Palden Gyatso

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Palden Gyatso (né 1933 à Panam, Tibet) est un moine bouddhiste qui est né au Tibet en 1933. Pendant l'invasion chinoise du Tibet il a été arrêté et il a passé 33 ans dans les prisons chinoises. Après sa libération en 1992 il est allé à Dharamsala, (en Inde du nord) en l'exil. Depuis il pratique sa religion de Bouddhiste comme un moine libre.

Sommaire

[modifier] Biographie

Après l’achèvement de l'invasion chinoise de l'intégralité du territoire tibétain en mars 1959, des milliers de Tibétains ont péri dans les camps de travaux forcés et les prisons disséminés dans tout le pays. Palden Gyatso, ancien prisonnier politique actuellement en exil, a passé 33 ans dans ces laogaï. (*)

Palden Gyatso est né à Panam dans le district de Gyangtsé (Tibet central). A l’âge de dix ans, il décide de devenir moine. Et à l’âge de seize ans, il quitte le monastère de Drépoung pour se rendre dans la capitale tibétaine, Lhassa.

Lors du soulèvement national du peuple tibétain du 10 mars 1959, Palden Gyatso rejoint un petit groupe de volontaires armés et lorsque le gouvernement du Tibet annonce aux moines de Drépoung qu’il faut se préparer à combattre, Palden Gyatso prend alors la tête d’une centaine d’hommes. Le soulèvement a été réprimé très rapidement par les forces chinoises, bien avant que les moines n’aient eu à intervenir.

Et Palden Gyatso est retourné dans son monastère. Il y retrouve son vieux maître, Rigzin Jampa, alors âgé de 72 ans. Tous deux décident de fuir les répressions chinoises. Fuir … Pour échapper aux répressions de plus en plus violentes. Fuir encore … De longues heures de marche, jour après jour. Palden Gyatso porte son vieux maître sur ses épaules. Fuir toujours … Pour ne pas abandonner son maître entre les mains des Chinois.

Lorsqu’ils atteignent Panam, le village natal de Palden Gyatso, le moine et son maître sont arrêtés. Torturé, battu avec des bâtons dont les extrémités sont couvertes de clous, Palden Gyatso est condamné à sept ans d’emprisonnement. C’est enchaîné, les mains dans le dos, qu’il passe alors les deux années suivantes. Malheureusement, son maître Rigzin Jampa n'a pas survécu à ces tortures d'autant plus que les Chinois l'ont pris pour un "espion indien" au solde de Nehru. En fait, le Vénérable Rigzin Jampa est d'origine indienne de la région himalayenne de Kinnaur, Himachal Pradesh, que les Tibétains appellent "Khounou", et il possédait dans sa pièce une photo prise avec le Premier ministre indien Nehru dans le cadre d'une conférence des bouddhistes des régions himalayennes.

En 1962, ne pouvant plus supporter les tortures et les conditions de détention dans la prison et surtout bien décidé à dévoiler au monde entier les exactions chinoises, il réussit à s’évader et à rejoindre la frontière avec six amis. Malheureusement, il est à nouveau fait prisonnier par des militaires qui reviennent du front. C’est alors la guerre frontalière entre la Chine et l’Inde. La guerre déclenchée par la Chine communiste, nouveau maître au Tibet contre l'Inde, soi-disant pour "rectifier la frontière entre les deux pays".

Reconduit à la prison du district de Panam, il est condamné à huit années supplémentaires d’emprisonnement. Battu des heures durant, on lui attache les mains dans le dos, et il est ainsi suspendu par les bras au plafond.

Ses compagnons, surtout les plus âgés, succombent souvent aux tortures, quand ce n’est pas d’épuisement. Les détenus sont obligés de travailler neuf heures par jour … à tirer les charrues à la place des bœufs.

Pendant la Révolution culturelle, la situation des prisonniers politiques au Tibet se durcit encore. Ils sont privés de tous leurs droits. Palden Gyatso est transféré à « Outridu Prison », aujourd’hui appelée « Sangyib Prison Administration », située à l’extérieur de Lhassa.

Il passe ses journées à casser des cailloux et le soir, il subit de longues séances d’endoctrinement qui le poussent à critiquer les valeurs traditionnelles tibétaines et à souiller les photographies du Dalaï-Lama. Ici, les condamnés à mort sont obligés de danser et de chanter devant les autres prisonniers avant d’être lâchement abattus.

Le jour de leur exécution, ils portent autour du cou de lourds blocs de bois gravés de caractères chinois. Après l’exécution, les autorités chinoises obligent les familles de la victime à rembourser les frais de cordons, balles, bois, etc … ayant servi à l’exécution de leur proche. Bref, la peine de mort facturée en bonne et due forme.

En 1975, Palden Gyatso est « libéré », mais il est retenu dans un camp de travail près de Lhassa, où les conditions de vie sont un peu meilleures que dans les prisons. Cependant, beaucoup de prisonniers préfèrent le suicide à la mort par épuisement.

Quelques années plus tard, Palden Gyatso est transféré dans une fabrique de tapis où il a appris sur le tas la fabrication des tapis traditionnels tibétains. Comme tous les prisonniers, il a été obligé de travailler gratuitement et fournir des tapis suivant le quota de production fixé par l'autorité du camp. Son assistant s’appelle Lobsang Wangchuk, un moine érudit et prisonnier politique très influent au Tibet qui succombera sous la torture en 1987.

Mais comment informer le monde extérieur ? Les deux hommes se mettent à écrire des pamphlets.

En 1979, ils signent de leur véritable nom un de leurs textes, et les affichent dans les rues principales de Lhassa. Une vive émotion s’empare de la population à Lhassa. Craignant le pire, les autorités chinoises se refusent à arrêter les deux hommes. Mais Palden Gyatso sait que ce n’est qu’une question de temps.

Un an plus tard, Lobsang Wangchuk est à nouveau arrêté. On ne le reverra jamais plus. Quant à Palden Gyatso, ses moindres faits et gestes sont épiés. Au risque de sa vie, le moine continue cependant à distribuer des pamphlets la nuit dans Lhassa.

Palden Gyatso est à nouveau arrêté et condamné à huit autres années d’emprisonnement pour ses activités « contre-révolutionnaires ».

Une nouvelle fois incarcéré à « Outridu Prison », il prend beaucoup de notes, réussit à les cacher de ses geôliers qui le suspectent pourtant de faire passer des informations à l’extérieur. Il résiste aux nombreuses tortures par électrochocs et bastonnades.

Cependant, ses informations ont réussi à atteindre Dharamsala en Inde où siège le gouvernement du Tibet en exil.

En 1990, transféré à la prison de Drapchi, appelée aussi Prison n° 1, il ne cesse d’être battu et de subir de nombreuses tortures avec électrochocs. Lorsqu’il reprend connaissance dans un bain de sang, de vomissures et d’urine, le moins s’aperçoit qu’il lui manque vingt-deux dents.

Peu avant sa libération en 1992, Palden Gyatso réussit à convaincre ses geôliers de lui vendre ses instruments de torture, des preuves essentielles qui lui permettent aujourd’hui de témoigner.

Libéré, Palden Gyatso rejoint la frontière népalaise, emportant avec lui les électrodes et les pièces officielles des sentences de ses trente-trois ans passés dans les prisons et camps de travail forcé.

Il sait que les Chinois possèdent sa photo, et c’est donc déguisé qu’il réussi à franchir la frontière, puis à rejoindre l’Inde.

Mais le moine tibétain n’a qu’un seul objectif : informer l’Occident de ce qui se passe au Tibet, dans les prisons et dans les camps de travail. La plupart de nos compatriotes, lecteurs et amis du Tibet, se souviendront de la force et de la vérité de Palden Gyatso qui a pu témoigner entre autres devant la Commission des droits de l’Homme à Genève en mars 1994 et devant le Parlement français en octobre 1995.

Depuis sa libération et son voyage en Occident, le drame de Palden Gyatso a frappé tous ceux qui l’ont écouté.

Aujourd’hui, Palden Gyatso vit à Dharamsala où siège l'administration tibétaine en exil, et continue de témoigner en Occident comme au sein de sa communauté en exil, les répressions chinoises au Tibet. Palden Gyatso s'était déjà rendu dans la plupart des pays occidentaux dont les USA, la France, le Royaume Uni, l'Allemagne, le Portugal,…….où ses témoignages ont bouleversé les médias et les audiences.

La maison d’édition britannique Harvill a proposé de publier l’autobiographie de Palden Gyatso en anglais. La rédaction de son autobiographie a été confiée à M. Tsering Shakya, historien et observateur politique tibétain travaillant à Londres.

La version française de celle-ci est sortie en octobre 1997 aux éditions Actes Sud avec pour titre Le Feu sous la neige. Une édition poche était également sortie en 2001.

Il convient de noter que l'autobiographie de Palden Gyatso est déjà sortie en huit langues européennes et également en langue chinoise.

(*) Le feu sous la neige, l’autobiographie de Palden Gyatso (éd. Actes Sud) rend hommage à ces hommes et ces femmes qui luttent quotidiennement pour la liberté. Il s'agit d'un ouvrage capital pour tous ceux qui souhaitent connaître les événements et la situation du Tibet juste après le soulèvement populaire de Lhassa du 10 mars 1959, le soulèvement auquel Palden Gyatso a pris part. Alexandre Soljenitsyne, après avoir lu cet ouvrage, a déclaré que le drame et les atrocités subies par le peuple tibétain dans ces années sombres, étaient bien plus graves que ceux des goulags soviétiques.

[modifier] Bibliographie

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens internes

[modifier] Liens externes

Autres langues