Discussion Utilisateur:Megodenas/Wikipedia dans la presse 2005-2006

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Sommaire

[modifier] Le savoir académique, nécessaire ferment de l’intelligence collective ?

22 octobre 2006

Larry Sanger, fondateur de Wikipedia avec Jimmy Wales, a pris ses distances dès 2002, soit un an après le lancement, insatisfait des contenus de l’encyclopédie en ligne, en raison d’une infiltration de développements qui loin d’être fondés sur des savoirs, sont au mieux l’expression de points de vue d’amateurs, au pire un noyautage d’opinions militantes ou un pourrissement volontaire de sujets. Ces défauts n’entachent pas l’ensemble des articles (2 millions d’articles dans 229 langues, 1,4 millions en anglais, 300 000 en français), mais sont de nature à décrédibiliser l’encyclopédie. Il propose une autre formule, plus proche de l’Encyclopédie des Lumières (qu’il appelle « lieu de travail expérimental », expression qui traduit une conscience de la nécessité de mises à jour permanentes) : pour « former de bons citoyens globaux », il faut des rédacteurs aux compétences établies, qui s’identifient lors de leur contribution. Cette nouvelle encyclopédie en ligne s’appelleraCitizendium.com. Les contributions seront soumises à des éditeurs « experts » recrutés selon leur degré de compétence, sur la base des certifications usuelles (diplômes, etc.). Les rôles seront délimités : l’internaute contribue, l’éditeur expert vérifie, le « gendarme » exclut les semeurs de troubles.

Wikipedia a un grand succès (110 millions de visiteurs uniques en août dernier), plus de 100 millions de visiteurs régulièrement, chaque mois. Citizendium sera une copie évolutive de Wikipedia (« progressive fork »), qui pourra à son tour capturer des articles sur sa rivale. Cette rivalité fait ressortir deux conceptions de l’intelligence collective : soit on croit en la capacité du collectif à réguler, rectifier, enrichir, créer..., soit on considère que l’épanouissement de la pensée commune suppose, comme préalable, la maîtrise, par chacun, d’un minimum de connaissances et de compétences.


[modifier] Comment serait le monde s’il était organisé comme le Web ?

12 octobre 2006

Le fonctionnement du Web actuel, qui va de plus en plus vers une tendance collaborative, autogérée, communautaire et décentrée, fait réfléchir sur la question de savoir si ces principes sont applicables à la politique.

Imaginons qu’une communauté politique (Etat, ville...) soit organisée de la même manière que le Web. Les changements majeurs seraient les suivants.

[modifier] La communauté est choisie et non imposée de fait

Dans l’état actuel des choses, je ne choisis pas mon pays ni ma ville : ma communauté m’est imposée par ma naissance. Sur Internet, je choisis ma communauté en fonction de mes centres d’intérêt, et cette communauté est déterritorialisée. Ses membres sont localisés aux quatre coins du globe, et ne sont réunis que par des centres d’intérêt communs.

Une organisation politique sur ce mode signifierait l’absence de communauté terriroriale ayant force d’autorité, la communauté territoriale n’étant pas autre chose qu’un groupe comme un autre : celui des gens qui s’intéressent à tel espace géographique, comme d’autres s’intéressent aux poissons rouges ou aux ours polaires. Dans le monde réel, l’attachement au sol est d’ailleurs une valeur qui s’estompe, puisque le territoire n’est plus nécessaire à la survie. On passe progressivement d’une communauté territoriale à un ensemble de communautés d’intérêts. Je me sens plus proche de certaines personnes qui vivent loin de chez moi mais qui partagent mes centres d’intérêt que de mes plus proches voisins, avec lesquels je ne partage rien d’autre que l’ascenceur et le vide-ordures.

[modifier] Cela pose la question de l’autorité

Si l’autorité n’est plus liée au territoire, d’où vient-elle, et qui a une légitimité pour exercer le pouvoir ?

Revenons à Internet. Les règlementations qui émanent des Etats ne sont pas efficaces sur le Web. L’amendement 2257 aux Etats-Unis concernant l’activité des sites X a développé une migration massive des serveurs hébergeant ces sites vers l’Europe. L’interdiction française des casinos en ligne n’empêche pas non plus la présence de ces sites, en français et accessibles depuis la France. Les serveurs sont simplement relocalisés.

Alors, c’est la jungle ? A vrai dire, pas du tout. On ne fait pas n’importe quoi sur Internet. On est sanctionné par la communauté. Tout simplement parce que l’information circule. Par exemple, si je souhaite acheter un produit dans un magasin "en dur", il existe un risque que le produit soit défectueux, et que je sois victime d’une arnaque. D’où la nécessité de contrôles par des organismes comme la Répression des fraudes, émanant de l’Etat. Pourtant, j’éprouve un sentiment de sécurité plus fort lorsque j’achète sur Internet : en consultant des forums et des sites d’avis de consommateurs, j’accède à des centaines ou milliers de témoignages de clients. Je sais de quoi il retourne, et bien mieux qu’en consultant une hypothétique autorité de répression des fraudes. Les comportements néfastes sont aussi sanctionnées par les acteurs du réseau : les spammeurs par leurs hébergeurs, eux-mêmes ayant des comptes à rendre à plusieurs autres acteurs, qui eux-mêmes... etc. Il en va de même de l’escroquerie.

En réalité, l’autorité est communautaire et décentrée. Elle se limite à l’essentiel et n’impose pas de choix moraux ou idéologiques. Tous font partie de l’autorité. En témoignant sur un forum ou un blog d’une mauvaise expérience avec un commerçant, en signalant à un ISP les pratiques abusives d’un spammeur, je fais partie de l’autorité, comme des millions d’autres individus.

Et si je suis injuste, en pratiquant cette autorité ? Si le commerçant dénoncé était en réalité honnête, et que le spam signalé était pure invention ? Mon faux témoignage, noyé dans la masse des autres, sera analysé comme marginal, et considéré comme n’étant pas digne de confiance. L’autorité devient démocratique, comme sur e-bay où la confiance que l’on peut accorder à un vendeur est mesurée par les témoignages de ses clients, et non par des vérifications menées par un organisme d’Etat ayant le monopole du contrôle.

L’individu s’approprie collectivement l’autorité... Ce n’est pas une utopie, c’est la réalité, vécue quotidiennement par les internautes que nous sommes.

[modifier] Mais alors, qui est en charge de l’éducation, de la culture ?

Vous connaissez Wikipedia ? C’est une encyclopédie collaborative à laquelle chacun peut participer. Si un sujet vous intéresse, vous pouvez modifier les articles que vous souhaitez, et en écrire de nouveaux, en acceptant qu’ils soient modifiés par d’autres utilisateurs. Les modifications sont contrôlées collectivement par la communauté liée à tel ou tel thème, et le "vandalisme" (destruction d’un article ou modifications ayant pour but de nuire) est évité grâce à des procédures spécifiques. Au début, personne n’y croyait, et j’étais moi-même convaincu de l’échec des wikis, en termes de pertinence. Or, il faut constater que c’est un succès, puisque Wikipedia a été considérée par de nombreux experts comme équivalente aux encyclopédies "papier" sur de nombreux thèmes. La différence est la neutralité et la présence de tous les points de vue possibles sur un sujet, les utilisateurs peuvant apporter leur propre vision des faits ou des sujets. Des projets similaires liés à l’actualité existent, comme AgoraVox, où chacun peut soumettre sa perception des faits d’actualité. C’est autrement plus riche qu’un journal traditionnel, où souvent une seule opinion est exprimée.

Pourquoi parler de Wikipedia et d’AgoraVox ? Tout simplement pour montrer que l’individu n’a pas besoin d’une autorité centralisée pour avoir accès à la culture. Au contraire, il élargit son champ de vision en considérant les multiples opinions et traitements possibles d’un fait. Comparer le contenu d’un manuel scolaire moyen à celui d’un projet comme Wikipedia suffit pour le comprendre.

- Ok, je veux bien... mais l’autorité territoriale est quand même nécessaire ! Ne serait-ce que pour gérer les ordures ménagères...

Et pourquoi pas une communauté territoriale, plutôt qu’une autorité  ? Les communautés Internet se regroupent autour de centres d’intérêt, qui peuvent être le territoire. Ce qui n’implique pas que tous les habitants de tel territoire soient obligés de faire partie de telle communauté. Qui mieux que celui qui s’intéresse à un sujet est capable de le gérer ?

Il existe des forums, une blogosphère, des communautés sur différents supports, à propos de la ville de Lyon. Tous les internautes lyonnais n’en font pas partie, si le sujet ne les intéresse pas, ou qu’ils ne souhaitent pas s’y impliquer. Pourtant, il y a certainement des non-Lyonnais qui en font partie, pour la simple raison qu’ils éprouvent un intérêt pour cette ville.

Voilà pour la dissociation des mots autorité et territoriale. On préfèrera parler ici de communauté liée à un territoire (mais n’y habitant pas forcément et n’incluant pas tous ses habitants, mais ceux qui en font le choix).

Ensuite, vient la question de la gestion. Une communauté peut-elle gérer un territoire ?

A la question de savoir si une communauté peut gérer un projet, la réponse est clairement oui. Voir à ce propos les communautés liées aux distributions Linux ou au logiciels GNU, qui parviennent à des résultats qui surpassent en qualité ceux obtenus par les géants industriels du logiciel, grâce à un fonctionnement collaboratif : ce qui est fait par l’un est amélioré par l’autre, et les décisions sont prises de manière communautaire. Ce qui n’exclut d’ailleurs pas la concurrence : si mes orientations sont différentes, libre à moi de créer ou de rejoindre une autre communauté, ce qui explique la présence de différentes distributions de Linux, complémentaires et concurrentes à la fois.

L’organisation de type communautaire, qui parvient à créer des systèmes d’exploitation ou une encyclopédie surpassant en qualité les équivalents créés sur un mode d’organisation traditionnel, ne serait pas capable de gérer le ramassage des ordures ? Simple question. Et réponse évidente.

Il est aussi difficile de conclure un billet comme celui-ci que de manger un yaourt en faisant du ski...

Alors, si on changeait ?


[modifier] Selon "Nature", Wikipedia : aussi bonne que Britannica !

jeudi 15 décembre 2005

Si on mesure la nouveauté d’un phénomène à sa résonance médiatique, l’encyclopédie collaborative Wikipedia est alors une véritable innovation ! On parle actuellement d’elle de plus en plus souvent :

  • elle a été "barrée" en Chine (trop subversive ?) malgré les protestations de Reporters sans frontières
  • elle a subi les foudres de J. Seigenthaler dans l’affaire de sa "biographie" jugée diffamatoire
  • en conséquence, les règles de rédaction ont été modifiées pour augmenter la fiabilité du contenu
  • le malheureux coupable de l’affaire Seigenthaler (qui voulait juste faire une petite farce à un copain...) est devenu chômeur pour avoir bricolé cette biographie depuis le bureau !

Eh bien, Wikipedia reste sous le feu des projecteurs, mais cette fois pour le meilleur ! En effet, selon un article du très prestigieux magazine scientifique "Nature"(ici l’article complet), la qualité de Wikipedia est équivalente à celle de la très vénérable Encyclopaedia Britannica !

Cette assertion globale doit être, certes, un peu restreinte. En effet, les sections scientifiques sont meilleures - selon Nature - que les sections sur les humanités (littérature, art, etc.). Il est clair que les rédacteurs scientifiques sont, en cette fin 2005, sûrement déjà plus "accros" à Internet et à ses services communautaires que le reste de la population, car il fait nécessairement plus partie de leur vie professionnelle.

Cette étude de Nature est rigoureuse : 42 articles sur des thèmes importants, et traités par les 2 encyclopédies, ont été revus par un panel d’experts des sujets en question. Sur 8 erreurs sérieuses, 4 provenaient de chaque encyclopédie. Au total (incluant les erreurs mineures, y compris les coquilles typographiques), le score est de 162 (Wikipedia) à 123 (Britannica). C’est l’article sur Mendeleyev et sa classification atomique (pourtant un sujet scientifique...) qui est le plus mauvais chez Wikipedia, avec 19 erreurs (dont certaines de simple orthographe).

Pour J. Wales, le fondateur de Wikipedia, cette qualité du contenu est le résultat de l’action de la même "sagesse des foules" ("wisdom of crowds") que celle que C. Newmark, le père de Craigslist, veut utiliser pour son nouveau projet de "censure qualitative de l’actualité".

Le San Jose Mercury News annonce que (bien sûr !) Britannica va mener sa contre-expertise avec son propre panel. Il rapporte également que même si des managers de Britannica ont dans le passé critiqué Wikipedia pour sa qualité, le discours actuel est plus mesuré, et T. Panelas, le porte-parole de Britannica, lui reconnaît des vertus, comme la rapidité de création (elle m’avait fasciné dans ce billet lors des attentats de Londres !) et l’étendue des sujets traités (plus large que dans Britannica).

Pour compléter son étude, Nature a interrogé 1 000 de ses auteurs-experts d’articles : 70% connaissaient Wikipedia, et 17% l’utilisent sur une base hebdomadaire. Mais seulement 10% contribuent à des articles sur Wikipedia.

Conclusion : Si vous suivez les liens de cet article (même celui sur Britannica...), vous verrez tout de suite laquelle de ces 2 encyclopédies est utilisable dans un contexte de journalisme. La gratuité et la liberté d’accès compensent très largement les petits défauts comparativement à ceux (coûts et blocage des accès libres) d’une "institution" comme Britannica !

PS : Wikipedia s’est mise en action dès la parution de l’article de Nature :

  • transparence : un signe très clair en tête de l’article Mendeleev annonce qu’il contient des erreurs détectées par Nature.
  • rapidité : déjà 11 corrections apportées sur cet article (voir son historique de modifications ) pour le remettre à niveau !

[modifier] Wikipédia : l’ennemi à abattre ?

jeudi 15 décembre 2005

Depuis son lancement en 2001, l’encyclopédie collaborative en ligne Wikipédia n’a pas cessé de déchaîner les passions, et a suscité de nombreux débats au sujet de sa fiabilité. Aujourd’hui, une plainte générale (ClassAction) est déposée contre l’encyclopédie, en raison des défaillances et des erreurs dont elle regorgerait.

Pour certains, l’encyclopédie Wikipédia est plus qu’un simple projet. C’est une communauté. Une communauté vivante et dynamique d’internautes plus ou moins chevronnés, qui partagent leur savoir et leurs connaissances, le tout bénévolement.

Oeuvre d’amateurs, Wikipédia n’a certes peut-être pas la qualité ni la fiabilité d’une encyclopédie classique, mais elle a l’avantage de regrouper des informations en temps réel, qui permettent une réactivité instantanée.

Elle est fondée sur le concept de la collaboration et de la libre édition, donc tout un chacun peut librement modifier les articles sur lesquels il a des connaissances. Mais, chaque médaille ayant son revers, ce mode de fonctionnement a également ses limites, et a attiré les foudres de certaines personnes, malmenées par des articles les concernant, ces derniers ayant été modifiés la plupart du temps par des personnes mal intentionnées.

C’est ce souci de pertinence et de fiabilité qui a poussé certaines personnalités à lancer une action générale en justice, après qu’un employé d’une compagnie américaine, voulant faire un gag à l’un de ses collègues de bureau, eut modifié l’article concernant John Seigenthaler, un proche collaborateur de feu Robert Kennedy. Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’il vit que la biographie qui lui était consacrée le rendait complice des assassinats de John et Robert Kennedy !

L’individu n’ayant pas porté plainte pour ces propos diffamatoires, l’affaire aurait pu en rester là. Cependant, conscient que le système collaboratif est plein d’incertitudes et d’approximations, malgré d’évidentes qualités éditoriales, qui rendent son contenu sinon d’une fiabilité à toute épreuve, du moins d’une très grande richesse, il était tentant pour les personnes que le concept dérange, d’intenter une action en justice pour divers motifs. En effet, il est aisé de trouver, çà et là, des erreurs, qui, si on tire du côté du vocabulaire juridique, peuvent parfois s’apparenter à de la diffamation...

Au-delà du simple appât du gain qui motive en premier lieu cette démarche, on peut percevoir une action plus globale de fond, contre les nouveaux vecteurs de l’information et de la culture que sont ces plates-formes multimédias, comme Wikipédia ou Agoravox.

Ces nouveaux moyens de communication dérangent les médias classiques, qui perdent ainsi leur monopole, et par extension, leur raison d’être.

Personne ne sait encore si cette plainte va finalement aboutir, et surtout si elle débouchera sur l’objectif discret de cette action, à savoir, au bas mot, forcer la réforme de la fondation qui fait fonctionner Wikipédia ; ou, si l’on pousse plus loin, la fermeture pure et simple du site.

En attendant, on peut toujours se cultiver et, pourquoi pas, corriger les erreurs qu’on peut rattraper, un petit geste qui pourrait éviter de telles affaires. (http://fr.wikipedia.org)

Wikipedia : épilogue de l’affaire Seigenthaler par Didier Durand, le 12 décembre 2005

L’affaire Seigenthaler sur Wikipedia (aussi évoquée sur Agoravox) aura finalement fait grand bruit : elle a d’abord conduit à un changement de règles pour la rédaction des articles, et elle a même conduit à une démission (celle de l’auteur du "canular").

En effet, l’auteur de la biographie douteuse de J. Seigenthaler a été "démasqué" : le New York Times dévoile que Brian Chase, un habitant de Nashville de 38 ans, est le coupable. Ses écrits douteux étaient la base d’une "blague" pour un collègue de travail qui connaît la famille de J. Seigenthaler.

B. Chase s’est lui-même dénoncé comme coupable à J. Seigenthaler quand il est devenu inquiet sur les conséquences potentielles de son geste, et quand il a vu que la nasse se refermait. En effet, D. Brandt, un activiste du respect de la sphère privée sur Internet, a utilisé les informations de mise à jour des changements dans Wikipedia pour retrouver l’ordinateur à partir duquel la modification de la bio. de Seigenthaler avait été faite. Il appartient à la société dans laquelle travaillait B. Chase (qui a démissionné vendredi), qui l’a utilisé pour faire son changement.

J. Seigenthaler, finalement grand seigneur, a annoncé qu’il n’emmènerait pas B. Chase en justice, et a demandé à son (ex-)patron de le réembaucher.

PS  : ce qui devait se produire avec Wikipedia est arrivé :

  • B. Chase a maintenant une page sur Wikipedia, qui lui est dédiée en tant qu’auteur de canular
  • L’affaire Seigenthaler-Chase a aussi sa page Wikipedia

Deux articles de plus sur l’encyclopédie : donc, finalement, tout est bien qui finit bien pour Wikipedia ?

[modifier] Et l'idéologie wikipédienne dans tout ça ?

Avec quelques centaines de milliers d'articles parmi lesquels certains font aujourd'hui référence, WP se doit de préserver son image et je suis prêt à parier que les règles vont changer si nous voulons sauvegarder WP. En effet, je contribue modestement aux votes des Pages à Supprimer et ce que je constate, c'est que WP attire les trolls comme une épidémie. J'admire la "sainte-patience" des administrateurs obligés de passer leur temps à supprimer des pages de pub, des pages de conneries, révoquer des vandalismes.

Alors, vérifier si les liens vers lesquels pointent nos articles sont "propres", c'est un surcroît de travail qui, forcément, vue la quantité impressionnante d'articles, sera ingérable.

Déjà j'ai l'impression que la marée envahissante d'articles bons à supprimer est en train de devenir ingérable : plus on en élimine, plus il y en a. Et je crois que c'est la conséquence d'un succès que WP n'avait peut-être pas prévu.

WP est connu, pratiquement en tête de toutes les recherches Google, « mirorisé » sur plein de sites. La multiplication des articles WP par miroir ou repompe décuple le succès et la présence de WP sur la toile.

[modifier] Conséquence ?

Tout le monde, toutes les entreprises, tous les invisibles, tous les atteints-du-complexe-d'infériorité veulent se tailler une part du succès, veulent un petit espace dans le "champ de la visibilité". « Moi aussi je veux "mon" article sur WP ». Et il suffit de passer une heure sur WP:PàS pour se rendre compte que la majorité des pages à supprimer n'ont absolument aucune valeur encyclopédique. C'est soit de la pub, soit de l'autoglorification, soit des délires.

Au début, quand je me suis intéressé à participer aux votes des PàS, c’était pour donner un avis sur 5 ou 6 pages par jour, maximum une dizaine. Actuellement ça devient pénible et chronophage, car pour voter il faut vérifier, réfléchir, évaluer. Or dimanche il y avait 37 pages en PàS, hier 29. Bref, ça devient pénible de protéger WP contre les invasions de parasites.

[modifier] Liens externes ? Que faire ?

J’ai une opinion précise sur la question, elle se reflète dans tous les articles que j’ai créé. J’estime que WP a atteint un niveau de maturité suffisant pour n’avoir pas à systématiquement s’appuyer sur des liens externes pour justifier sa crédibilité. Je suis conscient que pour certains domaines délicats (recherche, science, technique de pointe, archéologie, histoire), c’est mieux d’avoir des sources. Néanmoins tout un chacun est capable d’aller tou seul vérifier non seulement sur Google mais aussi et surtout dans les bibliothèques (car fort heureusement, on ne trouve pas tout sur internet).

Bref, ce que je veux dire c’est qu’un bon article doit être suffisamment bien construit pour n’avoir pas besoin de pointer sur des liens externes. Il peut, comme je choisis souvent de le faire, plutôt se référer à une bibliographie papier, ou bien wikisource.

Mon idéal, je sais que c’est une utopie, mais on peut en défendre le principe pour éviter les dérives, c’est que les articles de WP ne devraient jamais pointer sur des sites externes ! (sauf si c'est absolument nécessaire)

[modifier] Pourquoi ?

  1. Parce que l'expérience montre qu'en dehors des sites officiels (sites de ministères, sites d'universités) le contenu du web est extrêmement volatil. Même des sites au demeurant intéressant disparaissent du jour au lendemain sans laisser de traces (lien mort).
  2. Parce que le web étant une immense poubelle, on y trouve aussi bien la confirmation d'un propos que le propos contraire.
  3. Parce que le web n'est pas une source fiable (sauf sites officiels) étant donné que n'importe qui peut créer autant de sites hébergés gratuitement et s'inventer une notoriété, voire même inventer une personnalité virtuelle, fictive. Et une fois que la machine à dupliquer a fait son office (notamment le robot d'indexation de Google) voilà une notoriété artificielle qui sort comme un lapin du chapeau de prestidigitateur.

[modifier] En outre

J'ai remarqué que la plupart des mauvais articles ne savent pas se sourcer autrement qu'en pointant sur des sites perso. (un site perso n'est pas une preuve de notoriété puisqu'on peut s'en créer autant qu'on veut) : se méfier de l'argument « J'ai un site, donc j'existe »…

[modifier] Je propose donc

  • De créer une commission pour évaluer la pertinence des liens externes
  • D'interdire les liens externes vers des sites perso, sauf s'il est strictement démontré que le site en question présente un intérêt documentaire essentiel pour la qualité de l'article.

Notamment :

  • interdire les liens vers les sites perso biographiques de personnes vivantes (lorsque ladite personne est le sujet de l'article), puisque ce seront forcément des sites non-neutres, non objectifs et fondamentalement autopromo.
  • N'autoriser les exceptions qu'après consultation de la commission.
  • Privilégier la bibliographie à la "webographie"