Jan Swammerdam

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Jan Swammerdam
Jan Swammerdam

Jan Swammerdam (12 février 1637 à Amsterdam17 février 1680 à Amsterdam) est un naturaliste hollandais.

Son père, apothicaire à Amsterdam, collectionnait tout ce que les vaisseaux pouvaient ramener des Indes. Le fils voulut les ranger et en faire un catalogue. Enfermé dans son cabinet, isolé de sa famille qui ne le comprend guère, il se passionne pour les insectes. Grâce au microscope, il découvre la métamorphose des insectes. En 1658, il décrit le premier un globule rouge. En 1680, pauvre, isolé, malade depuis longtemps, il s'enferme chez lui, ne voulant plus sortir. Il lègue ses manuscrits à son seul ami, le Français Melchisédech Thévenot.

Antoine van Leeuwenhoek reprendra ses travaux.

[modifier] L'éloge de Jules Michelet

« Que savait-on de l'infini, avant 1600 ? Rien du tout. Rien de l'infiniment grand ; rien de l'infiniment petit. La page célèbre de Pascal, tant citée sur ce sujet, est l'étonnement naïf de l'humanité si vieille et si jeune, qui commence à s'apercevoir de sa prodigieuse ignorance, ouvre enfin les yeux au réel et s'éveille entre deux abîmes.

Personne n'ignore que Galilée, ayant reçu de Hollande le verre grossissant, construisit le télescope, le braqua et vit le ciel. Mais on sait moins communément que Swammerdam, s'empara avec génie du microscope ébauché, le tourna en bas, et le premier entrevit l'infini vivant, le monde des atomes animés ! Ils se succèdent. À l'époque où meurt le grand Italien (1632), naît ce Hollandais, le Galilée de l'infiniment petit (1637). [...]

Rien de plus curieux que d'observer les impressions toutes contraires que les deux révolutions firent sur leurs auteurs. Galilée, devant l'infini du ciel, où tout paraît harmonique et merveilleusement calculé, a plus de joie que de surprise encore ; il annonce la chose à l'Europe dans le style le plus enjoué. Swammerdam, devant l'infini du monde microscopique, paraît saisi de terreur. Il recule devant le gouffre de la nature en combat. Il se trouble ; il semble craindre que toutes ses idées, ses croyances, n'en soient ébranlées. État bizarre, mélancolique, qui, avec ses grands travaux, abrège ses jours. [...]

Le grand médecin Boerhaave, qui cent ans après Swammerdam, publia avec un soin pieux sa Bible de la nature, dit un mot surprenant et qui fait rêver : « Il eut une ardente imagination de tristesse passionnée qui le portait au sublime. » Ainsi ce maître des maîtres dans les choses de patience, insatiable observateur du plus minutieux détail, qui poursuivit la nature si loin dans l'imperceptible, c'était une âme poétique, un homme d'imagination, un de ces mélancoliques qui veulent l'infini, rien de moins, et meurent de l'avoir manqué.[1] »

On trouve cette référence à Swammerdam dans Le métier et la vocation de savant, de Max Weber : « Rappelez-vous l'aphorisme de Swammerdam : “Je vous apporte ici, dans l'anatomie d'un pou, la preuve de la providence divine”, et vous comprendrez quelle a été à cette époque la tâche propre du travail scientifique, sous l'influence (indirecte) du protestantisme et du puritanisme : trouver le chemin qui conduit à Dieu ».

[modifier] Notes et références

  1. L'Insecte (1860)