Jour de fête (film)

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Jour de fête est un film français réalisé par Jacques Tati et sorti sur les écrans en 1949.

Sommaire

[modifier] Synopsis

Les forains arrivent dans le petit village paisible de Follainville. François, le facteur, voit au cinéma un reportage sur la poste en Amérique. Il décide de moderniser la distribution du courrier.

[modifier] Fiche technique

  • Titre : Jour de fête
  • Réalisation : Jacques Tati
  • Production : Fred Orain pour Cady-Film
  • Scénario et dialogues : Jacques Tati, Henri Marquet et René Wheeler
  • Image : Jacques Mercanton, Jacques Sauvageot
  • Musique : Jean Yatove
  • Son : Jacques Maumont
  • Décors : René Moulaert
  • Montage : Marcel Moreau
  • Durée : 75 minutes
Tournage : été 1947

[modifier] Distribution

  • Jacques Tati : François le facteur
  • Paul Frankeur : Marcel, un forain
  • Guy Decomble : Roger, un forain
  • Santa Relli : la femme de Roger
  • Maine Vallée : Jeanette
  • Roger Rafal : le coiffeur
  • Jacques Beauvais : le cafetier (non crédité)
  • Delcassan : la commère
  • Valy
  • Robert Balbo
  • Henri Marquet
  • Micheline Tati-Winter
  • Alexandre Wirtz (non crédité)
  • Les habitants de Sainte-Sévère-sur-Indre

[modifier] Récompenses

[modifier] Autour du film

Jacques Tati et son ami et collaborateur Henri Marquet se réfugient dans une ferme aux environs de Sainte-Sévère-sur-Indre, vers 1943 où ils y passeront plusieurs mois. C'est dans cette localité qu'il connaît donc bien que Tati tournera Jour de fête, en 1947.

C'est dans le court métrage L'École des facteurs (1947, 13 minutes) que Tati crée le personnage de François le facteur, qui sera repris dans Jour de fête.

Jour de fête aurait dû être un des premiers films français en couleur de l’après-guerre, avec Le Mariage de Ramuntcho (1947) de Max de Vaucorbeil, tourné avec des stocks d'Agfacolor récupérés après la Libération, et La Belle Meunière de Marcel Pagnol (procédé additif Rouxcolor). La société Thomson-Houston avait proposé à Tati d'utiliser un nouveau procédé, baptisé Thomsoncolor, pour lequel elle fournissait pellicule et assistance technique. À l'époque, le procédé Technicolor n’était pas encore utilisé en France, le seul laboratoire européen se trouvait en Grande-Bretagne, et le coût élevé du procédé était très au-delà des possibilités financières des productions françaises dans la pénurie de l'après-guerre.

Tati et son producteur Fred Orain acceptèrent donc l'offre de Thomson, mais sur les conseils du chef opérateur Jacques Mercanton, les prises de vue en couleur furent « doublées » avec des prises simultanées en noir et blanc, ce qui sauva le film, puisque Thomson s'avéra incapable de tirer des copies couleur d'après le matériel original. Ce procédé additif utilisait une pellicule gaufrée, l'optique de la caméra était équipée d'un filtre rouge-vert-bleu qui assurait une sélection trichrome sous forme d'un réseau ligné derrière le gaufrage.

Le film sortit à Paris en 1949 et rencontra le succès. Mais Tati regretta toujours de ne pas pouvoir présenter son œuvre en couleurs. Il avait pris soin lors du tournage de faire peindre les portes des maisons en gris et d'habiller les villageois de couleurs sombres. Il comptait ainsi mettre en évidence l'arrivée des forains, qui apportaient gaieté et couleur dans le village. C'est probablement cet échec technique qui le poussa à imaginer une autre solution. En 1961, à la demande de Bruno Coquatrix, il monte « Jour de Fête à l'Olympia », un spectacle combinant des scènes de music-hall et la projection d'extraits de son film. À cette occasion, certaines scènes sont partiellement coloriées par un procédé connu sous le nom de « pochoir ».

Cette expérience l'encourage à ressortir une nouvelle version du film, avec des inserts en couleurs, qui est présentée au public au cinéma l'Arlequin en 1964. Des scènes sont retournées comportant un nouveau personnage : un peintre qui fait office de narrateur, et justifie l'arrivée de la couleur dans le film. La bande sonore est entièrement réenregistrée sur pellicule magnétique.

L'histoire ne s'arrête pas là. En 1988, Sophie Tatischeff, monteuse et fille de Jacques Tati, et Francois Ede, chef opérateur, entament un minutieux travail de restauration et de montage à partir du matériel original qui avait été conservé. Le système optique qui permet d’obtenir la restitution des couleurs est reconstitué, et permet plus de quarante ans après le tournage de retrouver les couleurs d’origine. La restauration de cette version inédite est présentée au public le 11 janvier 1995, en ouverture de la célébration du centenaire du cinéma.

  • Sainte-Sévère-sur-Indre, 19 juin 1949[1] : « Ce soir, sur la grand-place, on ne projette pas un film sur la poste américaine, mais Jour de fête. Le petit village où Jacques Tati s'est réfugié pendant la guerre et où il a tourné durant tout l'été 1947, retrouve son bientôt immortel facteur. Le procédé Thomsoncolor, expérimenté par Tati sur le tournage, posant trop de difficultés techniques, les villageois se verront et pour longtemps encore, jusqu'en 1995, en noir et blanc. Ce qui n'empêche pas le film d'aller à Venise puis à Cannes et d'y rafler des prix. »

[modifier] Anecdotes

Dans le film Les Triplettes de Belleville les Triplettes regardent Jour de Fête dans leur lit. Une façon pour le réalisateur de rendre hommage à Jacques Tati.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens externes

[modifier] Bibliographie

  • François Ede : Jour de Fête ou la Couleur retrouvée, Cahiers du Cinéma, Paris 1995.

www.tativille.com : le site de Jacques Tati, avec toutes les références bibliographiques

[modifier] Filmographie

  • Jours de Fête à St-Sévère, documentaire de Patrick Le Gall, produit par PAV Communication, réalisé lors du cinquantième anniversaire du tournage du film de Jacques Tati.

[modifier] Notes et références

  1. Extrait de Petites histoires de cinéma par Hervé Le Roux, Édition Association 1er siècle du cinéma (hors-commerce), Paris, 1995.