Jules Bara

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Jules Bara est un homme politique belge né à Tournai le 23 août 1835, mort à Saint-Josse-ten-Noode le 26 juin 1900. Il est considéré comme une figure de proue du libéralisme belge.

Sommaire

[modifier] Formation

Son père est médecin mais la famille est nombreuse et ne vit pas dans l'opulence. Après des études secondaires à l'athénée, athénée qui porte son nom depuis septembre 1979, il s’inscrit à l'Université libre de Bruxelles où il obtient en 1857 le diplôme de docteur en droit et en 1859 le titre de docteur agrégé après avoir défendu une thèse sur « les rapports de l'État et des religions du point de vue constitutionnel ». L’année suivante, il est professeur à l'ULB et occupe une place notable au barreau de Bruxelles.

[modifier] Carrière politique

Les libéraux tournaisiens le remarquent et font de lui leur candidat aux élections législatives de 1862. À vingt-sept ans, Jules Bara est député et le restera jusqu’en 1894, date à laquelle il deviendra sénateur. Il fut deux fois ministre de la Justice (de 1865 à 1870 et de 1878 à 1884).

Pendant son premier ministère, Bara dépose un nouveau code pénal, un code pénal militaire, plusieurs chapitres du code de commerce. Il régle aussi l’organisation judiciaire. Sur ces deux points, le conservatisme du Sénat empêche des réformes.

Le 28 novembre 1866, Bara dépose un projet de loi abolissant la contrainte par corps ; le Sénat s’y oppose avec obstination. Partisan de l’abolition de la peine de mort, il ne peut faire triompher son point de vue, mais dans la pratique, il a la satisfaction de voir le roi user de son droit de grâce.

Après la victoire de son parti aux élections de 1878, il fait naturellement partie du cabinet. Le portefeuille de la justice lui est à nouveau confié. Pendant six ans, Jules Bara fait une guerre à coups d'épingle au clergé.

Il s'occupe de l'œuvre essentielle du gouvernement, la réforme scolaire. Adversaire depuis longtemps de la loi de 1842, il soutient les efforts de Frère-Orban et Pierre Van Humbeeck. Il dépose notamment le projet de loi sur les enquêtes parlementaires qui permet la proposition d'enquête scolaire de 1880.

Quant à son œuvre juridique, il charge le professeur Laurent de la révision du code civil. En 1883, il réussit à rendre facultatifs les livrets d'ouvriers. Le livret obligatoire était une manifestation de l’infériorité juridique des ouvriers. Cette obligation avait été introduite sous le régime français par la loi du 22 germinal-2 floréal an XI. Cette loi, « relative aux manufactures, fabriques et ateliers » établissait entre autres un certain nombre de règles concernant les « obligations entre les ouvriers et ceux qui les emploient ». Le but des livrets était de fournir aux patrons un procédé pour se prémunir contre les ouvriers qui quitteraient leur travail sans avoir accompli tous leurs engagements.

Arrive 1884, « l’année terrible du libéralisme ». La chute du gouvernement est causée par les effets de la loi Van Humbeeck sur l’instruction primaire (par laquelle les libéraux laïcisaient l’enseignement). Dès lors, la carrière ministérielle de Bara s’achève. À quarante-neuf ans, il quitte à jamais le pouvoir, au moment où Léopold II le nomme ministre d'État le 8 juin 1884.

Il s'oppose longtemps au service personnel et son culte de la liberté lui fait condamner l'encasernement généralisé et prolongé. Il n'est pas non plus partisan de la colonisation du Congo.

En juin 1900, l’avocat Bara se prépare à plaider un important dossier ; la guerre des Boers fait rage en Afrique du Sud. Un procès concernant les chemins de fer du Transvaal est ouvert à Bruxelles.

Bara n’en voit pas le verdict : le 20 juin, il est frappé d’une congestion cérébrale.

[modifier] Analyse

Ses combats furent sous-tendus par une idée-force : assurer l'indépendance de l'État et du pouvoir civil vis-à-vis des Églises et plus particulièrement l'Église catholique. L'école est, dans ce combat, un des enjeux majeurs. Avec ses amis, les libéraux doctrinaires, Jules Bara défend l'école laïque. Mais il bataille aussi pour assurer aux non-croyants une sépulture digne et chercha à réduire la position matérielle de l'Église. On imagine aisément que les catholiques ne lui pardonnèrent pas ses initiatives : la presse de l’époque reflète d'ailleurs la virulence des luttes politiques qui secouaient le pays.

[modifier] Voir aussi

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