Laisse béton

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Laisse béton
Album par Renaud
Sortie 1977
Durée 34 min 54 s
Genre(s) Chanson française
Producteur(s) Jacqueline Herrenschmidt
Label Polydor
Albums de Renaud
Amoureux de Paname
(1975)
Ma gonzesse
(1979)
Ma gonzesse (1979)

Laisse béton, appelé parfois Place de ma mob, est le second album de Renaud, sorti en 1977, sous le label Polydor. Exactement, l'album n'a pas de titre. Mais l'inscription "Place de ma mob" s'inscrit sur le décor de la couverture, ce qui a amené plus d'un fan à en faire le titre de l'album. Les autres préférant l'appeler par le titre de la chanson principale. La chanson Laisse béton deviendra, en effet, le premier de ses nombreux succès, et popularisera le verlan avec cette expression désormais bien connue.

Son image de titi parisien a disparu pour laisser place à une caricature de "loubard" avec son blouson et sa mobylette. Difficilement crédible, c'est pourtant un succès. Le style des chansons a également changé, poursuivant le mouvement qu'avait amorcé la fin du premier album où le sombre et l'hyperréalisme est remplacé par l'humour et la dérision.

Piste Durée Titre
1 2:32 Laisse béton
2 3:12 Le Blues de la Porte d'Orléans
3 2:35 La Chanson du loubard
4 3:04 Je suis une bande de jeunes
5 3:52 Adieu minette
6 4:21 Les Charognards
7 2:29 Jojo le démago
8 2:22 Buffalo débile
9 3:00 La Boum
10 3:16 Germaine
11 1:38 Mélusine
12 2:56 La Bande à Lucien


Musiciens :

Alain Ledouarin : guitare et direction musicale Patrice Caratini : contrebasse et direction musicale Alain Labacci : guitare et banjo Joss Baselli : accordéon et bandonéon Christian Lété : percussions Jean-Jacques Milteau : harmonica

Enregistré au studio I.P. Photos : David Séchan

[modifier] Chansons

  • Laisse béton (Renaud Séchan) :

Cette chanson devenue mythique est celle qui présente, comme Amoureux de Paname l'avait fait, la nouvelle image que Renaud veut donner de lui. Accumulant les clichés : le bar, le blouson, la mob, les loubards, la castagne et, surtout, ce coté de faux dur au cœur tendre, c'est une image qu'il tiendra longtemps et qu'il affinera dans les albums suivants. Musicalement, plus mûr, on passe du chanteur de rue à celui d'un réel artiste qui envisage une carrière.

En 2006 la chanson a été réécrite et modernisé par R.wan, le chanteur du groupe Java.

  • Le blues de la porte d'Orléans (Renaud Séchan) :

Renaud élargit son registre et offre pour la première fois un blues classique, ponctué d'un "Oooh yeah" faussement ricain. Cette chanson montre que l'artiste n'a pas fait totalement table rase du passé afin que ses premiers fans, ceux du titi parisien, s'y retrouvent. L'accent est mis sur la dérision en se moquant gentiment des séparatistes de toutes régions pour dire en fin de compte que si l'on commence à mettre des territoires et des frontières, des barbelés ou des drapeaux entre les peuples, il pourrait lui aussi revendiquer son appartenance à un groupe culturel, à un territoire. "En l'occurrence, mon premier territoire, c'est ma peau ; mais en étant plus large, c'était le quatorzième arrondissement de Paris."

  • La chanson du loubard (Muriel Huster / Renaud Séchan) :

Plus sérieuse, si les mêmes éléments du loubard parisien sont présents, on nous présente un coté plus sombre de cette classe sociale. A travers un personnage interprété à la première personne, c'est la première chanson de Renaud a interpréter un sujet social sur le mode 'réel' en lieu et place du mode 'réaliste'. L'artiste s'engage enfin personnellement, le désespoir d'un ensemble de personnes devient le sien. La chanson restera une de ces références.

  • Je suis une bande de jeune (Renaud Séchan) :

Renaud reprend son thème du loubard, cette fois d'une façon plus délirante où une seule personne se prend pour une bande à part entière.

  • Adieu Minette (Renaud Séchan) :

Inspiré de ses flirts dans le lycée bourgeois Claude Bernard qu'il fréquenta en 1968, Adieu Minette confirme le personnage du loubard anti-bourgeois et anti-militariste.

  • Les charognards (Renaud Séchan) :

Cette chanson est tirée d'un fait-divers du 5 décembre 1975 auquel Renaud a assisté.

Renaud (dans Le Monde) : " Le 5 décembre 1975, y'a eu un hold-up avec prise d'otages, dans une banque de l'avenue Bosquet à Paris. Les mecs se barrent vers 2 heures du mat au volant d'une super bagnole que les bourres leur avaient prêtée, avec dedans 2 otages, 500 briques et quelques lingots. A l'angle de la rue François 1er et de la rue Pierre Charron, ils se plantent de plein fouet dans la SM d'un politicard qui s'en revenait peinard du Sénat où venait de s'achever un débat sur la répression du banditisme et des prises d'otages. Les flics qui suivaient pas très loin derrière profitent de l'accident pour défourailler et canarder les deux mecs (...). C'était la première fois que je voyais un mort. (...) L'autre agonisait plus loin sous les crachats du bon peuple parisien et les insultes des flics.(...) Bien qu'ayant perdu son sang dans le caniveau pendant plus d'une demi-heure avant l'arrivée d'une ambulance, (...) l'agonisant a survécu aux balles dum-dum de l'antigang et à la haine du badaud. Il était d'ailleurs unanime le badaud. Unanime dans sa haine de l'Arabe, du blouson d'cuir, du voleur qui lui vole son argent dans sa banque, unanime dans son admiration pour ces braves policiers qui, décidément, font un métier dangereux. Tiens ? Pas loin, y'a un badaud unanime, en cuir clouté, qui s'fait prendre à partie par un groupe de manteaux gris. Il dit qu'les flics ont la détente facile et que c'qu'y vient de voir s'appelle une mise à mort. " Et si z'avaient pris ta mère comme otage ! " lance un mec. " Et si c'était ton fils le type qui crève par terre en ce moment ! " qu'y répond. Y'a du lynchage dans l'air, j'me barre. (..) J'rentre chez moi et j'écris " Les Charognards. ".

La chanson se base donc sur l'observation et la description d'une foule de badauds qui s'agglomèrent autour du corps mourant d'un petit voleur grièvement blessé par balle après un braquage raté. L'idée est de présenter la scène à travers les yeux de la personne à terre, passant un regard circulaire sur "les honnêtes gens", des caricatures de français moyen, venus contempler la scène morbide, les charognards en question, et écoutant impuissant les commentaires haineux qui lui sont adressés. Une chanson devenue rapidement très appréciée par les fans.

  • Jojo le démago (Renaud Séchan) :

Une énième description de la vie d'un parisien, cette fois-ci c'est l'histoire d'un homme usant de la démagogie pour arriver à ses fins. Cette chanson rappelle fortement le style d'Amoureux de Paname, avec La java sans joie ou Gueule d'aminche. Une fin de stock ?

  • Buffalo débile (Renaud Séchan) :

Une petite chanson qui ne dépassa jamais le cadre de cet album sur les méfaits lamentables d'un petit voyou. Véritable hymne à la démystification, Renaud ne se présente donc pas comme un vrai dur, mais bien comme une parodie de loubard. Cette chanson constitue le moyen idéal d'empêcher au public de croire totalement au personnage que l'auteur veut imposer. Les tons mineurs et pleurnichants qui la composent accentuent encore le côté volontairement minable mais renforcent la sympathie envers le personnage. Renaud aurait-il eu d'ailleurs la même carrière s'il avait joué la carte de la violence gratuite et sincère ?

  • La boum (Renaud Séchan) :

Fidèle au ton de l'album, cette chanson racontant une soirée ratée à une boum a pour vocation de faire rire. Tout est fait pour : le rythme s'accélère juste ce qu'il faut, la musique colle au sujet, l'histoire ne demande aucune réflexion et, surtout, est délivrée de façon limpide et légère.

  • Germaine (Renaud Séchan) :

Un fort goût de musette tourne autour de cette chanson d'amour rigolote qui est également l'occasion pour Renaud de lancer le premier des personnages qui garniront sa discographie. C'est également l'occasion d'aérer l'album, en ne le faisant pas graviter autour d'un seul personnage. Cette chanson ne sera néanmoins que peu reprise en public.

  • Mélusine (Renaud Séchan) :

Une musique qui bruite et craque de partout, un air répétitif mais bien balancé et des paroles en forme de variations sur le thème des circonstances de rencontre des différentes conquêtes du narrateur. Cette chanson sans prétention s'apparente à un exercice se style dont le seul but est à nouveau de distraire l'auditeur. Le hors-texte, où le chanteur intercale des impressions personnelles, des explications, des gags supplémentaires, entre deux vers, y est utilisé intensivement, une première dans ses chansons mais cette idée sera reprise de nombreuses fois par la suite.

  • La bande à Lucien (Renaud Séchan) :

Chantant les retrouvailles de deux anciens loubards, cette chanson est la première à montrer combien l'amitié est importante pour Renaud. C'est un nouveau pan fait de tendresse sympathique qui se dévoile ici et qui semble clôturer l'album par un "ce n'est qu'un au-revoir".

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