Discussion Catégorie:Littérature de Bosnie-Herzégovine

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

'Hausseman présente


Sommaire

[modifier] Poésie bosniaque pour les enfants

Choix et traduction : Osman Arnautović

[modifier] Poignée de perles

Poètes bosniaques :

Muhidin Šarić Zejćir Hasić Enisa Osmančević - Đurić Nasiha Kapidžić - Hadžić Zilhad Ključanin



[modifier] MUHIDIN ŠARIĆ

Du recueil "La grand ma’ amoureuse"


[modifier] X Y

Il habite encore le ventre

Il a déjà papa, maman

et grands parents.

Tout le monde attend ce mec

Ce petit X Y.


Il crée déjà de grands problèmes

Même s'il n'est mis au monde

Maman veut qu'il soit une fille

Papa veut qu'il soit James Bond.


Les grands parents se disputent

à cause de cet X Y

qui habite le ventre

et qui est impecc.


Il a tout ce qu'il lui faut

même s'il n'est bébé.

Alors si tout est à sa guise

qu'attend-il? Pourquoi ne vient-il ?



[modifier] La grand - ma' amoureuse

Cette matinée-ci

à travers les nuages lourds

Amor a lancé

les flèches d'amour.


Une flèche manqua

la grande-fille fière

Et toucha le coeur

de la grande-mère.


La grande-ma' écrit

sur le mur vert

"Je t'aime beaucoup,

grand père."


Elle laissa tomber

Ses boucles grises

Et lui dit :

"Allons danser, à notre guise!"




[modifier] Cent questions

Mon papa est grand

c'est pourquoi il se rengorge souvent

quand je lui pose une question en me disant :

"Ne m'embête pas pour le moment".


Maman lui est similaire.

Dès que j'ouvre ma bouche

Elle me dit suavement

"Tais-toi, ma petite mouche".


J'ai cent questions à leur poser.

De là vient mon malaise.

M'ont-ils enfanté

Pour que je me taise.



[modifier] Une lettre du jardin d'enfants

Mon cher père,

il n'y a rien à cacher, voilà ma cible :

Je veux avoir un frère,

le plus vite possible.


Aujourd'hui j'ai appris "l'amour".

Ce n'est pas difficile, père.

Tu diras à maman "je t'aime"

et j'aurai un frère.


Madame m'a dit que l'histoire du cygne

est un mensonge pur.

Celui qui veut un enfant

doit faire l'amour, bien sûr!





== Je te supplie, soldat

==


Je te supplie, comme à Dieu

Ne tire sur personne!

Soldat, ne tire ni dans l'air

ni sur les cimes bleues en voile.

Tu blesseras le soleil,

ou même la branche des étoiles.


Imagine-toi !

Tu compteras des blessures de soleil en aurore.

Je te supplie, comme à Dieu :

Ne tire sur personne alors!


Maîtrise ta vanité masculine,

à cause de notre monde. On souffre.

Mets une fleur sur ta poitrine,

Jette ton fusil dans le gouffre.




[modifier] ZEJĆIR HASIĆ

Du recueil "Tu te fais l'important"

==

Une chose bien vraie ==


Comme c'est beau

d'être malade.


C'est bien

j'ai de la chance,

avec des virus,

je fais connaissance.


L'hôpital est une chose vraie.


Lundi, Enida vient elle-même

et restera une heure brève,

je lui dirai: "Je t'aime"

en profitant de ma fièvre.




== Le père ==


Mon père

joue aux billes

mieux que personne.

Il ne me cède jamais.


Quand il gagne

il se réjouit

comme un garçon, pardieu !

Quand, moi, je gagne

nous nous réjouissons tous les deux.

C'est mon père.



== Je peux, mais je ne veux pas ==


Je peux descendre le Soleil

et l'accrocher sur mon pull

comme une médaille ronde.


Je peux mettre

des étoiles, comme cailloux,

dans ma fronde.

Je peux fourrer


le printemps dans ma poche.


Vous avez de la chance : vous m'êtes sympas

de faire ça: je ne veux pas.



== Même les insectes aiment s'embrasser ==


Même les insectes

aiment s'embrasser.

Même les insectes savent dire

des paroles tendres.

Ce qui est quand même pire :

Helas! Les gens ne vont pas

les comprendre.


En se promenant

ils se rongent, hein!

parce qu'ils ne peuvent pas

se tenir par la main.


C'est comme ça partout

dans le monde amoureux

C'est moche :

Il y a toujours quelque chose

qui cloche.




[modifier] Le garçon de maman

Quand papa apparait à la porte

pour entrer il se plie un peu.

Quand il marche dans la chambre

le parquet craque comme du feu.


Quand il veut embrasser maman

papa se courbe un peu

ou il la lève jusqu'à sa tête

d'un geste et de sa façon.

Néanmoins maman l'appelle

"mon petit garçon".




[modifier] Quelle puissance

Je joue au foot comme personne.

Je jette au panier magistralement.

Tout le monde me vante.

Je surpasse

tous mes camarades

dans la rue et dans la classe.

J'ai du talent, brillant et sain

tous  veulent m'avoir pour copain.

Je suis chef en tout.


Mais quand je rencontre Alma

tout d'un coup je suis confondu.

Quand elle me jette un coup d'oeil

mon coeur bondit.

Ça n'a pas de bon sens.

Comment est-il possible,

qu'une fillette soit une puissance.




== Un avaleur de feu ==


Un avaleur de feu,

un homme de talent,

dévore du feu

pour de l'argent.


L'avaleur de feu,

a du talent.

Il dévore du feu

pour l’applaudissement.


L'avaleur de feu,

comme un éclair

dévore du feu

pour nous plaire.


Mais, chez lui

c'est une autre affaire.


Comme tous les autres

il veille sur sa langue fière

en mangeant de la soupe

il souffle sur sa cuillère.





== Sur la fausse piste ==


Depuis avant notre ère

depuis le cinquième siècle en somme

il existait la cruche

mais pas d'homme.


Du temps un peu plus proche

du Moyen âge en somme

il existait le miroir

mais pas d'homme.


Du temps tout à fait proche

de mi-siècle passé en somme

il existait l'aiguille

mais pas d'homme.


Il faudrait quitter

toutes les fausses pistes.

Que les belles choses périssent

que les gens existent.



== NASIHA KAPIDŽIĆ - HADŽIĆ ==

Du recueil LE PONT BRODE

==

Qu'est-ce que la mère vous a donné ==


Ce n'est ni nourriture fugace

ni ce beau vêtement prôné,

barbouillé et brodé

que la mère vous a donné.


Le vêtement est cousu ou acheté

chacun peut vous donner du pain ou du miel

mais, ce n'est que la mère —

qui vous donne le soleil, la terre et le ciel.



[modifier] Le pressentiment

Lorsque la mère,

en sommeil,

fatiguée du labeur pénible,

se calme comme un luth cassé,

un pressentiment obscur, angoissé

s'approche de son lit à pas imperceptibles

pour n'entendre que comment elle respire

et rien de plus, à vrai dire.

==

ENISA OSMANČEVIĆ - ĐURIĆ ==

Du recueil EMPAN DE SERENITE


== Une meule de foin ==

La meule de foin

devient gouverneur.

Quelle honneur!

— Quelle combine!

— une pie dit à une copine.

Mais quand même, c'est le fait

qu'elle n'a que de la paille

dans sa tête.



== Ma photo dans la porte-monnaie ==


Autant de fois

que maman a changé

son porte - monnaie

ma photo y a été rangée.


Quand maman y prend de l'argent

sa main m'y trouve sûrement.


Même quand il n'y a pas d'argent

Le sourire éclaircit le visage de maman.



== La fraude ==


Le vent brise la vitre

puis s'enfuit, fichtre!

Puis se tait

puis s'apaise

puis se cache

(sacré lâche!)

dans un buisson vert

gardant ce mystère.


Puis l'alerte!

Enfin c'est ma joue,

qui reçoit un coup

car j'ai laissé

la porte ouverte.




[modifier] ZILHAD KLJUČANIN

[modifier] Le Dieu et les larmes

A mon père Adem


Mon père est emmené au camp, là, tout près.

J'aurais pleuré s'il n'avait pas dit cette fois :

"Ne pleure pas, mon fils, Dieu n'a créé

Les larmes que pour la joie"


Mon père est à Manjaca, camp vrai.

Il n'a jamais tué une mouche. Oh, Foi!

Ne pleure pas, mon fils, Dieu n'a créé

Les larmes que pour la joie.


La corne de lune veille sur lui, à son gré.

L'étoile d'Orient l'a couvert cette fois.

Ne pleure pas, mon fils, Dieu n'a créé

Les larmes que pour la joie.


Et je reçois un billet de mon père.

J'y vois son regard. Oh, Foi!

Ne pleure pas, mon fils, Dieu n'a créé

les larmes que pour la joie.


Je n'ai jamais vu sa prunelle pleine de rosée.

Il méprise le monde du drame.

Ne pleure pas, mon fils, Dieu a transformé

toute la Bosnie en une larme.