Otite

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Les otites sont des inflammations de peau ou de muqueuse situées au niveau de l'oreille. En fonction de la position et des caractéristiques de l'inflammation, l'otite va porter un nom plus spécifique.

Sommaire

[modifier] Les otites externes

Les otites externes sont des inflammations se produisant dans le conduit auditif externe, délimité par le tragus en dehors et le tympan en dedans. Elles se manifestent par des œdèmes des tissus du canal, une vive douleur à la mobilisation du pavillon et parfois un suintement : l'otorrhée (qui devra faire éliminer une otite moyenne aiguë ou chronique).

[modifier] Otite externe diffuse

Fréquente et bénigne chez l'adulte, elle consiste en une inflammation diffuse, d'origine bactérienne ou mycosique, du derme et de l'hypoderme du méat acoustique externe. Elle se traite par des soins locaux (hygiène et antibiotiques en gouttes auriculaires).

[modifier] Otite externe maligne

Bien plus grave, l'otite externe maligne survient essentiellement en cas de déficit immunitaire principalement chez le diabétique mal équilibré, âgé, après une petite plaie du conduit auditif (nettoyage agressif des oreilles, ablation d'un bouchon de cérumen). Il se développe une infection à Pseudomonas aeruginosa (ou bacille pyocyanique) initialement limitée aux tissus sous-cutanés, et s'étendant rapidement au cartilage, à l'os, puis aux méninges et au cerveau. Le pronostic est médiocre (la mortalité peut atteindre 20 %), le traitement repose sur une triple antibiothérapie intraveineuse et sur la correction du déséquilibre glycémique.

[modifier] Les otites moyennes

Les otites moyennes (otitis media) sont des inflammations de la muqueuse respiratoire qui tapisse la cavité tympanique. Elles sont subdivisées en trois catégories, les otites moyennes aiguës, les otites moyennes chroniques et les otites adhésives. On peut également préciser ces catégories, en ajoutant les otites chroniques suppurées et non suppurées.

Dans la plupart des cas, l'inflammation de la trompe d'Eustache constitue la première étape de l'otite moyenne.

[modifier] L'otite moyenne aiguë

C'est une inflammation aiguë de la muqueuse de l'oreille moyenne, d'origine microbienne (bactérienne ou virale). C'est une atteinte fréquente chez les jeunes enfants, dont la trompe d'Eustache est beaucoup plus courte que chez l'adulte, facilitant l'accès des germes depuis le rhinopharynx jusqu'à la cavité tympanique. Les symptômes couramment constatés sont une otalgie (oreille douloureuse), une irritabilité importante, des vomissements, une diarrhée ainsi que de la fièvre et une otorrhée. Le tympan peut se perforer de façon spontanée ce qui entraine une otorrhée. Après traitement de l'otite, la perforation du tympan tend à se fermer spontanément.

La guérison se fait de façon spontanée (85 % des cas), mais parfois un petit geste chirurgical, la paracentèse, et/ou l'utilisation d'antibiotiques peuvent être conseillés, la surinfection de ce type d'otite étant rapide.

[modifier] Epidémiologie de l'OMA

L’otite moyenne aiguë (OMA) est la pathologie la plus fréquente de l’enfant avant l’âge de 6 ans et surtout entre 6 mois et 2 ans[1].

Elle est aussi l’une des premières causes de prescription d’antibiotiques[2].

A 3 ans, plus de 80% des enfants ont déjà présenté au moins une otite moyenne aiguë, et la moitié d’entre eux trois ou plus[1].

L’otite moyenne aiguë, bilatérale dans 40% des cas, prédomine d’octobre à avril, tout comme l’incidence des infections des voies supérieures[1].

La guérison est spontanée dans la majorité des cas, 80% en moyenne, entre le 7e et le 14e jour[2].

[modifier] L'otite moyenne chronique

Il s'agit toujours d'une inflammation de la muqueuse qui tapisse la cavité tympanique, mais elle est installée depuis plus de trois mois. Ce genre d'otite a tendance à se répéter régulièrement, et le sujet atteint dresse un tableau pathologique donnant l'impression d'une continuité.
L'évolution de la pathologie vers une otite chronique passe nécessairement par une phase d'otite séro-muqueuse, à distinguer de l'otite moyenne aiguë par ses épanchements de mucus dans l'oreille moyenne. Il existe différentes manifestations de l'otite moyenne chronique :

  • l'otite muqueuse humide avec perforation tympanique ;
  • l'otite sèche séquellaire ;
  • la tympanosclérose ;
  • l'otite atélectasique ;
  • le cholestéatome.

[modifier] L'otite muqueuse humide avec perforation tympanique

Cette otite fait état d'une otorrhée passant à travers une perforation de la membrane du tympan, en plus des signes de l'inflammation de la muqueuse de l'oreille moyenne.

[modifier] L'otite sèche séquellaire

Stade le plus favorable parmi les otites chroniques non cholestéatomateuses. La surdité est légère, sans otorrhée ni otalgie. Le tympan apparait fragile, désépaissi, souvent perforé. Le traitement : chirurgical (myringoplastie ou greffe de tympan)

[modifier] La tympanosclérose

La tympanosclérose est une calcification de la membrane du tympan et/ ou des osselets.

[modifier] L'otite atélectasique

Le tympan subit une rétractation dans la cavité de l'oreille moyenne, moulant les osselets.

[modifier] Le cholestéatome

Le cholestéatome est la présence d'épithélium pavimenteux stratifié dans l'oreille moyenne (c'est-à-dire de peau). Cet épithélium désquame et se kératinise, et peut provoquer l'érosion voire la destruction des structures contenues dans et autour de l'oreille moyenne.

La forme la plus fréquente est le cholestéatome acquis par évolution terminale d'une otite chronique (poches de rétractions essentiellement). Une perforation tympanique acquise post traumatique ou post otitique peut également entrainer un cholestéatome par migration de l'épiderme du conduit par la perforation surtout si elle est au contact du sulcus (perforation dite marginale).

Un cholestéatome acquis iatrogène (c'est-à-dire, conséquence indésirable d'un traitement) est exceptionnel (après tympanoplastie, après pose d'aérateurs transtympaniques).

Un cholestéatome congénital (de naissance) est possible et apparait comme une masse blanchâtre derrière un tympan normal

[modifier] Les complications du cholestéatome

Les complications peuvent être :

  • Infectieuses (otorrhées purulentes, mastoïdite, labyrinthite, méningites, empyème et abcès du cerveau) ;
  • une surdité de transmission par érosion du tympan, érosion des osselets (enclume et étrier essentiellement) ;
  • une surdité de perception par atteinte du labyrinthe ;
  • des vertiges par fistule périlymphatique ou atteinte du labyrinthe ;
  • une paralysie faciale périphérique (la 2eme et 3eme portion du nerf facial (VII) étant particulièrement exposé).

Le traitement du cholestéatome est chirurgical et a pour but d'éradiquer tout le tissu cholestéatomateux et de reconstruire les lésions anatomiques et fonctionnelles. Les cavités de l'oreille moyenne et de la mastoïde sont complexes avec des angles morts qui rendent souvent la chirurgie difficile (chirurgie sous microscope). Il n'est pas rare d'opérer à plusieurs reprises un patient pour éliminer un cholestéatome résiduel. Il existe deux grandes techniques chirurgicales : les techniques fermées où le mur osseux du conduit autidif externe est conservé et les techniques ouvertes où ce mur est sacrifié (réservées aux formes récidivantes et/ou très importantes). Le terme d'ossiculoplastie est le fait de rétablir une continuité fonctionnelle entre le tympan et l'oreille interne (effet columellaire) pour remplacer le ou les osselets atteints.

[modifier] L'otite interne

Complication exceptionnelle des otites moyennes, l'otite interne se caractérise par l'apparition chez un malade souffrant d'otite moyenne de vertiges, acouphènes, surdité, ... par extension de l'infection vers le labyrinthe.

Voir Labyrinthite.

[modifier] Galerie

[modifier] Annexes

[modifier] Liens externes

wikt:

Voir « otite » sur le Wiktionnaire.

[modifier] Sources

[modifier] Références

  1. abc « L’otite moyenne aiguë Etiopathogénie et traitement », A. Minet, N. Deggouj, C. Gilain, M. Gersdodff ; Louvain Med. : S410-S417, 1998 - http://www.md.ucl.ac.be/loumed/CD/DATA/117/S410-417.PDF
  2. ab « Antibiothérapie par voie générale en pratique courante dans les infections respiratoires hautes de l’adulte et l’enfant » - Recommandations et argumentaire. Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé, octobre 2005. - http://agmed.sante.gouv.fr/pdf/5/rbp/irh_argu.pdf