Muance

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On parle de muance dans le cadre de la théorie des hexacordes et de la solmisation décrite par Guido d'Arezzo

[modifier] définition

Lorsqu'un chant dépasse la tessiture de l'hexacorde, il faut passer d'un hexacorde à un autre, par le moyen d'une muance (en latin mutatio). La théorie des muances a été décrite dans divers traités donnant des règles qui n'étaient pas toujours suivies en pratique. On ne doit pas pratiquer de muance quand cela n'est pas nécessaire, par exemple. L'endroit où l'on peut pratiquer la muance n'est pas forcément unique, mais le choix pratiqué par les exécutants peut dépendre aussi bien du phrasé pratiqué que du moment où l'on repositionne ses mains sur un clavier. Les endroits où il fallait pratiquer une muance étaient parfois écrits sur les partitions, avec des méthodes diverses (noircir la note, écrire le nom de la note dans l'ancien hexacorde en bas de la portée et le nom de la note dans le nouvel hexacorde en haut de la portée…) La pratique s'est fixée sur une mutation sur en montant et la en descendant, qui pouvait être écrite sur la portée.

Guilliaud, au XVIe siècle, énonce trois règles pour passer d'un hexacorde à l'autre :

  • on ne doit pas passer directement d'un hexacorde molle à un hexacorde durum
  • pour passer de l'hexacorde molle à l'hexacorde naturel, ou de l'hexacorde naturel au durum en montant, on doit chanter après fa ; pour passer de l'hexacorde naturel au molle, ou de l'hexacorde durum au naturel en montant, on doit chanter après sol
  • pour passer de l'hexacorde molle à l'hexacorde naturel, ou de l'hexacorde naturel au durum en descendant, on doit chanter la après fa ; pour passer de l'hexacorde durum au naturel, ou de l'hexacorde naturel au molle, on doit chanter la après mi.

On comprend que ces règles deviennent plus difficiles à mettre en œuvre encore si les voix ne suivent pas un chemin conjoint.

[modifier] B Fa super hexacordum

La règle "fa supra la", a été énoncée par Michael Praetorius vers 1614 : "una nota supra la semper est canendum fa" (une note au-dessus de la est toujours chantée fa) En effet, si la mélodie dépasse un hexacorde de seulement une note, celle-ci doit être chantée un demi-ton seulement au dessus du la, et être prononcée fa, pour éviter un triton entre le fa de l'hexacorde de départ et la note qui serait chantée un ton au-dessus du la. Cette règle enlève aux syllabes "mi-fa" l'exclusivité du demi-ton, puisque "fa-la" se chante également avec un demi-ton. fa devient la syllabe dont on descend par un demi-ton et mi celle dont on monte par un demi-ton.