Leucospermie

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La leucospermie caractérise la présence de leucocytes dans le spermogramme à des concentrations supérieures à 1 million / ml de sperme.

Sommaire

[modifier] Causes

Elle est généralement due à la présence d'une infection.

Leucospermie signifie qu'il existe une présence anormale de polynucléaires (globules blancs) pouvant signifier un état inflammatoire infectieux.

Les leucocytes polymorphonucléaires et lymphocytes ne se trouvent que rarement dans un éjaculat normal (au maximum 0,99mio/ml). Une concentration de globules blancs sanguins (leucocytes) dans le sperme a un effet délétère sur la fécondation et peut indiquer une infection des voies génitales, en particulier lorsque le pH est alcalin.

La présence de germes dans l’éjaculat pose un problème d’interprétation, car il n’est pas démontré in vivo une interaction néfaste entre un germe et un spermatozoïde. Les leucocytes entraînent une modification profonde des spermatozoïdes par l’intermédiaire des dérivés actifs de l’oxygène, peroxydant les lipides insaturés constituant l’essentiel des membranes des spermatozoïdes. La présence de macrophages dans le sperme, détectée par une coloration à l’estérase, serait en faveur d’un processus infectieux évolutif. Les leucocytes diminuent également l’aptitude des spermatozoïdes à pénétrer un ovocyte dépellucidé.

La leucospermie est sous-évaluée et atteint des niveaux élevés chez 20 % des patients stériles. Elle entraîne la production de radicaux libres oxygénés ou dérivés actifs de l'oxygène (DAO) extrêmement toxiques du fait du stress oxydatif qu'ils génèrent, pour l'appareil génital, les glandes annexes et les spermatozoïdes. Le liquide séminal possède un pouvoir antioxydant, qui contrebalance les effets du stress oxydatif. Cependant, in vivo, la production très élevée et/ou très prolongée de DAO peut submerger les défenses antioxydantes, entraînant alors une infertilité. In vitro, les DAO sont constamment délétères, car les spermatozoïdes ne sont plus protégés. Les altérations cellulaires produites sont :

  • la diminution de la réaction acrosomique et de la capacité fusiogène
  • l'augmentation de la fragmentation de l'ADN.

Devant une infertilité masculine, toute leucospermie constitue donc un facteur de risque essentiel ou associé qu'il convient de traiter, surtout si une thérapie in vitro est envisagée, afin d'améliorer la qualité des gamètes utilisés.

L' éjaculat contient toujours d' autres cellules que les spermatozoïdes. Il s'agit de cellules épithéliales de l' urèthre, de cellules de la lignée germinale et de leucocytes habituellement toutes regroupées sous le terme de "cellules rondes". La concentration de ces cellules peut être mesurée à l' aide d' un hémocytomètre sur des préparations à l' état frais. Chez l' homme, des leucocytes, le plus souvent des neutrophiles, sont présents dans la plupart des éjaculats (Wolff & Anderson, 1988a, b; Aitken & West, 1990; Barratt et al., 1990). La concentration en leucocytes doit être mesurée précisément, car la présence de leucocytes en trop grand nombre (leucospermie) évoque l'existence d'une infection du tractus génital qui peut bien répondre à un traitement antibiotique. De plus, la leucospermie peut être associée à une baisse du volume de l'éjaculat, de la concentration et de la mobilité des spermatozoïdes, mais aussi à une diminution de leur qualité fonctionnelle qui peut être la conséquence d'un stress oxydatif (Aitken et al., 1989 ; Aitken & West, 1990) et/ou d'une secrétion de cytokines cytotoxiques (Hill et al., 1987). Il est difficile de définir une valeur seuil de la concentration en leucocytes au-dessus de laquelle la fertilité serait altérée. L'impact de ces cellules dépend du niveau du tractus génital ou les leucocytes pénètrent dans le sperme, du (ou des) type(s) de leucocyte(s) présent(s), et de leur état d' activation. Vu la sensibilité des spermatozoïdes au stress oxydatif, c'est certainement la présence de neutrophiles qui est la plus dommageable, notamment si leur infiltration se produit au niveau du rete testis ou de l'épididyme. Inversement, l'infiltration des leucocytes via la prostate ou les vésicules séminales au moment de l'éjaculation est probablement moins défavorable du fait du pouvoir antioxydant puissant du plasma séminal (Jones et al., 1979).

On identifie des leucocytes par coloration à la peroxydase(cellules rondes de la lignée germinale). Leucospermie significative => inflammation car infection du sperme: épididymite, prostatite.

[modifier] Conduite à tenir pour le médecin de terrain

Avant d’adresser à un centre de PMA les couples qu’il a explorés et chez lesquels il a porté un diagnostic de stérilité inexpliquée ou même tubaire ou de nature endométriosique

[modifier] En ce qui concerne le patient masculin

L’asthénospermie, la nécrospermie, la leucospermie, le faible volume spermatique étant souvent liés à une infection génitale, la spermoculture est indispensable dans ces éventualités, mais elle doit désormais être aussi considérée comme nécessaire chaque fois que le patient a présenté, dans ses antécédents, des épisodes dysuriques ou de brûlures en urinant ou a fortiori un écoulement uréthral.

L’interrogatoire attentif doit donc être à l’origine d’une investigation bactériologique, même lorsque le sperme paraît strictement normal. On pense, en effet, que les modifications que la présence de bactéries provoque dans le spermogramme dépendent du degré de fertilité de base du sujet. Un homme qui, à l’état non infecté, aurait une spermatogénèse modeste serait beaucoup plus affecté dans sa fertilité par une contamination bactérienne qu’un homme dont le spermogramme basal serait très satisfaisant. Et le spermogramme peut donc être "normal" alors même qu’il contiendrait suffisamment de bactéries pour altérer les résultats d’une Fécondation in Vitro.

Quel est l’avantage de cette spermoculture effectuée avant la rencontre avec l’équipe FIV? C’est essentiellement un bénéfice chronologique qu’il apporte, car la découverte de germes peut conduire à une échographie des voies génitales et à un traitement dont la durée sera fonction des anomalies observées. Elle est obligatoirement prolongée sinon très prolongée lorsque des lésions épididymaires ou prostatiques sont évoquées par l’examen aux ultra-sons. Cependant elle doit être conduite jusqu’à une date assez proche de la FIV en raison de la fréquence des rechutes. Mais on ne doit pas négliger l’effet nocif potentiel sur la spermatogenèse de ces antibiotiques eux mêmes (de GEYTER et al.), d’où l’obligation d‘une véritable stratégie réfléchie du traitement de l’infection principalement masculine même si les deux membres du couples sont toujours ou presque soignés. Le contrôle bactériologique post thérapeutique est en effet indispensable.

[modifier] Infection du sperme et infertilité masculine : qui traiter ? (F. KIRSCH-NOIR)

Les infections concernent 8 à 55 % des infertilités et représentent une cause potentiellement curable.

Le diagnostic des infections est difficile.

La leucospermie a une définition controversée et son évaluation est difficile. Pour une bactériologie du sperme, le protocole de prélèvement doit être strict. Il est nécessaire d'abandonner le prélèvement urétral, trop douloureux. Une flore polymorphe est possible.

Les examens complémentaires recommandés sont :

  • Un ECBU (1er jet du matin et 2e jet)
  • Une spermoculture.

Le traitement a pour but de stériliser le sperme en vue d'une AMP (1 mois de traitement) et d'améliorer la spermatogenèse (plusieurs mois de traitement). Le traitement des 2 partenaires doit être fait simultanément. En plus de l'antibiothérapie, un traitement anti-inflammatoire est utile. Il est par ailleurs nécessaire de favoriser la clairance du sperme, par des éjaculations fréquentes.

Les récidives sont fréquentes (30 %) et une congélation du sperme stérilisé peut être utile.

[modifier] L'INFECTION : LEUCOSPERMIE ET/OU BACTERIOSPERMIE

La recherche de germes. Selon les auteurs, le seuil de positivité est diffèrent. Certaines infections sont plus ou moins latentes et ne sont découvertes qu'au spermogramme. L'infection est patente lorsque l'on trouve 103 germes par ml et certaine lorsque c'est > 105 ayant entraîné une réabsorption massive de cet antigène habituellement isolé de la circulation générale. Mais souvent, dans plus de 50 % des cas, il n'y a pas d'antécédent pathologique ni d'anomalie génitale et seule l'agglutination spontanée des spermatozoïdes dans l'éjaculat évoque cette auto-immunisation. La leucospermie peut être révélatrice soit d'une infection infra-clinique potentiellement à traiter, soit des séquelles de celle-ci. Une leucospermie ne peut être prise en compte que si une coloration différencielle à la péroxydase a été effectuée (colorationde Heintz).

À partir de quelle concentration peut-on parler de leucospermie ?

Selon les auteurs la concentration seuil peut varier de 1 000 à 1 000 000. Il semble toutefois qu'une valeur supérieure à 105 soit considérée comme pathologique [8]. Les leucocytes ont surtout une valeur indicative. Leur présence doit faire soupçonner une infection mais aussi un processus inflammatoire (lithiase prostatique, séquelle d'infection, abstinence trop longue). Il faut envisager alors une spermoculture et un ECBU du premier jet d'urine à la recherche de germes. Selon les auteurs, le seuil de positivité est diffèrent [9]. Certaines infections sont plus ou moins latentes et ne sont découvertes qu'au spermogramme. L'infection est patente lorsque l'on trouve 103 germes par ml et certaine lorsque c'est > 100 000.

Les infections sont-elles réellement responsables de stérilité ? Il semble que les hommes infertiles possèdent un pourcentage plus élevé de leucocytes dans le sperme. Il a été prouvé que la présence de leucocytes dans le sperme était délétère à la fois pour le mouvement des gamètes et la pénétration des ovocytes.

Il a aussi été décrit quelques variations du spermogramme :

  • volume augmenté
  • pH > 8
  • numération basse
  • flagelles enroulés
  • modifications des paramètres biochimiques du sperme.

À l'heure actuelle, aucune de ces anomalies n'a pu être reconnue comme vraiment pathognomonique du phénomène inflammatoire mais toute infection diagnostiquée au spermogramme doit être traitée, et il faudra effectuer un spermogramme de contrôle après traitement.