Luc de Heusch

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Luc de Heusch (né à Bruxelles en 1927) est un réalisateur, écrivain, et Professeur émérite à l'Université Libre de Bruxelles, Docteur honoris causa de l'Université Marc Bloch belge.

En 1947 et 1948, Luc de Heusch débute au cinéma comme assistant d'Henri Storck.

En 1953-54 il effectue une recherche chez les Mongo du Kasai pour l'I.R.S.A.C.

Proche de Germaine Dieterlen, il participe à Paris aux travaux de son centre au CNRS, LA221 "Système de Pensée en Afrique Noire".

En 1951, Luc de Heusch se fait connaître sous le pseudonyme Luc Zangrie en tournant, dans une maison abandonnée d'Anderlecht, le seul film du mouvement CoBrA : Perséphone. Luc de Heusch deviendra, comme Henri Storck (dont il est le hagiographe[1]) et, dans une moindre mesure, Charles Dekeukeleire, un cinéaste documentariste ethnologue presque officiel. Il est souvent considéré comme le Jean Rouch belge.[2]

De 1955 à 1992, il fut professeur d'anthropologie socio-culturelle à l'ULB (Université Libre de Bruxelles). Il est spécialisé en africanisme, et fut parmi ceux qui en vertu de son expérience et de sa connaissance du Rwanda et de l'Afrique noire s'estime en droit de développer voire de dresser une analyse générale du processus historique qui a débouché sur les massacres qu'ont connu ce pays. Luc de Heusch fait souvent l'objet d'accusation de racisme anti-tutsi inhérent à la révolution rwandaise de 1959 la cause profonde des violences récentes, mais à la différence d'autres anthropologues, Luc de Heusch insiste sur le processus historique du clivage entre les deux principales ethnies de ce pays.[3] Il indique également que le Rwanda pré-colonial était une société de classes sociales opposant de manière dichotomique une aristocratie tutsie formée d'éleveurs à une masse paysanne hutue et analyse que ce cette société de classes devient une société de castes, tendance que la colonisation renforcera encore davantage. Pour de Heusch, le génocide découlerait du fait que, dans la période vers l'indépendance, renforce les tensions sociales qui préexistaient les deux classes ainsi transformées par une élite hutue, avec le concours décisif du gouvernement belge et de l'Église catholique, en un conflit raciste.[4] Sur le concept d'ethnie, il se veut réconciliateur d'un débat "souvent inutilement agressif" entre anthropologues et historiens. Tout en acceptant et en soulignant les possibles abus d'un terme quelque peu équivoque (parce qu'étroitement lié au passé colonial africain), il défend finalement l'existence d'une culture, fondatrice du groupe ethnique, et revendique la légitimité de la recherche ethnologique.

Luc de Heusch est président du Fonds Henri Storck.[5]

Aujourd'hui, à presque 80 ans, il continue à fréquenter régulièrement les festivals de cinéma documentaire et la Cinémathèque royale de Belgique.

Sommaire

[modifier] Œuvres sélectives

  • 1958 : Les gestes du repas.
  • 1958 : Six mille habitants
  • 1960 : Magritte (film), 20 minutes.
  • 1961 : Les Amis du plaisir.
  • 1967 : Jeudi on chantera comme dimanche (long métrage de fiction).
  • 1970 : Alechinsky d'après nature, 20 minutes.
  • 1972 : Dotremont - les-logogrammes, 14 minutes.
  • 1990 : Je suis fou, je suis sot, je suis méchant : autoportrait de James Ensor.
  • 1994 : Anthropologie d'un génocide: le Rwanda
  • 1995 : Les amis du Plaisir, trente ans après
  • 1996 : Une république devenue folle (Rwanda, 1894-1994) : dans lequel Luc de Heusch propose une vision approfondie des origines du génocide rwandais.
  • 1999 : Quand j'étais Belge
  • 2006 : Journal intime d'Henri Storck

[modifier] Bibliographie

  • Essais sur le symbolisme de l'inceste royal en Afrique, Université Libre de Bruxelles, Institut de Sociologie, Bruxelles, 1958.
  • Cinéma et Sciences sociales, Panorama du film ethnographique et sociologique, Rapports et documents de sciences sociales, UNESCO, Paris, 1962.
  • Le Rwanda et la civilisation interlacustre. Études d'anthropologie historique et structurale, Université Libre de Bruxelles, Institut de Sociologie, Bruxelles, 1966.
  • Pourquoi l'épouser ? et autres essais, Gallimard, Bibliothèque des Sciences Humaines, Paris, 1971.
  • Le roi ivre ou l'origine de l'État. Mythes et rites bantous I, Gallimard, Coll. Les Essais, Paris, 1972.
  • Rois nés d'un cœur de vache. Mythes et rites bantous II, Gallimard, ColI. Les Essais, Paris, 1982.
  • Le sacrifice dans les religions africaines, Gallimard, Bibliothèque des Sciences Humaines, Paris, 1986.
  • Ecrits sur la royauté sacrée, Editions de l'Université de Bruxelles, Bruxelles, 1987.
  • "L'Ethnie: les vicissitudes d'un concept.", Université libre de Bruxelles, 1997.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens externes

[modifier] Notes

  1. Voir le texte paru dans la Nouvelle Biographie Nationale, éditée par l'Académie Royale des sciences, des Lettres et des beaux-arts, Belgique, Bruxelles, 2005 et publié dans Wikipédia par son auteur
  2. Professeur d'anthropologie jusqu'en 1992 à l'Université libre de Bruxelles, et cinéaste depuis le début des années 1950, on a longtemps considéré ce spécialiste en africanisme, également passionné de peinture, comme le Jean Rouch belge. Hommage à Luc de Heusch sur le site de Paris Obs
  3. L'africanisme belge face aux problèmes d'interprétation de la tragédie rwandaise
  4. Interview de Luc de Heusch par Jacques Baudouin à l’émission radiophonique Arguments de la RTBF transcrite dans la république d’octobre- novembre 1994.
  5. Fonds Henri Storck
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