Luc Urbain de Bouexic, comte de Guichen

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Luc Urbain de Bouexic, comte de Guichen (Fougères, 21 juin 1712 - Morlaix, 13 janvier 1790), amiral français.

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[modifier] Biographie

Luc Urbain de Bouexic, comte de Guichen, entre dans la marine à 18 ans comme garde-marine, premier grade d'officier de la Royale. En 1735, il devient enseigne de vaisseau. En 1748, il est promu lieutenant de vaisseau, ce qui lui donne le droit de commander une frégate, et est reçu chevalier dans l'ordre de Saint Louis. Cette année-là, Guichen avait mené pas moins de cinq batailles contre des forces britanniques supérieures, alors qu'il escortait des Antilles vers la France un important convoi.

En 1755, il participe sous Dubois de La Motte à une expédition de défense de Louisbourg. En 1756, il est capitaine de vaisseau, ce qui veut dire qu'il peut commander un vaisseau de ligne.

En 1775, il est nommé sur la frégate Terpsichore et commande quatre frégates, cinq corvettes, deux cotres et un lougre. Il est attaché à l'escadre d'évolution instituée en 1772 par le ministre de la Marine Pierre Étienne Bourgeois de Boynes, cette escadre est le premier groupe destiné à l'entraînement de la Marine. Le cousin du Roi, duc de Chartres, célèbre ensuite comme duc d'Orléans et Philippe Égalité, est entré comme volontaire et commande la corvette La Sylphide. L'année suivante Guichen est promu chef d'escadre.

Lorsque la France s'allie avec les Américains pendant la guerre d'indépendance des États-Unis, il navigue sur la Manche. Sur son navire le Ville de Paris, il participe à la victoire française d'Ouessant le 27 juillet 1778, juste derrière le navire amiral de la flotte, le Bretagne. Pour ces hauts faits, il reçoit le Cordon Rouge pour bravoure exceptionnelle.

Le navire du Comte de Guichen fait partie de ceux qui ont salué le USS Ranger, le 13 février 1778 dans le port de Quiberon. Cet évènement marque la première reconnaissance du drapeau américain sous sa forme actuelle (Stars and stripes) par un gouvernement étranger.

En mars 1779 il est promu Lieutenant Général des Armées navales.

Le 3 février de l'année suivante, il est envoyé comme lieutenant général, avec une escadre forte de 16 vaisseaux de ligne et de 4 frégates, aux Indes Occidentales (les Antilles) et arrive le 22 mars à la Martinique. Il est opposé à l'amiral britannique Rodney. Lors de leur première rencontre le 17 avril 1780, sous le vent de la Martinique, l'issue de la bataille est indécise. Deux facteurs lui permirent d'échapper à la défaite: d'une part les défauts d'exécution par les capitaines de Rodney; d'autre part, sa propre habileté et celle de ses seconds, notamment le comte de Grasse-Tilly, qui, face à un adversaire redoutable, surent conserver l'avantage du vent et resserrer la ligne de bataille. Il demontra la même maîtrise lors des deux combats suivants, les 15 et 19 mai. Ces trois affrontements restent connus dans les archives navales comme Les trois combats de Monsieur de Guichen. Lorsqu'approche la saison des ouragans (juillet-septembre), il quitte les Antilles avec son escadre, qui a grand besoin de réparations, et escorte vers l'Europe un convoi de 95 navires marchands. Il atteint Cadix en septembre. Durant toute cette campagne, Guichen a démontré sa capacité à la manœuvre et, s'il n'a pas remporté de victoire marquante, au moins a-t-il empêché Rodney de porter tort aux possessions françaises des Antilles ; en ce sens, ces opérations de Guichen sont vues comme un succès par les historiens français.

De Brest le 10 décembre 1781 1781, Guichen prend le commandement d'une force de 19 vaisseaux de ligne en escorte d'un convoi de marchandises et de troupes pour les Indes Occidentales. Le 12 décembre, l'amiral britannique Richard Kempenfelt aperçoit le convoi français dans le golfe de Gascogne, prend de vitesse l'escorte française et, malgré son infériorité numérique, attaque les transports alors que Guichen est sous le vent du convoi: Kempenfelt capture vingt bateaux, les autres s'enfuient et rentrent au port. C'est là la seule véritable défaite de Guichen pendant la guerre[1].

Il rejoint alors Cadix le 5 septembre et attaque sans succès Gibraltar le 13. Il était toujours présent au côté des Espagnols lorsque l'amiral britannique Richard Howe renforça définitivement Gibraltar en octobre 1782.

Il se retire de la vie militaire en 1783, et est élevé grand croix de Saint Louis le 1er janvier 1784. Il meurt à Morlaix en 1790.

Le comte de Guichen était, au témoignage de ses contemporains, un gentilhomme accompli et noble d'esprit. S'il n'avait pas l'esprit combatif d'un Suffren, il est probable qu'il possédait plus de connaissances scientifiques qu'aucun de ses contemporains.

[modifier] Notes

  1. A cette époque, l'escorte des navires était devenue pour les officiers de la marine royale une chose secondaire, une fonction indigne de leur rang et de leurs titres. Dès 1781, l'abbé Raynal, dans son ouvrage intitulé: Des Révolutions en Amérique, publié à Londres, réclamait contre ce préjugé trop puissant parmi les commandants des flottes françaises.

[modifier] Bibliographie

  • vicomte de Noailles, Marins et soldats français en Amérique (1903)
  • E Chevalier, Histoire de Ia marine française pendant la guerre de l'indépendance américaine (1877)
  • E. Taillemite, Dictionnaire des marins français (2002)

[modifier] Source partielle

Thomas Balch, Les Français en Amérique pendant la guerre de l'Indépendance des Etats-Unis 1777-1783, 1872 [détail édition]

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