Lakshmî Bâî

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La rânî de Jhânsi, Chambers's History of the Revolt in India. London, 1859
La rânî de Jhânsi, Chambers's History of the Revolt in India. London, 1859

La rânî Lakshmî Bâî (vers 1830- 1858) de la principauté de Jhânsi en Inde du nord est une héroïne de la révolte des Cipayes, considérée comme la première guerre d'indépendance indienne. Elle est devenue un symbole de la résistance à la colonisation britannique.

Elle naît dans une riche famille de haute caste sous le nom de Manukarnika, un des noms du Gange. Elle reçoit une excellente éducation et apprend à monter à cheval et à manier les armes tout en jouant avec ses frères. Elle prend le nom de Lakshmî Bâî lors de son mariage avec Gangâdhar Râo, le mahârâja de Jhânsi.

Gangâdhar Râo était dans sa quarantaine à l'époque de leur mariage, en 1842. Il avait été marié en premières noces mais sa première épouse était morte sans donner naissance à un héritier. En 1851, la nouvelle rânî accouche d'un fils qui ne survit que trois mois. Conformément à la tradition, en 1853, Gangâdhar adopte un parent, Damodar Râo, pour lui succéder sur le trône et il décède. Damodar étant mineur, Lakshmî Bâî assure la régence.

Le Gouverneur-Général Dalhousie décide alors que, suivant la doctrine de préemption qu'il a lui-même définie, puisque Gangâdhar Râo n'a laissé aucun héritier, l'état de Jhânsi est annexé par la Compagnie anglaise des Indes orientales, rejetant les prétentions de Damodar Râo comme héritier de droit. La rânî envoie une pétition à Dalhousie, puis en appelle à Londres, mais sans succès.

Refusant de renoncer à son royaume, Lakshmî Bâî rassemble une armée de volontaires forte de 14 000 hommes et fait améliorer les défenses de la ville qui est attaquée par les Britanniques le 25 mars 1858. La bataille de Jhânsi est féroce, hommes et femmes participent à repousser les assiégeants et la rânî elle-même mène ses troupes pour la défense de la ville qui tombe cependant, après deux semaines de siège.

Un prêtre de Bombay, témoin de la victoire britannique, témoigne qu'elle est suivie de quatre jours d'incendie, de pillages, du meurtres, que l'air empeste l'odeur forte de la chair brûlée. Les historiens britanniques, de leur côté, affirment que seuls quatre à cinq mille combattants sont exécutés tandis que les civils ont été épargnés.

La rânî réussit cependant à s'échapper à dos de cheval à la faveur de l'obscurité et parcourt en vingt-quatre heures les cent cinquante kilomètres qui la séparent de la forteresse de Kalpi où elle est rejointe par plusieurs princes rebelles. Là, elle les persuade de reprendre l'offensive et de s'emparer de la forteresse de Gwâlior. La réussite de cette opération resserre les rangs des rebelles.

Mais les forces britanniques ne sont pas longues à reprendre la forteresse et Lakshmî Bâî meurt le deuxième jour des combats, le 17 juin 1858.

Une statue équestre de la rânî commémore à Gwâlior son acte de résistance. Son nom a été donné à la première unité féminine de l'armée indienne.