Nian

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Lion de danse rituelle du Sud de la Chine, d'aspect similaire au Nianshou
Lion de danse rituelle du Sud de la Chine, d'aspect similaire au Nianshou

Dans le folklore chinois, Nianshou (chinois traditionnel : 年獸 ; chinois simplifié : 年兽 ; pinyin : nián shòu) ou Nian est un animal maléfique à tête de lion et corps de taureau qui aurait selon la tradition donné son nom à l’année (nián : an ; shòu : bête). Sa légende est liée aux coutumes du Nouvel An chinois. Il est représenté comme un lion des danses de lions, bien que ces derniers soient des animaux auspicieux.

Sommaire

[modifier] Légende

Dans les temps anciens, il existait un animal féroce qui, une fois par hiver, descendait des montagnes ou sortait des bois pour s’approcher des villages, dévorant bêtes et gens sur son passage. Il ne venait qu’à la nuit tombée et disparaissait au lever du jour. Les années passant, la population finit par connaitre ses points faibles et savoir prédire le soir de sa venue. La bête craignait la lumière, le bruit et la couleur rouge. La résistance fut bientôt au point. Chaque hiver, à l’approche du soir fatidique, les villageois accrochaient des chiffons rouges aux portes, barricadaient bêtes et gens à l’intérieur et, n’osant pas s’endormir, mangeaient en bavardant les nombreux plats qu’ils avaient préparés en prévision de la nuit de veille. Lorsqu’ils entendaient Nian rôder prés de leur maison, ils tapaient sur des casseroles pour le faire fuir. Ils passaient ainsi cette nuit sans dommage. Par la suite, le dieu stellaire Ziwei (紫微) décida de descendre sur terre pour enchainer Nian, qui cessa définitivement de troubler les humains. Ces coutumes sont répétées la nuit du réveillon à travers les pétards, les feux de bengale et autres feux d’artifice, ainsi que les caractères auspicieux tracés sur papier rouge et collés sur les portes.

[modifier] Origine

Aussi populaire que soit le mythe de Nian dans le monde chinois, sa date d’apparition et son origine géographique exacte restent inconnues. Il existe en chinois deux caractères signifiant « année ». Sùi (歲 / 岁) désigne à l’origine l’année astronomique, mesurée par la révolution de Jupiter dont elle représente 1/12 ; Taisui (太歲 / 太岁) est le dieu de Jupiter. En chinois moderne, sùi désigne les années d’âge, qui change traditionnellement le premier ou le septième jour du Nouvel An chinois, et non à la date de naissance.

Quant à nián (年), il signifie « année » dans tous les autres sens. Selon le Shuowen jiezi (說文解字) de Xu shen (許慎) (58-147), dictionnaire datant des Han, nián signifie « maturité des cultures » ; son sens s’est étendu à « récolte », événement typiquement annuel en Chine du Nord, puis à « année ». Nian ne serait donc pas à l’origine le nom d’un animal.

Deux thèmes de sa légende semblent cependant avoir été très tôt liés à la période du Nouvel An : la nuit de veille et la lutte contre les forces maléfiques attaquant les humains en cette période charnière qu’on appelle aussi niángūan (年關 / 年关), « sas » ou « épreuve » de l’année. Passer le réveillon, gùonián (過年 / 过年) se dit aussi aónián (熬年), de , « subir » ou « supporter en rongeant son frein », impliquant l’idée d’une épreuve.

La coutume du repas de réveillon, qui doit être pris très lentement jusque tard dans la nuit, appelée shǒusùi (守歲 / 守岁), « veiller l’année », existait déjà sous les Dynasties du Nord et du Sud, puisqu’elle est mentionnée dans la première moitié du VIe siècle par Song Lin (宋懍) dans Coutumes de Jing et Chu ( Jīng Chǔ shíjì 荊楚歲時記 / 荆楚时记 ) ; elle semble exprimer un souhait de longévité.

Quant à la lutte contre les forces maléfiques, on en trouve la première mention dans le Livre des Han (Ier siècle) qui décrit un rituel appelé núo (儺 / 傩) pratiqué à la cour aux environs du Nouvel An : de très jeunes gens costumés mimaient un combat avec des bêtes féroces qu’ils chassaient du palais.

[modifier] Voir aussi

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