L'Ensorcelée

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L’Ensorcelée ou La Messe de la Croix-Jugan est un roman de Barbey d’Aurevilly publié par épisodes en 1852 et édité en 1854.

[modifier] Genèse de l'œuvre

C’est d’un changement dans la vie de son auteur, que naît L’Ensorcelée. Barbey d’Aurevilly, prétendu démocrate jusqu’alors, revient à la foi catholique. Il décide de fuir le présent pour le passé, et de s’éloigner de la réalité. Il s’en retourne aux sources normandes et à ses origines. De là, germe le projet de l’écriture de chroniques normandes. La guerre des chouans passionnant Barbey, ce dernier entreprend une peinture pittoresque de la Normandie et de son histoire. L’Ensorcelée est ainsi le premier volet de l’ensemble de chroniques dont le titre général serait Ouest, complété quelques années plus tard par Le Chevalier des Touches. En décembre 1849, Barbey écrit dans une lettre adressé à son ami Trébutien « Ce livre est profondément normand ». Mêlant exactitude historique, tradition orale où le fantastique éclot, L’Ensorcelée, dont le premier titre était La Messe de la Croix-Jugan, se déroule aux lendemains de la Chouannerie.

[modifier] Résumé

L’histoire relate un évènement fondateur du récit ; l’engagement de l’abbé de la Croix-Jugan auprès des Chouans. Lorsque ce dernier pense sa cause perdue, il tente de se suicider et renie son humilité de prêtre. Il survit malgré une horrible blessure au visage, signe de sa rébellion. Quelques années plus tard, « lorsqu’on rouvrit les églises » nous retrouvons cet ancien moine aux vêpres de Blanchelande. On y rencontre le personnage emblématique de Jeanne Le Hardouey, représentant en quelque sorte la construction de la démocratie et l’apparition du capitalisme. Noble, elle est l’épouse de Thomas Le Hardouey, nouveau riche. Jeanne va donner à l’œuvre de Barbey d’Aurevilly son titre fantastique. Dans une atmosphère sombre et mystérieuse, elle va subir un « ensorcellement » à la vue de cet abbé au capuchon noir. On retrouvera plus tard, Jeanne noyée dans un lavoir avec une lourde interrogation en abîme : qui est responsable de ce désastre ?

[modifier] Parution

L’œuvre paraîtra en feuilletons dans le Journal l’Assemblée nationale, du 7 au 10 janvier 1852 et en volume en 1854. Aucun article sur l’œuvre ne sera publié mais peu après beaucoup en parleront avec passion. Ainsi Baudelaire dira : « Je viens de relire ce livre qui m’a paru encore plus chef-d’œuvre que la première fois».