Linogravure

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lino et outil
lino et outil

La linogravure est un type de gravure en taille d'épargne[1] similaire à la gravure sur bois mais qui s'en différencie par les raisons suivantes :

Sommaire

[modifier] Technique

  • Le bloc à graver est composé de linoléum : du latin linum et oleum. C'est un mélange de poudre de liège sur de l'huile de lin, avec de la gomme et de la résine, l'ensemble étant comprimé sur une toile de jute. Ce matériau apparaît en Angleterre en 1863 et servira à couvrir les sols jusque dans les années 1960.
  • Le matériau est plus homogène et ne comporte pas de fil[2]  ; il est plus tendre donc il permet d'utiliser des outils moins souvent réaffutés ; gouges ou plumes amovibles vissées dans un manche (sept à huit formes différentes) .
  • Le lino est présenté à l'outil et « l'on tire ou l'on pousse toujours dans la même direction... Comme pour le bois, on détoure d'abord le tracé et l'on évide ensuite les blancs autour du dessin. Les hachures, les pointillés sont généralement exécutés en dernier. »[3]
  • Le nombre de tirages est souvent plus limité ; cela est dû à l'écrasement du support liège plus tendre que le bois[4].
  • Les dimensions sont plus réduites aujourd'hui ; le lino n'est plus qu'un support de gravure. Il n'avait pratiquement pas de limite quand il était utilisé comme revêtement de sol.
  • Cette technique permet de s'exercer à l'art de la gravure y compris en plusieurs couleurs[5]. Le lino peut-être attaqué directement, sinon on peut préparer le dessin au crayon, à l'encre de chine, au vernis ultraflex, avec un calque ; on peut encrer toute la surface (après dégraissage) et travailler comme pour la manière noire.
  • Certains imprimeurs « utilisaient le lino gravé à l'acide, l'acide nitrique émiettant et brûlant le revêtement. Dans ce cas le dessin de réserve était fait à l'encre lithographique ; on obtient ainsi des clichés au trait, qui montés sur des bois de 20 mm, permettaient l'impression lithographique. »[3]
  • Les outils peuvent être extrêmement variés : le matoir [6] en frappant permet d'obtenir des grisés ; les points ronds s'obtiennent avec des pointes ou un tube frappé au marteau ; l'utilisation du vélo (ou échoppe rayée) donne des résultats moins probants qu'en gravure sur bois.
  • Comme pour le bois, plus les entailles sont larges, plus elles doivent être profondes pour éviter les problèmes à l'encrage.
  • L'impression peut se faire sur presse à bois, ou avec la presse à taille-douce ; on peut utiliser le procédé dit « à la cuiller » avec un brunissoir ou un frotton.
  • Le choix du papier dépend du résultat escompté : il peut être humidifié ou imprimé à sec.
  • Enfin « on peut réparer les parties détériorées en râpant finement à l'abrasif un morceau de lino ; la poudre est ensuite mélangée avec de la colle, du type colle de poisson. La réparation est faite avec la pâte obtenue avant séchage. Après séchage, la partie réparée est polie à la même hauteur que le reste de la surface et est ensuite reprise à l'outil.  »[3]

[modifier] Les artistes et la linogravure

Gravure sur lino en 2 couleurs successives de Ivo Kruusamägi
Gravure sur lino en 2 couleurs successives de Ivo Kruusamägi

La linogravure présente l'avantage de la rapidité d'exécution et de la souplesse d'utilisation ; mais certains artistes de renom l'utilisent, ou l'ont utilisée, dans des buts autres (plasticité, gaufrage du papier mouillé préalablement, faible tirage).

  • Matisse
  • Picasso ne travaille pas ses linos couleur en plusieurs planches : il retravaille une seule planche après chaque tirage et imprime avec une encre différente. Il obtient des juxtapositions et des superpositions.
  • Jean Raine
  • Henri Meyer
  • François Burland
  • Éric Durant
  • Bruno Groensteen
  • GDZID
  • Antonio Seguí
  • et quelques autres qui nous pardonneront de ne pas les avoir cités

[modifier] Bibliographie

  • A. Béguin : Dictionnaire technique de l'estampe, Bruxelles, 1977.
  • T. Elfrink : gravure sur bois et linogravure, Paris, 1973.
  • R. Berger : La gravure sur linoleum, Paris, s.d.
  • J.E. Bersier : la gravure, Paris, 1947.

[modifier] Notes

  1. Taille d'épargne : technique consistant à enlever les blancs (les réserves) du résultat final, l'encre se posant sur les partie non enlevées donc en relief ; le papier pressé sur l'ensemble bloc/encre prélevant cette dernière.
  2. Fil : sens des fibres du bois, a contrario de la taille de bout, dans lequel les fibres du bois sont verticales sur le bloc
  3. abc André Béguin : Dictionnaire technique de l'estampe , Bruxelles, 1977
  4. « Un lino bien taillé et manipulé avec précaution peut assurer plus d'un millier de tirages sans que la netteté du trait ait eu à en souffrir. » André Béguin  : Dictionnaire technique de l'estampe
  5. Couleurs successives par encrage de planches différentes et successives ou par maculage d'une seule
  6. C'est une tige d'acier à tête lignée ou pointillée
commons:Accueil

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[modifier] Liens externes

  • Forez [1]
  • Marie Ciosi, certaines en noir et d'autres en couleurs [2]
  • Sam Kerson [3]
  • Eric Durant [4]
  • Bruno Groensteen[5]