par son longueur ; celui de maglolia fut encore plus long (190 pages). Malgré les pression, il refusa de couper ("le script fait 190 pages. le film dure 3 heures. Et c'est le film que je veux faire" dira-t-il à son producteur[4]. le feu vert pour le film fut donner sous réserve que Tom cruise, pour qui un rôle fut spécialement écrit à sa demande, fasse partie du casting et que le film dure moins de trois heures. la première condition permis au film d'être monté facilement ; la deuxième condition ne fut pas respectée. Paul Thomas Anderson usa de son final cut pour encore une fois résister aux pressions. Il accepta finalement de réduire la durée à sa propre initiative après une présentation à un premier public (il n'y eu ni questionnaire, ni interview à l'issue de la projection conformément à ce que prévoyait le contrat du réalisateur). ce ne sera qu'en 2004 qu'il reconnu qu'il le trouvait trop long de 10 minutes[5]. .

Le titre évoque à la fois les pétalle de la fleure qui renvoie à l'enchevêtrement d'histoires et de personnages pour former un tout. c'est aussi le nom de la rue principale de San Fernando Valley, dans la banlieu de los Angeles, lieu du film et là où habitait alors le réalisateur.

Le film fait echo à sa propre vie : son père mourut d'un cancer l'année précédent le tournage comme le personnage joué par Franck Mackey (joué par Jason Robards).

La sortie fut planifiée en toute fin d'année dans une combinaison qui a été progressivement élargie afin de se positionner pour les nominations aux Oscars (le film y gagna deux prix : scénario et second rôle pour Tom cruise). Si le film fut très bien accueilli par les critiques (et au festival de berlin où il gagna l'Ours d'or), il fut néanmoins un échec en salle avec 22 M$ de recettes aux Etats-Unis. La promotion ne bénéficia pas à plein de la présence de Tom Cruise qui était protégé de la pression qui faisait suite à sa séparation d'avec Nicole Kidman.

Icône de détail Article détaillé : Magnolia (film).

[modifier] Punch-drunk love

Punch-drunk love est le troisième film de Paul Thomas Anderson. L'action se passe dans la vallée de San Francisco. Sa durée (97 minutes) est nettement plus courte que le reste de sa filmographie. Il s'agit d'une comédie sentimentale narrant la rencontre d'un petit entrepreneur célibataire, timide et complexé avec une jeune femme mystérieuse.

Pour une comédie sentimentale, Paul Thomas Anderson utilise un ton innovant quelque peu onirique tant dans le forme que le fond de certaines scènes. La musique de Jon Brion est en accord avec les images pour créer un patchwork d'image ui restranscrivent plus la vision subjecive du héros que les images réalistes des films précédents de son réalisateur. A titre d'illustration, on citera la scène du baiser dont est tirée l'affiche du film avec ses figurants en ombres chinoises ou les interludes de couleurs ou encore l'apparition inexpliquée d'un harmonium.

A l'inverse, la manie du personnage à collectionner les bons de réduction s'inspire d'un fait réel relaté par le Time magazine (un ingénieur civil de Californie a acheté 12 150 produits pour une valeur totale de 3 000 $ lui permettant d'acquérir ainsi 1 250 000 miles sur une compagnie aérienne). De même, les sept soeurs du héros sont inspirées de sa propre famille : il a 4 soeurs.

A la sortie, les critiques ont rapproché le côté lunaire et décalé du héros au personnage de M. Hulot de Jacques Tati. Cela peut étonner dans une filmographie au contraire constituée de personnages réalistes et noirs. Dans ce film, on retrouve ce type de personnage pourtant dans celui interprété par Philip Seymour Hoffman. Autre lien avec un film précédent du réalisateur, la chambre d'hôtel à Hawaï est la même que celle citée par le patron de Buck dans Boogie Nights.

La critique a été globalement favorable, notamment sur la mise en scène et le ton novateur pour ce type de film. Si la majorité a totalement adhéré (L'Express, Le point, Le figaro, Le monde ...), certains ont trouvé que le film avait du mal à maintenir l'intérêt sur la durée (Télérama, Libération, L'humanité) ou qu'il n'allait pas assez loin dans la folie (Les Inrockuptibles, Les cahiers du cinéma)[6].

Icône de détail Article détaillé : Punch-drunk love.

[modifier] There will be blood

Icône de détail Article détaillé : There will be blood.

[modifier] Style et thèmes

[modifier] Genre

Ses films chorales à multiples personnages et multiples intrigues (Boogie Nights et Magnolia) sont emblématiques du style qui l'a rendu célèbre. Son cinéma se caractérise pourtant par son approche de genre varié et de films qui se détachent nettement de cette image (There Will Be Blood, Sydney / Hard Eight).

[modifier] Style

Il démontre à partir de son deuxième film une capacité à offrir un ton innovant et une mise en scène inventive dont Punch-drunk love est une bonne illustration dans le genre pourtant codé du film romantique. Il aime notamment les plan-séquences (les trois premières minutes de Boogie Nights par exemple) et les travelling bas, même si There Will Be Blood porte moins cette marque. Il aime également à jouer avec les sons et la musique. Sa façon de filmer est caractéristique d'un style personnel : travellings filmés très bas, zooms lents, symbiose image et musique.

[modifier] Thèmes

Le thème de la relation familiale dans une famille (Magnolia, Punch-drunk love, There Will Be Blood) ou une communauté - qui représente une famille reconstituée - (Boogie Nights, Sydney / Hard Eight) est au centre de ses thématiques. Ainsi on retrouve dans ses films les difficultés de communications qu'il a eu avec son père (Magnolia) et surtout sa mère (Boogie Nights).

Attaché à cette valeur de la communauté, il aime tourner avec les mêmes comédiens. Les acteurs récurents de sa filmographie sont :

There Will Be Blood se caractérise par l'absence de tous ses acteurs à son casting. Le film évoque justement le destin d'un homme seul.


Il a également une attirance pour la description de la fatalité (à l'image du titre prophétique de There Will Be Blood) qui peut prendre une forme divine (Cf. les grenouilles à la fin de Magnolia qui font référence à l'exode [8:2]). On note également une récurrence des événements extraordinaires volontairement inexpliqués et des héros désorientés dans un monde cruel. Le prologue de Magnolia insiste sur l'existence de coïncidences étonnantes et réelles (inspiré d'un livre de Charles Fort, Fortean times)

[modifier] Les influences

[modifier] L'influence de Jonathan Demme

Quand on demande à Paul Thomas Anderson sa plus grande influence, il répond Jonathan Demme[7]. Il n'hésite pas non plus à le citer comme son réalisateur préféré[8].

Parmi les films qui ont inspiré Boogie Nights, il cite Melvin and Howard de Jonathan Demme. Il considère également que c'est notamment en voyant Le Silence des agneaux qu'il a saisi le type de gros plan qu'il affectionne[9]. On notera également qu'il a sollicité des acteurs comme Robert Ridgely et Jason Robards, habitués des castings de Jonathan Demme.

Jonathan Demme n'hésite pas à dire à l'inverse que Boogie Nights l'a influencé alors que son réalisateur indique l'avoir tourné en pensant au réalisateur du Silence des agneaux.

[modifier] L'influence de Robert Altman

P.T. Anderson et Robert Altman ont un univers commun et une sensibilité qu’eux-mêmes reconnaissent proches. Mais leur propos connaît des différences profondes. Paul Thomas Anderson (PTA) était, après seulement quatre films, déjà considéré comme l’un des plus talentueux réalisateurs américains, dépassant le stade des talents prometteurs. Le prix de la mise en scène gagné avec Punch-Drunk Love à Cannes en 2002, deux ans après un Ours d’or à Berlin pour Magnolia, confirmait ce nouveau statut. Le cinéma de P.T. Anderson a lui-même déjà influencé bon nombre de jeunes cinéastes doués (à commencer par Richard Kelly et son Donnie Darko). Il a aussi beaucoup impressionné Robert Altman qu'il a bien connu de 1998 à 2006.

Le respect entre les deux hommes est réel. P.T. Anderson, malgré un fort ego, revendique sa filiation avec Robert Altman (" Il n'y a pas moyen d'échapper à son influence. Il est l'une des meilleures choses qui soient arrivées au cinéma" - studio n°185 ; "A ce jour, je ne pense pas avoir encore digéré tout ce qu'il m'a appris" Ciné live 121 mars 2008). D’ailleurs, Magnolia est assurément à hommage à ses films polyphoniques : Nashville (1975), Un mariage (1978), The player (1992), Short cuts (1993) et Prêt-à-porter (1994). Boogie nights (1997) s’avère le M.A.S.H (1969) de P.T. Anderson, c’est-à-dire un regard ironique et cruel, 20 ans après, sur la nature humaine dans un environnement hostile (le ghetto du X des années 70 succédant à la guerre d’Indochine). Et Punch-Drunk Love reprend volontairement une chanson " He needs me " interprétée par Shelley Duvall dans Popeye (1980) de Robert Altman.

De son côté, Robert Altman affirmait en avril 2002 que les deux cinéastes américains qui lui semblaient les plus intéressants étaient Wes Anderson (La Famille Tenenbaum) et … Paul Thomas Anderson. La présence d’acteurs communs aux génériques de leurs films accentue la perception d’un univers très proche entre les deux auteurs : - Julianne Moore appartient à leurs deux univers (Cookies fortune et Short cuts pour l’un, Boogie nights et Magnolia pour l’autre) ; - Emily Watson a tourné Gosford park pendant le tournage de Punch-drunk love ; - Michael Murphy affiche dans sa filmographie Kansas city et Magnolia. - Philip Baker Hall fut un Nixon grotesque et pathétique dans Secret Honor(1984) et le présentateur vedette d'une émission de télévision dans Magnolia (1999).

En outre, si les deux hommes sont de deux générations très distinctes (Altman est né en 1925 dans le Missouri alors que P.T. Anderson est né à Los Angeles en 1970), ils partagent un goût commun pour un cinéma qui a quelque chose à dire sur le comportement humain. Chez eux, les héros n’ont pas grand chose d’héroïque (voire ce que deviennent les icônes : Buffalo Bill chez le grand Bob et Tom Cruise chez PTA). Mais le propos diffère significativement. Ainsi, autant Altman revendique haut et fort son regard féroce sur l’American way of life, autant PT Anderson est moins sévère ("Je suis sans doute stupide, mais je n’y ai jamais pensé consciemment … Au fond, cela reflète l'idée qu'il est difficile de vivre en Amérique si l'on a des opinions différentes. On peut s'y sentir très seul. Mais cela me plaît bien"). En effet, si l’auteur de M.A.S.H. s’intéresse aux mœurs de communautés pour les dénoncer, le réalisateur de Magnolia s’attarde sur les réactions individuelles, en particulier face à la solitude. Car bien qu'intégrés dans une communauté (la pègre dans Hard Eight, le milieu du cinéma pornographique dans Boogie nights, Los Angeles dans Magnolia et une famille nombreuse dans Punch-Drunk Love), les personnages de P.T. Anderson s’y sentent particulièrement seuls. Pour y remédier, P.T. Anderson propose des solutions, les meilleures (l’amour, la musique) comme les pires (le sexe, l’argent).

Contrairement au cinéma hollywoodien traditionnel, la famille n’est pas exposée comme une solution satisfaisante : la famille accroît encore davantage le sentiment de solitude. Face à ses sept sœurs et à leur mariage réussi, Barry Egan, le héros de Punch-drunk love, se sent isolé. De même, Magnolia est construit sur la difficulté de se construire seul par rapport à l’image du Père. Et déjà Hard Eight évoquait une relation paternelle sans avenir, qui se construisait entre le héros et un vieil escroc. Ironie, le troisième film de Wes Anderson, la famille Tennenbaum, est centré également autour d’une famille qui ne cesse d’imploser en réaction à l’attitude du père. Cette sensibilité différente est particulièrement perceptible dans une scène commune aux deux auteurs. Dans Short cuts et Punch-drunk love, une américaine occupée à des taches quotidiennes répond, à titre professionnel, à des hommes qui la sollicitent pour une communication de téléphone rose. Si la scène est franchement comique chez Altman (alors que le film est dramatique), les hommes qui appellent ne sont pas montrés et apparaissent comme des pervers. Au contraire, chez Anderson, bien qu’il s’agisse d’une comédie, on a une certaine compassion pour le héros qui appelle. Dans Docteur T et les femmes (2000), c’est au tour de Robert Altman de reprendre une idée de son jeune confrère. Le film s’achève par une pluie torrentielle qui tombe sur la Nouvelle Orléans, directement inspirée de la pluie de crapauds qui s'abattait sur Los Angeles à la fin de Magnolia, sorti un an plus tôt.

Ce rapprochement s'est concrétisé sur le dernier film de Robert Altman, The Last Show (2006), sur lequel Paul Thomas Anderson l'a secondé à la réalisation (en tant que "stand-by director", une obligation des assurances pour couvrir le film alors que Robert Altman était déjà malade)[10]. Un an après, sorti There Will Be Blood que Paul Thomas Anderson dédia à Robert Altman.

[modifier] Les autres influences

Son cinéma se caractérise non seulement par une grande maîtrise de la mise en scène, mais aussi par la diversité des genres abordés puisque, comme un Stanley Kubrick, il aime à changer d'univers et de genre pour y apporter une vision originale et personnelle. C'est ce qu'il fait notamment dans son approche de la comédie romantique dans Punch-Drunk Love ou pour le western dans There Will Be Blood entre autres.

Outre l'influence de Robert Altman et de Jonathan Demme, ses films sont influencés par la mise en scène de divers auteurs : Martin Scorsese dans Boogie Nights, Jacques Tati et Fred Astaire dans Punch-Drunk Love. Il cite lui-même François Truffaut (pour l'aspect biographique et son amour des acteurs) et Max Ophuls (pour les mouvements de caméra)[11]. Pour There Will Be Blood, Paul Thomas Anderson cite lui-même Le Trésor de la Sierra Madre (1948) de John Huston qu'il a regardé de nombreuses fois avant de tourner[12]. Daniel Day-Lewis, son acteur principal, évoque la tonalité de John Huston dans Chinatown qui l'a inspirée [13].

Network de Sydney Lumet est l'un de ses films préférés[14].

[modifier] Filmographie

[modifier] Court métrages

[modifier] Longs métrages

[modifier] Clips

[modifier] Succès au box-office

  • en France
Titre Date de sortie France Nb. entrées
Boogie Nights, 18 mars 1998 161 124
Magnolia, 1er mars 2000 333 292
Punch-Drunk Love. 22 janvier 2003 326 742
There Will Be Blood 27 février 2008 610 699


  • aux Etats-Unis
Titre Date de sortie US Recettes au BO US
Sydney / Hard Eight 28 février 1997 222 559 $
Boogie Nights 10 octobre 1999 26 400 640 $
Magnolia 17 décembre 1999 22 455 976 $
Punch-Drunk Love 11 octobre 2002 17 844 216 $
There Will Be Blood 26 décembre 2007 40 222 514 $

[modifier] Récompenses

Oscars:

  • 1997: Nomination Meilleur scénario original (Boogie Nights)
  • 1999: Nomination Meilleur scénario original (Magnolia)
  • 2007: Nomination Meilleur film (There Will Be Blood)
  • 2007: Nomination Meilleur réalisateur (There Will Be Blood)
  • 2007: Nomination Meilleur scénario adapté (There Will Be Blood)

Bafta:

  • 1997: Nomination Meilleur scénario original (Boogie Nights)
  • 2007: Nomination Meilleur film (There Will Be Blood)
  • 2007: Nomination Meilleur réalisateur (There Will Be Blood)
  • 2007: Nomination Meilleur scénario adapté (There Will Be Blood)

Berlinale:

  • 2000: Ours d'or (Magnolia)
  • 2008: Ours d'argent du Meilleur réalisateur (There Will Be Blood)

Festival de Cannes:

  • 2002: Prix de la mise en scène (Punch-Drunk Love)

Directors Guild of America:

  • 2007: Nomination Meilleur réalisateur (There Will Be Blood)

Writers Guild of America:

  • 1997: Nomination Meilleur scénario original (Boogie Nights)
  • 1999: Nomination Meilleur scénario original (Magnolia)
  • 2007: Nomination Meilleur scénario original (There Will Be Blood)

[modifier] Références

  1. Les six samourais de Sharon Waxman - Ed. Calmann-Levy (2007). Il est le plus jeune des six cinéastes phares repris dans l'ouvrage Les Six Samouraïs : Hollywood somnolait, ils l’ont réveillé ! de Sharon Waxman. Les autres réalisateurs cités, apparus dans les années 1990, sont Steven Soderbergh, Quentin Tarantino, Spike Jonze, David O'Russell et David Fincher. tous ces auteurs ne se sont pas formés dans des écoles de cinéma, mais en faisant des films . "En transgressant toutes les règles, ces réalisateurs ont ouvert la voie à un style de montage en phase avec la nouvelle génération nourrie aux jeux vidéo" indique Sharon Waxman dans son livre.
  2. Les six samourais de Sharon Wawman - Ed. Calmann-Levy (2007)
  3. Les six samourais de Sharon Wawman - Ed. Calmann-Levy (2007)
  4. Les six samourais de Sharon Wawman - Ed. Calmann-Levy (2007) - page 223
  5. Les six samourais de Sharon Wawman - Ed. Calmann-Levy (2007) - page 320
  6. | Extraits des critiques du films
  7. Storefront Demme - PAUL THOMAS ANDERSON
  8. Commentaire audio du DVD de Sydney / Hard Eight)
  9. Commentaire audio du DVD de Boogie Nights
  10. Le rôle de réalisateur de secours sur The Last Show (2006) de Robert Altman n'est pas crédité au générique, mais est symbolisé par un "Special thanks to ..." dans le générique de fin.
  11. Commentaire audio du DVD de Boogie Nights
  12. cigarettes and red vines » pta recommends
  13. Dans Studio n°243
  14. As Little as Possible: Dear Paul Thomas Anderson:

[modifier] Liens externes



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