Joseph Marie de Suarès

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Joseph Marie de Suarès (1599-1677), hagiographe, historien, évêque de Vaison-la-Romaine (1633-1666) et bibliothéquaire pontifical. Il avait pris comme devise : Unicuique Sua Res.

Sommaire

[modifier] Biographie

Le cardinal Pierre de Luxembourg par la Maître de la Pieta d'Avignon
Le cardinal Pierre de Luxembourg par la Maître de la Pieta d'Avignon

Il naquit le 5 juillet 1599, le jour de la fête de Pierre de Luxembourg, cardinal d'Avignon pendant le Grand Schisme d'Occident. Cet évènement allait influencer toute sa vie.

[modifier] Son œuvre hagiographique

Elle fut essentiellement consacrée au cardinal de Luxembourg[1]. Le futur évêque rédigea en latin deux panégyriques à son sujet qu'il dédia au cardinal Francesco Barberini[2]. Ces duo sermones de sancto Petro Luxemburgo sont intitulés De Laudibus de Beato Patri a Luxemburgo et Oratio de Beato Petro Luxemburgo[3]. Ils furent prononcés les 5 juillet 1621 puis le 5 juillet 1626 par ses frères cadets François de Suarès (1608-1678) et Louis-Marie de Suarès (1612-1673) lors de la fête du cardinal en l'église des Célestins d'Avignon.

[modifier] Ses travaux historiques et épigraphiques

Il prit la suite de Nicolas-Claude Fabri de Peiresc[4] dans le relevé des blasons du XIVe siècle pontifical d'Avignon. Entre 1622 et 1638, il entreprit de croquer les dix-huit écus peints dans la Livrée de Florence[5].

En 1662, il fit graver une plaque en l’honneur de son prédécesseur Pierre de Casa, mort de la Peste Noire qui indiquait : VENERABILI PETRO DE CASA, PRIORI GENERALI ORDINIS CARMELITARVM, PATRIARCHÆ JEROSOLIMITANO, HVJVS EPISCOPATVS ADMINISTRATORI. OBIIT ANNO SALVTIS MCCCXLVIII, DIE TERCIA NONA AUGVSTI ET MIRACVLIS CLARVIT. Joseph-Maria, episcopus Vasionensis. P. C. Cette épitaphe n’est plus aujourd’hui in-situ.

On sait qu'il rédigea aussi l'épitaphe de Béatrix de Provence et de Robert d'Anjou, roi de Naples et comte de Provence, son petit-fils. Dans une lettre autographe présentant ses principaux travaux, Suarès note qu'il a établi une généalogie des comtes de Castres de la maison des Châtillon.

La cathédrale de Vaison-la-Romaine
La cathédrale de Vaison-la-Romaine

Plus importants furent ses travaux épigraphiques. Il les initia dès qu'il fut nommé évêque de Vaison et qu'il trouva sur place pour l'aider un petit groupe d'amateurs et d'antiquaires parmi son clergé et les notables[6]. Ils recueillirent les vestiges de la ville romaine qui affleuraient. Ce travail de collecte et de copie des inscriptions demeure fort précieux en particulier pour les pièces disparues[7].

[modifier] Le restaurateur de la cathédrale et de Saint-Quenin

La cathédrale de Notre-Dame de Nazareth, abandonnée par ses prédécesseurs, menaçant ruines, il fit consolider ses voûtes. Son second grand chantier fut la reconstruction de la nef de la chapelle romane de Saint-Quenin. Sa restauration à l'antique avait été entreprise dès 1630 sous l'égide de la Confrérie de saint Quenin. Dès 1633, l'évêque s'associa à cette œuvre et lui apporta son concours financier. Deux inscriptions dans la nef et le blason des Suarès gravés par deux fois sur les voûtes attestent de ce mécénat[8].

[modifier] Sa carrière au service de la Curie romaine

Son érudition le fit remarquer à Avignon par le vice-légat Jean-François de Bagni. Quand il fut libéré de sa charge, celui-ci l'amena à Bruxelles où il avait été nommé nonce comme secrétaire des lettres latines. Il partit d'Avignon le 11 mai 1621, arriva à Bruxelles le 17 juillet puis rejoignit l'ancienne cité papale le 29 août 1622.

Dès sa nomination comme évêque de Vaison, il devint vicaire de Saint-Pierre de Rome et camérier secret du pape Urbain VIII en 1633 puis bibliothéquaire du Vatican en 1668[9].

[modifier] Notes

  1. Cf. Le Peuple des Saints, croyances et dévotion en Provence et Comtat Venaissin des origines à la fin du Moyen-Âge, pp. 87 à 107, Michel Feuillas, Une tradition hagiographique : les panégyriques latins du bienheureux Pierre de Luxembourg dans l'église des Célestins d'Avignon au XVIIe siècle, Mémoire de l'Académie de Vaucluse, 1987.
  2. . J. M. de Suarès était le secrétaire du cardinal Barberini. Ce fut à ce titre qu'il classa pour le cardinal des herbiers potagers d'Égypte envoyés par Nicolas-Claude Fabri de Peiresc.
  3. Ils ont été retrouvés par Michel Feuillas de l'Université d'Avignon dans les Archives Suarès d'Aulan. Ils sont cotés 111/4.
  4. Fabri de Peiresc avait relevé les blasons du palais de la vice-gérence d'Avignon où résidait Hugues de la Roche, maréchal de la Cour pontificale.
  5. Ces relevés furent regroupés par Suarès sur deux feuilles volantes dans son manuscrit Avenionis Antiche Documenta entreposé à la Bibliothèque du Vatican (ms. Barberini, latins 3055 (*74).
  6. Parmi eux, l'histoire a retenu les noms de l'archidiacre Jean Rattaler et de Scipion de Blégiers, sieur de la Villasse.
  7. Les recueils épigraphiques de l'évêque de Vaison sont déposés à la bibliothèque Vaticane et intitulés Inscriptiones supar in Gallis (Vat. Lat. 9141).
  8. La restauration de Saint-Quenin fut achevée en 1636. cf. J. M. Rouquette, Provence Romane I, Éd. Zodiaque, La Pierre-qui-Vire, 1974. Le blason des Suarès d'Aulan se lit : «d'azur à une tour d'argent maçonnée ouverte et ajourée de sable et surmontée d'une aigle d'or couronnée à l'antique du même, supports deux aigles couronnées  ». Un portrait de Joseph-Marie de Suarès, peint en 1669, présente une curieuse variante du blason de sa famille par l'adjonction d'un chef arrondi d'azur à trois abeilles d'or qui sont les armes du cardinal Barberini. Celles-ci sont placées sous un chapeau ecclésiastique à trois rangs de houppe.
  9. Ce fut sans doute à cette époque qu'il écrivit «Sur un drame de saint Alexis » pièce en musique qui fut représentée à Rome, puis le livret «De bello Succico et Belgico » pour le Père Framian.

[modifier] Bibliographie

  • Louis Anselme Boyer de Sainte-Marthe, Histoire de l’Église cathédrale de Vaison, suivie d'un recueil de pièces parmi lesquelles est une traduction en vers français de la Chorographie du diocèse de Vaison composée en vers latins par Joseph-Marie de Suarès, Avignon, 1741.
  • M. H. Laurent, Le De Rebus Avenionensibus de J. M. Suarès, Provence Historique, 1956.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens externes