Jeu du loup

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Le jeu du loup est un jeu de poursuite très répandu parmi les enfants. Il est selon les régions, appelé chat ou t'y es (nord de la France) ou encore puce (Belgique).

Sommaire

[modifier] Règles

Un joueur est désigné comme le loup (ou le chat ou encore la puce). Il doit alors courir après les autres joueurs jusqu'à ce qu'il réussisse à en toucher un. Ce dernier devient alors le loup. (le toucheur dit alors "chat !" ou "t'y es !" ou simplement "touché !")

Pour éviter les changements trop rapides, on peut interdire de toucher son père, c'est-à-dire que le nouveau loup ne peut rendre la main à celui qui vient de le toucher : on tournerait alors en rond. La règle dite "du cadenas" est également fort répandue: il s'agit de former un cadenas en joignant le pouce & l'index de chaque main et de former ledit cadenas avec les deux mains afin que la personne faisant cadenas ne puisse devenir le canidé tant redouté. Généralement, il convient de s'exclamer "cadenas" lorsque l'on est touché par le loup & que l'on fait cadenas.

Certains lieux de l'espace de jeu peuvent être définis comme inviolables : dans la variante du chat perché, un joueur perché sur un objet ne peut pas être changé en chat. On appelle cet espace le crique-craque. Dans une autre variante, toucher un objet d'une couleur particulière qui change régulièrement offre la même protection.

[modifier] Variantes

À la Réunion, un jeu de ce type est associé au personnage légendaire de Grand-Mère Kalle. Le joueur qui l'incarne se fait questionner par les autres participants sur l'heure qu'il est censé être. Il propose les réponses fictives de son choix avant de soudainement s'écrier "minuit". La course-poursuite peut alors commencer. Le joueur touché devient Grand-Mère Kalle et la partie suivante débute.

[modifier] Loup cloué

Lorsque le loup touche un joueur celui-ci doit s'imobiliser, tendre ses bras à la verticale, et écarter les jambes. Le seul moyen de pouvoir à nouveau jouer et de laisser passer un joueur entre ses jambes pour le "déclouer". Il peut y avoir un crique-craque, comme il ne peut pas y en avoir.

[modifier] Loup "contagieux"

Comme s'il s'agit d'un agent patogène, lorsque le loup touche un joueur, celui-ci se transforme à son tour en loup ayant les mêmes pouvoirs. Les parties sont ainsi courtes. Il peut y avoir un crique-craque, comme il ne peut pas y en avoir.

[modifier] Le jeu du loup au milieu du dix-huitième siècle

« Vers la fin de juillet, après que le regain était assez poussé pour faire paître les chevaux, les adolescents qui les gardaient se réunissaient dans la prairie et s'y amusaient à différents jeux, capables de donner une idée de la vie des anciens bergers. (...) Quant au jeu du loup, toujours réservé pour l'obscurité, il était sans but moral, au moins apparent. On plantait un piquet en terre ; on y attachait une longue corde formée de plusieurs chevêtres de cheval. On choisissait le premier loup ; ordinairement ce titre était ambitionné. On l'attachait à la corde, on lui bandait les yeux, puis on s'écartait. Alors on lui jetait, les garçons leurs chapeaux ou leurs bonnets, les filles leurs tabliers ou leurs fichus roulés, et jusqu'à des chemisottes ou des corsets. Le loup devinait à qui appartenait le chapeau, le tablier, le fichu, ou il le mettait au pied de son piquet s'il ne devinait pas : on tâchait alors de les reprendre. Mais s'il avait deviné un garçon, celui-ci était loup à son tour ; au lieu que si c'était une fille, il la mangeait, c'est-à-dire qu'il la fourrageait assez librement. On était guère attrapé qu'en voulant reprendre les gages amoncelés autour du piquet du loup. Ce jeu était fort innocent entre des enfants tels que j'étais, mais quelquefois les garçons de quinze à vingt ans s'en mêlaient, et alors il s'y passait des choses peu décentes. Cependant messire Antoine Foudriat ne voulut jamais, ni le défendre, ni recommander de la décence dans ce jeu ; il disait que depuis plus de cinq cents ans, on avait pas ouï dire qu'il y fût rien arrivé d'essentiel et qu'il suffirait de le défendre pour qu'il devînt criminel. Ce sage pasteur mourut ; son successeur, messire Louis Jolivet, défendit le jeu qui devint criminel : il fallut que le pouvoir civil le proscrivît. »[1]

[modifier] Notes et références de l'article

  1. Restif de la Bretonne (1734-1806) : La vie de mon père (1779)

[modifier] Voir aussi