Jack Johnson (boxeur)

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Pour les articles homonymes, voir Jack Johnson et Johnson.
Jack Johnson

Fiche d’identité
Nom complet John Arthur Johnson
Surnom Galveston Giant (Le Géant de Galveston)
Nationalité États-Unis États-Unis
Date de naissance 31 mars 1878
Lieu de naissance Galveston (Texas)
Date de décès 10 juin 1946
Taille 1m 92
Catégorie Poids lourds
Palmarès
Combats 123
Victoires 89
Victoires par KO 49
Défaites 14
Titres obtenus Champion du monde (lourds)
De 1908 à 1915

Jack Johnson (31 mars 1878 à Galveston, Texas - 10 juin 1946) était un boxeur américain. Surnommé « le Géant de Galveston », il fut le premier champion du monde poids lourds noir entre 1908 et 1915. Il disputa 123 combats pour 89 victoires (49 par KO), 14 défaites et 12 nuls.

Johnson remporta son premier titre le 3 février 1903 en battant "Denver" Ed Martin en 20 reprises pour le Colored Heavyweight Championship. Il défia alors le tenant du titre mondial, James J. Jeffries, mais ce dernier refusa le combat. Les boxeurs noirs pouvaient boxer contre les boxeurs blancs dans les catégories autre que poids lourds, la plus prestigieuse des catégories. Johnson brisa ce tabou en affrontant le 26 décembre 1908 le Canadien Tommy Burns à Sydney. Le combat dura 14 rounds, avant que la police n'intervienne pour l'interrompre. Les arbitres attribuèrent alors le titre à Johnson sur décision. De fait, Johnson avait puni son adversaire et l'avait mis KO technique.

En 1909, il bat Victor McLaglen, Frank Moran, Tony Ross, Al Kaufman, et le champion poids moyen Stanley Ketchel.

Sommaire

[modifier] Le « combat du siècle »

En 1910, l'ancien champion invaincu des poids lourds James J. Jeffries sort de sa retraite et annonce « Je vais combattre dans le seul but de prouver qu'un homme blanc est meilleur qu'un Nègre »[1]. Jeffries n'avait pas combattu depuis six ans et dut perdre environ 100 pounds pour faire le poids. Il semblait avoir le support de tous les blancs américains et de tous les médias, ainsi Jack London écrivit : « Jeffries gagnera sûrement car l'homme blanc a 30 siècles de traditions derrière lui - tous les efforts suprêmes, les inventions et les conquêtes, et, qu'il le sache ou pas, Bunker Hill et Thermopylae et Hastings et Agincourt »[1].

Johnson contre Jeffries en 1910
Johnson contre Jeffries en 1910

Le combat eut lieu le 4 juillet 1910 devant 22 000 spectateur sur un ring monté pour l'occasion à Reno (Nevada). On pouvait entendre dans la salle le morceau "All coons look alike to me", un des titres phares du genre de musique Coon song caractérisée par sa présentation raciste des noirs américains. Les promoteurs du combat incitèrent même le public entièrement blanc à chanter « Tuez le nègre ! »[2] avant et pendant le combat. Jeffries alla deux fois au tapis lors des 15 premières reprises de ce combat, ce qui ne lui était jamais été arrivé dans sa carrière. Son encadrement le poussa à l'abandon. Cette victoire de Johnson lui permit d'empocher 60 000 dollars et de faire taire les critiques à propos de son titre face à Burns. Nombre de spécialistes, faisant ouvertement preuve de racisme, n'admettaient pas qu'un boxeur noir fut champion du monde des poids lourds[réf. nécessaire], et considéraient le match Burns-Johnson comme non significatif. Pour eux, Jeffries était le champion invaincu. L'annonce de cette victoire fut marquée par des agressions racistes de blancs sur des noirs à travers tous les Etats-Unis[3], principalement dans l'Illinois, le Missouri, l'Ohio, la Pennsylvanie, le Colorado, le Texas et les villes New York et Washington. Le poète noir William Waring Cuney publia un poème pour marquer ces évènements : My Lord, What a Morning. Certains états américains interdirent la diffusion du film du match puis interdirent que les rencontres de Johnson contre des boxeurs blancs soient filmées. En 2005, le film de ce match historique fut placé sur la liste du National Film Registry.

Johnson défraya de nouveau la chronique en épousant une femme blanche. Il dut fuir au Canada puis en France afin d'éviter la prison pour une violation de la loi Mann qui interdit le transport de femmes à travers les états en vue de prostitution ou d'actes dits "immoraux", faits qu'il réfute mais qui le condamne à 1 an de prison.[4]

Johnson perd son titre le 5 avril 1915 face à Jess Willard lors d'un match disputé à La Havane (Cuba) devant 25 000 spectateurs. Prévu en 45 reprises, ce combat est arrêté après 26 reprises à la suite du KO de Johnson.

Johnson revient aux Etats-Unis en 1920 où il purge un an de prison pour avoir épousé une femme blanche. Il divorce en 1924 et meurt dans un accident de la route en 1946. Il fut introduit au Panthéon de la boxe en 1954. Une pièce de théâtre d'Howard Sackler, The Great White Hope (L'Insurgé), raconte sa carrière.

Jack Johnson
Jack Johnson
Tombe de Johnson à Chicago
Tombe de Johnson à Chicago

[modifier] Notes et références

  1. ab Remnick, David "Struggle for his soul", The Observer, 2003-11-02. Consulté le 11 juin 2008
  2. Zirin, Dave "The Hidden History of Muhammad Ali", Edge of Sports
  3. « Jack Johnson, le champion qui divisa l'Amérique », par Lucas Armati, Télérama, Samedi 7 juin 2008.
  4. Film documentaire Unforgivable Blackness: The Rise and Fall of Jack Johnson de Ken Burns, 2005.

[modifier] Autobiographie

  • In the Ring and Out, 1927

[modifier] Voir aussi

[modifier] Bibliographie

  • Denzil Batchelor, Jack Johnson and His Times, Londres, Phoenix Sports Books, 1956, 190 p.
  • Robert H. DeCoy, Jack Johnson. The Big Black Fire, Los Angeles, Holloway House Publishing Company, 1991, 320 p. (ISBN 0870675818)
  • Finis Farr, Black Champion. The Life and Times of Jack Johnson, Fawcett, 1969, 192 p.
  • Sal Fradella, Jack Johnson, Boston, Branden Books, 1990, 116 p. (ISBN 0828319316)
  • Al-Tony Gilmore, Bad Nigger! The National Impact of Jack Johnson, Port Washington, Kennikat Press, 1975, 162 p. (ISBN 0804690618)
  • Nick Healy, Jack Johnson, Chicago, Raintree, 2003, 64 p. (ISBN 1410900363)
  • Thomas R. Hietala, The Fight of the Century. Jack Johnson, Joe Louis, and the Struggle for Racial equality, Armonk, M.E. Sharpe, 2004, 390 p. (ISBN 0765607239)
  • Robert Jakoubek, Nathan Irvin Huggins, Jack Johnson, New York, Chelsea House, 1990, 111 p. (ISBN 0791011135)
  • Graeme Kent, Harry Carpenter, The Great White Hopes. The Quest to Defeat Jack Johnson, Stroud, Sutton, 2007, 253 p. (ISBN 075094613X)
  • Kevin J. Mumford, Interzones. Black/White Sex Districts in Chicago and New York in the Early twentieth century, New York, Columbia University Press, 1997, 248 p. (ISBN 0231104928)
  • Randy Roberts, Papa Jack. Jack Johnson And The Era Of White Hopes, New York, Free Press ; Londres, Collier Macmillan, 1983, 304 p. (ISBN 0029266408)
  • Geoffrey C. Ward, Unforgivable Blackness, The Rise and Fall of Jack Johnson, New York, A.A. Knopf, 2004, 512 p. (ISBN 0375415327)

[modifier] Liens externes