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Richard Wright – Sud profond

Les Nègres de mon entourage n'avaient jamais eu l'idée de s'organiser, de quelque façon que ce fût, pour demander des gages plus élevés à leurs employeurs blancs. Cette seule idée les eût terrifiés et ils savaient que les Blancs auraient réagi avec promptitude et brutalité. Aussi faisaient-ils semblant de se conformer aux lois des Blancs avec des sourires et des courbettes, tout en laissant leurs doigts s'égarer sur ce qui se trouvait à leur portée. Et les Blancs paraissaient apprécier cette façon de faire.

Mais moi qui ne volais pas, moi qui voulais les regarder droit dans les yeux, qui voulais agir et parler en homme, je leur inspirais de la crainte. Les Blancs du Sud préféraient faire travailler les Nègres qui les volaient que les Nègres qui avaient ne fût-ce qu'une très vague idée de leur propre valeur humaine. C'est pourquoi les Blancs donnaient une prime à la malhonnêteté des Noirs ; ils encourageaient l'irresponsabilité et ils nous récompensaient, nous autres Noirs, dans la mesure où nous leur donnions un sentiment de sécurité et de supériorité.

Richard Wright (4/09/1908 - 1960) - Black Boy (Éditions Gallimard, 1947).

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Richard Wright – Sud profond

Les Nègres de mon entourage n'avaient jamais eu l'idée de s'organiser, de quelque façon que ce fût, pour demander des gages plus élevés à leurs employeurs blancs. Cette seule idée les eût terrifiés et ils savaient que les Blancs auraient réagi avec promptitude et brutalité. Aussi faisaient-ils semblant de se conformer aux lois des Blancs avec des sourires et des courbettes, tout en laissant leurs doigts s'égarer sur ce qui se trouvait à leur portée. Et les Blancs paraissaient apprécier cette façon de faire.

Mais moi qui ne volais pas, moi qui voulais les regarder droit dans les yeux, qui voulais agir et parler en homme, je leur inspirais de la crainte. Les Blancs du Sud préféraient faire travailler les Nègres qui les volaient que les Nègres qui avaient ne fût-ce qu'une très vague idée de leur propre valeur humaine. C'est pourquoi les Blancs donnaient une prime à la malhonnêteté des Noirs ; ils encourageaient l'irresponsabilité et ils nous récompensaient, nous autres Noirs, dans la mesure où nous leur donnions un sentiment de sécurité et de supériorité.

Richard Wright (4/09/1908 - 1960) - Black Boy (Éditions Gallimard, 1947).

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Stéphane Mallarmé - Soupir (1864)

Mon âme vers ton front où rêve, ô calme sœur,
Un automne jonché de taches de rousseur,
Et vers le ciel errant de ton œil angélique
Monte, comme dans un jardin mélancolique,
Fidèle, un blanc jet d’eau soupire vers l’Azur !
— Vers l’Azur attendri d’Octobre pâle et pur
Qui mire aux grands bassins sa langueur infinie
Et laisse, sur l’eau morte où la fauve agonie
Des feuilles erre au vent et creuse un froid sillon,
Se traîner le soleil jaune d’un long rayon.

Stéphane Mallarmé (1842 – 9/09/1898) - Poésies (1887)

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Joseph Boyden : La fin d'un monde

Le monde n'est plus le même en ce nouveau siècle, Neveu ; notre peuple non plus. Mes visions me viennent toujours, mais il n'y a plus personne pour écouter leurs enseignements, leurs avertissements. Je savais dès ma jeunesse que la destruction menaçait à l'horizon. Mes premières visions me montraient des hommes abattus comme des arbres, en quantités innombrables. Ils vivaient dans la boue tels des rats ; et ne vivaient que pour inventer de nouvelles façons de se massacrer les uns les autres. Nul n'est à l'abri par des temps pareils, pas même les Crees de Mushkegowuk. La guerre n'épargne personne et les windigos (= les monstres cannibales) sortent de terre.

Joseph Boyden - Le chemin des âmes (page 57) - (Éditions Albin Michel, 2006 )

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Charles-Ferdinand Ramuz - Là-haut

Il n'y avait que le bruit des pierres ; pourtant, il continuait d'avancer, ayant seulement le bruit d'une pierre qui dégringole au loin par moment pour répondre au bruit des pierres sous son pas, et cette voix-là seulement et cette espèce de voix-là pour s'élever en face de la sienne. Les sonnailles en arrière de lui s'étaient tues depuis longtemps, seulement une pierre qui roule, ou un filet d'eau ruisselant, comme une blessure, dans la moraine qu'il a abordée ou dans les crevasses du glacier qu'il avait en dessous de lui, maintenant. Il faisait un ciel tout uni et d'une seule même couleur, où le soleil n'était pas encore parvenu, parce qu'il se trouvait en train de grimper derrière les crêtes parmi les pierres et les neiges. Un ciel comme un plafond de chambre, un ciel passé au blanc de chaux. Et lui qui allait seul dessous, seul et rien qu'un bâton, avec sa veste du dimanche, son pantalon de même étoffe, son chapeau noir ...

Charles-Ferdinand Ramuz ( (24/09/1878 - 1947) - La grande peur dans la montagne (ch. XIII) - (Éditions Bernard Grasset, 1925/1926)

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