Patois marnais

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Sommaire

[modifier] Histoire

En raison de la proximité de Paris et de l’entrée, très tôt, du comté de Champagne au sein de la Couronne de France (dès 1284, suite au mariage de Jeanne de Champagne à Philippe le Bel, Roy de France, et véritablement uni à la Couronne depuis 1361), la culture régionale demeure, dans la Marne (51), nettement moins marquée que dans certaines autres régions françaises.

Comme un peu partout en France, l'attachement aux traditions régionales s'est estompé depuis la Révolution Française jusqu'au siècle dernier, faisant place à un sentiment d'appartenance nationale.

Nos aïeux, paysans pour la plupart, ont cependant su conserver une partie du vocable pittoresque des campagnes de la Marne, et à l’heure où la mondialisation galopante tente d’assujettir la diversité culturelle que forment nos patois, nous dressons ci-dessous un relevé non exhaustif de plus de 300 entrées tirées du vocabulaire quotidien propre aux parlers en Champagne, plus particulièrement de la Marne.

N'oublions pas que notre belle langue française n’est qu’une convention dictionnairique, et que c’est l’incroyable diversité de ses parlers régionaux qui en fait la richesse.

Les termes qui suivent peuvent n’être chacun propres qu’à une région spécifique du département, voire ne s’étendre seulement qu’à quelques villages. Nombre de ces termes sont méconnus par beaucoup qui, oublient voire ignorent souvent l’existence de parlers régionaux en Champagne. Attention cependant aux fourvoiements, car beaucoup de termes employés passent pour du patois pour le simple fait de n’être pas dans le dictionnaire, et sont en réalité issus de l’argot ou du langage familier, n’étant donc pas typiquement marnais.

[modifier] Prononciation :

Selon les parisiens, l’accent marnais se caractériserait par un manque évident d’articulation. Il semble cependant important d’expliquer ce qu’il en est vraiment.

Tout d’abord, l’accent n’est réellement marqué que dans les profondes campagnes.

Beaucoup de voyelles « a » ou « o » se trouvent être fermées.

Notons que certains mots en « re- » deviennent « ra- » (voir lexique ci-dessous).

Aussi, il n’est pas rare d’entendre certaines consonnes sauter. Il arrive parfois qu’un « e » tourne au « é », comme par exemple dans « bénet ».

En outre, la conjugaison et la grammaire tiennent peu compte du dictionnaire académique. Ainsi, la prochaine fois qu’un Marnais vous dira « J’m’en vas pôs gilbauder ben loin. Je ri’inrait poul’ souper », évitez de lui citer cet adage inepte qui prétend que « quatre-vingt dix neuf moutons et un Champenois, ça fait cent bêtes » ; il se peut que nous soyons quelque peu… susceptibles.

[modifier] Lexique :

  • A

A pron. pers. Elle, en contraction orale. A r’ien’ra pô a‘an d’main = elle ne reviendra pas avant demain.

À prep. Utilisé dans le sens de de (Ex : le gars à Pierre-Paul-Jacques : le fils de…) même si considéré comme incorrect en « bon » Français.

À cabidot loc. À califourchon sur le dos à quelqu’un.

Accouples n.f. pl. Omoplates.

Accouver (s’) v.pron. Se mettre à couvillon, s’accroupir.

Accrampi v.tr Pris de crampes, engourdi.

À fait loc. Tout à fait, parfaitement. La porte est pas fermée à fait.

Affaire n.m. chose, truc. Quoi qu’c’est que c’t’affaire qui traîne là ?

Agobilles n.f. pl. Ensemble d’objets hétéroclite, bazar.

Aller voir loc. Prendre congé de qqn. Bon, ben, j’vas ‘ller voir.

Altropié n.m. Personne gauche, estropiée.

Août n.m. Se prononce quelquefois en deux syllabes : a-oû ou bien a-oût, comme dans aoûtat.

Après adv. Dans loc. Ex : mon paletot est accroché après le portemanteau : sur.

Arcandier, ou Aricandier, voire Arlan n.m. Feignant, bon à rien.

Aronde, ou Alondre n.f. Hirondelle.

Astheur loc. À cette heure, maintenant, à présent, aujourd’hui. C’est également utilisé dans d’autres campagnes francophones (Bretagne, Québec…) puisque venant de l’Ancien Français.

Attelée n.f. Demie journée de travail.

Atteler v.tr. Commencer le travail. On attelle à 7 heures. Antonyme : dételer.

Avec adv. Aussi. Dans la locution : je viens avec : je viens aussi.

Avoine n.f. Raclée (Eh, ouais : faut pas emmerder un champenois !).

Avoir v.tr. Notons que ce verbe est souvent employé à la place du verbe être. Ex : Il a v’nu hier. Quelquefois, la conjugaison de la 3ème personne se substitue à celle de la 1ère. Ex : J’a pas pris l’car, c’matin.

Avoiner v.tr. Nourrir les bêtes. Voir : rafourner.

  • B

Babener v.intr. Parler, cancaner.

Bacailler v.intr Parler, cancaner.

Bâche n.f Serpillière.

Bâcher v.tr. Passer la bâche.

Bacuter v.intr. Lambiner dans son ouvrage ou se complaire à des futilités.

Barayer v.tr. Passer et repasser inutilement plusieurs fois au même endroit.

Barou n.m., ou Barouette n.f. Brouette.

Barrer la porte loc. Fermer la porte à clef, cleyer.

Bassière n.f. Parcelle de terrain boisée, généralement en contrebas, le long d'une rivière

Becquer v.tr. Donner des coups de bec. Embrasser.

Bédaine n.f. Bedaine. Le e se prononce é.

Bénet n.m. Benet. Le e se prononce é.

Béquiller v.intr. Manger sans appétit ou faire son chaffrogneux.

Berdacler v.tr. Trifouiller (Ex : Veux-tu ben arrêter d’berdâcler après c’t’affaire là ?) N.-B. : insistez ben sul’ « âââ » svp.

Berdaclot n.m. Poussah.

Berlauder v.intr. Ne pas mener à terme un travail, travailler mal. Subst. : un berlaudeux.

Berlingot n.m Téléphone. C’te foutu berlingot fait r’in que d’dinguer.

Beuyer v.tr. guegner par la fenêtre.

Beuyotte, ou Boyotte n.f. Petite trappe pour laisser passer les poules en bas de la porte du poulailler.

Biau adj. et n.m. Beau.

Bidru adj. Rassasié, repu. Ch’us bidru : j’ai pu’ faim.

Bin interj. et adv. Bien.

Bilbatiaud n.m. Un grand bilbatiaud : une personne de grande taille, dégingandée.

Bilot n.m. Oie.

Blaude n.f. Blouse.

Bloblotter v.intr. Trembloter, avoir la bloblotte.

Bœu n.m. Brute dans ses mouvements. Poussez pas comme des bœus !

Botteler v.intr. Faire des bottes, en parlant de la neige (voir ci-dessous). Ça bottelle.

Bottes n.f. pl. Couches de neiges collées en hiver après les semelles des chaussures.

Bourlander (se) v.pron. S’empiffrer comme un goulafe. Se bourlander de gâteaux.

Bourouette, ou barouette n.f. Brouette.

Bourouetter, ou barouetter v.tr. Transporter dans une bourouette. Fig : charrier quelqu'un, lui raconter des histoires fausses.

Brailler v.intr. Gueuler.

Branque, ou Branquignolle n.m. Fou, débile, pinpin.

Brayette n.f. Braguette.

Bringueballer v.tr. Trimballer, charrier, porter qqch. voir Trinqueballer.

Brisaque n. Qui broye tout (surtout utilisé pour les enfants).

Broquigner v.tr. Grignoter.

Brousiner v.intr. Bruiner.

Broyer v.tr. Employé au sens large de casser, briser (et pas seulement réduire en poudre comme dit dans le dico). N.-B. : se conjugue selon le principe champenois : je brôye, tu brôyes, etc. comme tous les verbes en –yer (comme : essuyer, nettoyer, envoyer, etc. donnent : j’essuye, je nettoye, j’envoye, que je voye, qu’ils soyent…).

Buquer v.intr. Butter, cogner, taper du pied dans qqch. Voir : s’empierger.

Buson n.m. Barreau de chaise, d’échelle. S'applique également à une personne idiote, bornée.

  • C

Caberlot n.m. Tête, ciboulot.

Cafourniot n.m. Petite pièce noire, cagibi, débarras.

Cafut n.m. Objet en mauvais état, bon à jeter.

Cagnard n.m. Soleil. Travailler en plein cagnard.

Caillot n.m. Noix.

Callouche n. Personne qui louche.

Campé adj. Debout, dressé (personne ou objet). Etre campé comme deux ronds de flan au mitan d’la cour.

Canadien n.m. Herse, brise-mottes (en agriculture).

Caquiller v.intr. Caqueter.

Catin n.f. Poupard pour les enfants jouer, poupée de chiffon.

Chaffrogneux n.m. et adj. Difficile sur la nourriture qui fait du chichi.

Chanlatte n.f. Gouttière.

Chanteau n.m. Grosse tranche (de pain, par ex.).

Charculot n.m Dernier né d’une famille (le benjamin).

Chagriner (se) v.pron. Se couvrir (en parlant du ciel) avant la pluie. On va rentrer, v’la not’ temps qui s’chagrine.

Chansonner v.tr. Chantonner.

Chanter le coq (loc.) Se dit de la vaisselle qui se brise en fracas. ‘Tention, ça va chanter l’coq !

Châtre-bique n.m. Couteau.

Chaussonner v.intr. Traîner des pied, pattasser (avec des chaussons, bien entendu).

Chez-nous, chez-vous loc. Peut signifier chez moi, ou chez toi, même si la personne vit seule.

Chouiner v.intr. (pej.) Pleurer, couiner, se lamenter (mais je crois que ce mot se retrouve aussi dans d’autres campagnes françaises).

Claquot n.m. Fromage.

Clayon n.m. Portillon.

Cleyer v.tr. Fermer à clef. (ant. : décléyer). Voir aussi : Barrer la porte.

Cliffer ou clichter v.tr. Éclabousser.

C’minder v.tr. Commander. C’est qu’m’ême pôs to’ qui c’minde ici ?

Codinde n.m. (de coq-dinde) : sorte de dindon.

Coi (au) loc. À l’abri. Voir : égot.

Conconner v.tr. Se complaire à des futilités. Conconner trois fois rien.

Coucher v. Se coucher (S’employe chez nous sans le pronom réfléchi). J’vas coucher.

Coupiotter, ou Découpiotter v.tr. Faire des coupiottis.

Coupiottis, ou Découpiottis n.m pl. Petits morciaux de papier résultant d’un découpage.

Couvillon (à) loc. Accroupi. Se mettre à couvillon ou à couv’, quelquefois réduit au verbe s’accouver.

Crâler v.intr. Tousser gras.

Crâlon n.m. Crachat, mucosité, glaire, blanc d’œuf (même si des fois ça tire un peu p’us su’l vert ou su’l jaune : pour les coloriages, on appelle ça des crâlons de couleur), mollard, glaviot, expectoration de lipo-viscosité bronchique, graillon, désentartrage liquoreux, huile ed’ guernouille, écume ed’ craspouille (ça rime), graisse ed’ baveux, lubrifiant à gosier, etc. (je connais encore tout plein de synonymes métaphoriques tous plus pittoresques et plus poétiques les uns que les autres, mais je les garde pour écrire un bouquin…).

Craspou n. et adj. Sal, cradingue.

Craspouille adj. Sal, cradingue.

Crève n.f. Grippe, angine. Chopper la crève.

C’te adj. Ce, cet, cette.

Culottes n.f. pl. Pantalon.

Cultourniaud n.m. Culbute, roulade, chute à la renverse.

  • D

Déchaux (pieds) loc. Pieds nus, « nus-pieds nues-pattes ».

Déhoter v.tr. Désembourber. Spécial : se lever, sortir du lit.

Déjeuner n.m. Petit-déjeuner, repas du matin (comme dans l’ancien temps). Cette différence subsiste encore dans quelques campagnes françaises et francophones (Bretagne, Belgique, Québec…) mais tend de plus en plus à s’effacer avec l’influence néfaste et toujours montante du Francien (le parigot, à vrai dire) sur les autres dialectes. En fait, la coutume que connaissent astheur la plupart des français (petit-déjeuner le matin, déjeuner le midi puis dîner, et éventuellement souper le soir) vient de l’aristocratie parisienne. Dans nos campagne, nous avons toujours déjeuné le matin, dîné le midi, marandé à quatre heures puis enfin soupé el’ soir v’nu.

Déjeuner v.tr. Prendre le repas du matin.

Déjuquer v.tr. Déjucher, faire descendre qqch. Voir : juquer.

De rang ou d’à rang (loc) D’affilée.

Derne adj. Pris de vertiges (à cause de l’alcool ou de la chaleur, par ex.). Voir : éderner.

Déssocler v.tr. Casser, déglinguer.

Dételer v.tr. Quitter le travail. On détele à midi. Voir atteler.

Dévers n.m. Talus

Dîner n.m. Repas du midi (le déjeuner en Français).

Dîner v.intr. Prendre le repas du midi.

Dinguer v.intr. Faire le dingue, courir partout n’importe comment.

Diries n.f. pl. Ragots, racontars, contes des commères.

Drap, ou Drapeau, Drapiau n.m. Couche (pour bébés). Iron. : grand mouchoir.

  • E

Eclichtis n.m. Eclaboussure

Ed’ art. De, prononcé à la « d’chez-nous ».

Éderner v.tr. Rendre derne (voir ce mot).

Égot (à l’) loc. À l’abri, au coi.

Égotter (s’) v.pron. Se mettre à l’abri.

Ej’ pron. Pers. Je. El’ gars y m’dit : « Ej’m’en vas au jardin ».

El’ art. Le.

Empierger (s’) v.pron. Trébucher dans qqch.

Embistrouille n.f. Chose qui gêne, pose un problème. Ce problème lui-même.

Embistrouiller v.tr. Embêter, embarrasser, gêner.

En d’dans (loc.) A l’intérieur.

Enhoter v.tr. Embourber (Ant. : déhoter).

Ennuyant adj. ennuyeux (situation, personne, etc.).

Entrucher (s’) v.pron. S’étouffer en avalant qqch de travers.

Ésherber v.tr. Désherber.

Essuye n.f. Chiffon quelconque utilisé pour essuyer.

  • F

Fau n.m. Hêtre. Ex : Les faux de Verzy. Ce terme a également donné son nom à la commune de Faux-Fresnay, non loin de Fère-Champenoise.

Fergon n.m. Tissonier, fourgon.

Fergonner v.intr. Raviver le feu à l’aide d’un fergon.

Ferloques n. pl. Guénilles.

Filocher v.intr. Courir vite ou En parlant d’un tissu ou d’un habit, faire des filoches (c'est-à-dire des bouts de fils qui se sauvent).

Fouire n.f. Diarrhée, chiasse. Avoir la fouire ( beurk !).

Fourchetée n.f. Quantité prise d’une fourche. Eun’ fourch’tée d’foin.

Fraîchis n.m. Lieu où règne constamment la fraîcheur (rivière, sous bois, etc.).

Frais adj. Humide.

Freyon n.m. Irritation entre les cuisses suite à une marche, randonnée, etc.

Fu’ n.m. Feu. Attends deux s’condes, j’a queq’chose sul fu’.

  • G

Galer v.intr. Gratter le sol, en parlant d’une poule.

Galipe n.f. Terrain pierreux où ne croissent que les vignes. Mauvaise vigne.

Galoupiot n.m. Sobriquet d’affection ou de reproche donné à un gamin. N.B. : on trouve également « saloupiot ».

Galvauder v.intr. Traînasser. Mais n’a pas forcément le sens péjoratif du Français.

Galvaudeux n.m. Qui galvaude, traîneux d’rues.

Gars n.m. Fils. Le gars à Pierre-Paul-Jacques.

Gauchenot n.m. Personne gauche ; gamin.

Gauiller v.intr. patasser (voir ce mot) dans la boue, dans l’eau ; Touiller, mélanger d’une façon craspouille.

Gloye n.f. Flaque d’eau.

Glinguer v.tr. Émettre un bruit de ferraille. Les tôles glinguent au vent.

Glousse n.f. (du verbe glousser) Poule. Par extension : quelqu’un qui glousse tout le temps. Vas-tu t’taire, la glousse ?

Goblariot, ou Goblairiot n.m. touillis sale, gabegie.

Goblayer v.intr. Boire beaucoup. V.tr. faire un goblariot.

Gougnafier n.m. Personne sale, mal tenue qui travaille comme un sagouin.

Goulafe n.m. Goinfre.

Gouliner v.intr. Dégouliner.

Gadouille n.f. Boue.

Gailleux adj. Boueux.

Garguette n.f. Chaussure. Voir : targette.

Gâtouiller v.intr. S’emmêler les pinceaux, s’aberlificoter lorsque l’on cause ou dire des inepties comme un gâteux.

Gazette n.f. Personne toujours au courant de tout.

Gendresse n.f Belle-fille.

Goutte n.f. Eau de vie.

Goyer v.intr. voir gauiller.

Graveluche n..f. Terre granuleuse très calcaire typique de la Marne.

Gribouri adj. Chétif, faible.

Grigner v.intr. Grincer des dents. Montrer ses crocs comme un chien.

Gringuenaudes n.f. Plaques de terre ou de bouse séchée collées sur les flancs des vaches. Voir : maquelottes.

Gripette n.f. Petite pente raide.

Guénille n.f. Guenille. Le e se prononce é.

Guégner v.tr. Guigner.

Guégneux n.m. Qui guègne.

Guilbauder v.intr. Traîner, errer. Voir : galvauder.

Guinander v.intr. Flâner au lieu de travailler, bacuter.

Guinde n.f. (péj.) Vielle auto.

  • H

Hante n.f. Manche de faux.

Hart n.f. Baguette de noisetier.

Hayon n.m. Hangar.

Hocher v.tr. Secouer.

Hocler ou Hocloter v.tr. Secouer, remuer. Hocloter après queq’chose.

Houpe n.f. Cime d’un arbre.

Houyau n.m. Hoyau, houe.

Huche n.f. Porte. Hocler après la huche.

  • I

I’ pron. pers. Contraction orale de il ou ils. I’a pôs n‘nu = il n’est pas venu.

  • J

Jard n.m. Parc, jardin public.

Jubine n.f. Jument.

Juquer v.tr. Jucher (pour les poules, par ex). Voir : déjuquer.

J’vas ou J’m’en ‘as loc. Je vais.

  • L

Lavier, ou Lévier n.m. Évier.

Lucarniot n.m. Petite lucarne, fenêtre.

  • M

Machet, ou Meulon n.m. Tas de foin.

Machurer v.tr. Salir, noircir (au sens « propre »).

Mai n.m. Bouquet que l’on accroche au 1er mai.

Mais n.m. pl. Tradition qui consiste à, dans la nuit du 1er mai, emprunter quelques objets chez les villageois et de les mener sur la place communale où, au lendemain, chacun venait rechercher ses biens. Cette coutume tend cependant à disparaître à cause du nombre croissant de dégradations et de vols, et beaucoup de communes interdisent désormais les mais.

Maquelottes n.f. Voir : gringuenaudes.

Marander v.intr. Prendre le goûter (à quatre heures).

Marcellin n.m. Popotin.

Marcou n.m. Chat (mâle). À peut marcou les belles chattes, dit le proverbe.

Marie Toutouille, ou Marie Cochon n.f. Grosse bonne-femme sale, toutouille. Notez que le nom Marie est associé à de nombreux autres adjectifs.

Martoquer v.intr. toquer à coups de marteau.

Martoqueux n.m. (pej.) Bricoleux.

Matin adj. Tôt.

Mitaine n.f. Moufle ou gant utilisé pour sortir un plat chaud du four, contrairement à ce qu’affirme le dictionnaire du Français académique (c’est d’ailleurs curieux, mais l’on retrouve également cette particularité sémantique dans le joual, dialecte francophone du Québec ???).

Mitan (au) loc. Au milieu.

Monder v.tr. Nettoyer.

Morciau n.m. Morceau.

Mou adj. Humide.

Mouiller, ou Mouillasser v.intr. Pleuvoir. I’ mouille à siots : il pleut des cordes.

Mouiner v.intr. Émettre des petits cris (comme un chat qui miaule timidement) ou se plaindre (dans ce dernier cas, voir : chouiner).

Murge n.f. Cuite, blinde.

Murger n.m. Tas de pierres ramassées dans un champ.

  • N

Nervaillon n.m. Personne très excitée, nerveuse, paquet de nerfs.

Nicasser v.intr. Rire de façon niaise, ricaner. (N.-B. : il est 12h12, Mme Z !)

Nareux n.m. voir chaffrogneux.

Niflettes n.f. Petites tartelettes rondes garnies de flan que l’on mange vers la Toussaint. Spécialité culinaire Briarde (pis c’est ‘ach’ment bon ! ).

Niquedouille n.m. Sot, maladroit.

Niveler v.intr. Travailler mal et lentement, bacuter.

Noue n.f. Terrain marécageux

  • O

Ostrier (s’) v.pron. Se piquer après les orties.

-ouiller ou -otter Suffixes que l’on peut ajouter à certains mots pour en diminuer l’intensité. Ex : crachouiller, pluvotter, de la merdouille, etc.

Outils n.m. pl. Couverts.

Ouvrageux adj. Qui nécessite beaucoup de travail, d’efforts (comme écrire un dico du parler d’chez nous, par exemple…).

  • P

Paire (une paire d’heures) loc. Quelques temps.

Paletot n.m. Terme très courant utilisé à toutes les sauces pour désigner n’importe quel vêtement de par-dessus. Raboutonne bien ton paletot (Remarquez, c’est un mot parfaitement Français, beaucoup de gens ne le connaissaient pas…).

Parme n. Épi de blé.

Patasser v.tr. Piétiner et salir avec des chaussures sales.

Patate n.f. Toujours employé à la place de pomme de terre.

Pavé n.m. Allée, cour bétonnée, bitumée (pas forcément pavée).

Pecquet n.m. Verre (de goutte).

Peineux adj. Pénible (en parlant d’une personne).

Peut adj. Laid (un peu comme moi). Comme dans le proverbe : À peut marcou les belles chattes.

Piau n.f. Peau. Comme beaucoup de mots en –eau, devient –iau.

Pigousse n.f. Personne qui ne fait que bacailler, jacasser. Commère.

Pinpin n.m. Individu, charlot. Un drôle de pinpin.

Piquette n.f. Engourdissement des doigts par le froid, onglée. Avoir la piquette.

Pluvotter v.intr Bruiner. Voir : brousiner.

Poireau n.m. Gros grain de beauté, verrue (en particulier sur le visage).

Pondoir n.m. Arrière-train, cul.

Porte de bois (trouver) loc. Trouver porte close (comme ça, tu peux compter les clous de la porte, comme on dit…).

Pourpier n.m. Renoncule, bouton-d’or.

Pren’ra v.tr. Forme conjuguée de prendre, prononcé à la marnaise. Comme souvent, les mots sont coupé.

Punat adj. Pourri. Œufs punats.

  • Q

Qué’ pron. et adj. On peut le retrouver comme prononciation de « quel », mais aussi dans une interrogation. « Qué ? » = Hein ?.

Queq’ adj. et adv. Quelque. Queq’chose, queq’part, y’en a queq’z’un, etc.

Quoi que loc. Qu’est-ce que, chez les Anciens. Quoi qu’tu veux ? Quoi qu’c’est don’ que c’t’affaire là ? Quoi qu’c’est qu’y a ? Quoi qu’c’est qu’ça ?

  • R

Raboutonner v.tr. Reboutonner. Beaucoup de verbes Français en re- deviennent ra- chez nous.

Rachanger (se) v.pron. Remettre des habits propres.

Racoin n.m. Recoin obscur, difficile d’accès.

Rafourner v.tr. Donner à manger (aux animaux).

Ragrainer v.tr. Gratter le fond d’un plat pour récupérer les restes. Ragrainer ses rogatons.

Raguser v.tr. Aiguiser une lame (de faux, de couteau, etc.).

Ramoner (se) v.pron. Tomber, se casser la binette.

Ramoyer v.tr. Mettre en tas.

Rapapiller (se) v.pron. Ravaler sa salive. Se pourlécher.

Rasaveter v.tr. Faire vite et mal un travail.

Rataton n.m. pâté d’encre, écriture illisible, gribouillis ou griffonnage.

Ratatoner v.tr. Faire des ratatons, ratatiner.

Ratatoner (se) v. pron. (Se) ratatiner.

Rattoner v. trafiquer dans un coin, s’affairer.

Ratourner (se) v.pron. Se retourner.

Ratteler v.tr. Reprendre le travail (après le dîner au midi, par ex.). Voir : atteler.

Ravission (c’est) (loc.) Ça vaut pas un kopeck, ou bien c’est pas fréquentable.

Rebâcher v.tr. Rabâcher, répéter.

Rébecter v.intr. Rétorquer, répondre de façon insolente.

Rebiner v.tr. Fouiller en mettant le désordre (Ex : Cesse don’ de r’biner dans mes placards !).

Régueuler (se) v. pron. Crier. Un chien se régueulait.

Rendu part. passé. Arrivé. On est pas rendus !

R'passe ou R'lavasse n.f. Café passé une seconde fois (de l’eau sale, quoi), jus de chaussette.

Ressuyer v.intr. Incomplètement sec, en parlant du sol. Après l’avalasse, la terre avait pas ressuyé à fait.

Rétaler (se) v.pron. Tomber, se ramoner. ‘em’sus rétalé ‘in’ ‘a gadouille.

R'oyure (à la) loc. Au revoir. A la r’oyure (mais beaucoup moins employé aujourd’hui, ou alors sur le ton de la plaisanterie).

Rigoulot n.m. Petit ru par lequel s’écoulent les eaux, au milieu d’un chemin, par exemple.

Rin pron. indef. n. et adv. Rien.

Ri’inra v.intr. Forme conjugée de revenir, prononcé à la marnaise avec le « v » coupé. A ri’inra t’êt’ bin d’main.

En Rive de (loc.) Au sens large de : attenant à.

Rôdeux n.m. Individu louche, qui rôde.

Rogatons n.m. pl. Restants de nourriture. Ragraine don’ tes rogâââtons.

Rond (tout) loc. Avaler quelque chose tout rond : l’avaler d’un coup, d’une bouchée à manquer de s’entrucher.

Rousseau n.m. Quelqu'un qui a les cheveux roux.

  • S

Sacquée, ou Saquetée Contenu d’un sac. Une saqu’tée d’avoine.

Savart n.m. Jachère. Par extension : jardin mal tenu.

Schlague n.m. Trique.

Schlass n.m. Châtre-bique.

Siot n.m. Seau.

Siotée n.f. Contenu du siot.

Sinat n.m. Grenier à foin.

Sonrée n.f. Groupe (principalement d’enfant), troupeau.

Souper n.m. Repas du soir. (le dîner en Français) Voir : déjeuner et dîner.

Souper v.intr. Manger, le soir.

  • T

Tantôt n.m. Après-midi. Bientôt

Taque n.f. Plaque en fonte décorant le fond d’un foyer de cheminée.

Targette n.f. Chaussure. Voir : garguette. N.-B. : ce mot peut aussi avoir le même sens qu’en français.

Tartouiller v.tr. Barbouiller.

Tartouillon n.m. Quelqu'un qui tartouille, ou goblariot.

Tâtiner v.tr. Tâter, tripoter.

Tatouille n.f. Baffe.

Taugner v.tr. Donner des tatouilles, avoiner.

Tocu n.m. Sorte de petite sarbacane en sureau.

Topette n.f. Petite bouteille plate.

Toquer v.intr. Frapper à la porte, au carreau.

Tôt-fait n.m. Succulente recette traditionnelle champenoise, très simple, à base de pâte à crêpe cuite en gros morceau à la poêle (bourlandez- vous en chaud, pis c’cor’ meilleur ave’ des morciaux d’pommes ! ).

Touffant (faire) v.intr. Faire lourd (temps orageux).

Touillis n.m. Mélange (quand on touille).

Tousse n.f. Toux.

Toutouille n.f. Voir : Marie Toutouille. N.B. : provient probablement d’anciens parlers populaires françophones (ou argotiques) puisque l’on retrouverait ce terme au Québec sous la forme de « toutoune » ???

Trioler v.intr. Errer.

Tuter v.tr. Têter, suçer, un peu comme le bébé qui tute sa tutute comme une goulafe.

Tutute n.f. Téton en plastique que sucent les bébés (ça me paraît tout de même bizarre que ce mot ne soye pas dans le dico français : je ne suis pas convaincu de son origine purement marnaise…).

  • T

Veau n.m. Endroit mal labouré dans un champ.

Vêler v.intr. S’effondrer (en parlant d’un toit, d’un tas, d’un étagère, etc.).

Vélotter v.intr. Faire du vélo, parcourir en (ou : à) vélo. Mais c’est un mot un peu archaïque comme, je pense, on en construit partout ailleurs en France.

Viorner v.intr. Aller très vite.

V’là t’y pôs (loc.) Voilà que. Ah ! Nom de d’tchieu ! v’là t’y pôs qu’ça s’met à pluvotter.

Voyotte n.f. Petit passage étroit entre deux maisons.

  • Z

Zoubida n.f. Désordre, lieu mal tenu. Qué zoubida là-l’d’ans !

[modifier] Sources

Le vocabulaire de ce lexique a été relevé dans diverses communes du Sud-Ouest Marnais.

[modifier] Liens externes