Les Animaux dénaturés

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Les Animaux dénaturés est un roman écrit par Vercors et publié en 1952. Il raconte l'histoire de la découverte d'un chaînon manquant entre le singe et l'homme, nommé Paranthropus Greamiensis en l'honneur de son découvreur Greame, et surnommé Tropi. Un homme d'affaires veut profiter d'eux pour avoir de la main-d'œuvre à bon marché. Le problème se pose alors : où se situe la limite entre les animaux et l'homme ? Doit-on faire de ces êtres des électeurs ou du beefsteak ? Cela évoque la question antique : Combien faut-il de cailloux pour faire un tas ? Mais aussi Qu'est-ce que l'homme ?, thématique que Vercors poursuivra dans ses romans suivants.

Vercors adapte ce roman au théâtre sous le titre Zoo ou l'assassin philanthrope.

Le roman paraît en France à une époque où la science-fiction y est encore très peu présente. Il est un jalon important dans le lancement d'un mouvement de science-fiction à la française, très sensible aux dimensions sociologiques et humanistes, dont d'autres représentants notables sont René Barjavel, Pierre Boulle, et Gérard Klein.

[modifier] Le choix de Vercors

C'est sur la préoccupation d'un au-delà que Vercors choisit de tracer la frontière entre le non-humain et l'humain. Or ce qui caractérise cette nouvelle espèce est que certains de ses membres montrent une préoccupation de ce genre, et certains non. Le problème reste donc non résolu.

Une autre interprétation possible du roman et de la réponse donnée par Vercors à la question "qu'est ce qu'un humain?" repose sur l'opposition entre d'une part le groupe de tropis, qui préfère rester dans sa grotte et refuse la nourriture apportée des hommes, et d'autre part le groupe qui accepte la vie parquée et ce que leur apportent les hommes. Ainsi, la différence de degré dans l'humanité d'un être reposerait sur la non-acceptation de la soumission au groupe et son libre arbitre, en d'autres termes de son individualité.

Le roman contient aussi une pointe d'humour. Lorsque des scientifiques britanniques se demandent si on peut raisonnablement qualifier d'humains des êtres incapables de prononcer tous les sons qu'un homme "normal" sait produire, un confrère fait alors remarquer que les Français, quoiqu'étant incapables de prononcer le fameux "th" anglais, sont malgré tout considérés comme des êtres humains! Ce sont des petites plaisanteries de ce type, qui rythment la vie du livre.