Ivica Račan

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Ivica Račan
Ivica Račan

Ivica Račan (né le 24 février 1944 à Ebersbach, Allemagne - mort le 29 avril 2007) était un homme politique croate, membre du Parti social-démocrate de Croatie. Il fut Président du gouvernement de Croatie du 27 janvier 2000 au 23 décembre 2003.

Sommaire

[modifier] Biographie

Ivica Račan est né à Ebersbach en Allemagne, où sa mère était internée dans un camp de travail. Sa mère et lui survécurent au bombardement Allié sur Dresde en 1945 en se terrant pendant des jours dans les caves d'un immeuble effondré. Il a été marié à trois reprises et a deux fils de son premier mariage.

En 1970, Račan sortit diplômé de la faculté de droit de l’Université de Zagreb. Il mène, entre 1965 et 1974 une carrière de chercheur à l’Institut de recherche en Sciences sociales à Zagreb avant de se consacrer à ses fonctions politiques. Il exerce les fonctions de directeur du Collège politique Josip Broz Tito à Kumrovec [1] et est rédacteur de la revue de recherche en sciences sociales et politiques Kumroveški zapisi (Chroniques de Kumrovec) de 1982 à 1986 avant de se consacrer définitivement à la vie politique.

[modifier] Vie politique

[modifier] Sous la Yougoslavie

Ivica Račan s'engage tôt dans la vie politique du temps de l'ex-Yougoslavie en devenant membre de la Ligue des communistes de Croatie. Dans les années 1970, il s'éleva progressivement dans les rangs du parti et de la Nomenklatura après la les purges qui suivirent le Printemps croate. Il est membre de la présidence du Comité central de la Ligue des communistes de Croatie entre 1972 et 1982 puis membre de la présidence du Comité central de la Ligue des communistes de Yougoslavie de 1986 à 1989, où il prôna, avec les membres slovènes, le pluralisme politique. A la fin des années 1980, il émergea comme un des dirigeants du parti communiste ce qui lui permit d'être élu président du Comité central de la Ligue des communistes de Croatie le 13 décembre 1989. Très rapidement, Račan annonça la tenue des premières élections démocratiques pluralistes dans un délai de quatre mois. Il rompit également avec d'autre tabous de la Yougoslavie communiste : il fut le premier président du comité central de la Ligue des communistes de Croatie à souhaiter publiquement Noël aux croyants en Croatie, en décembre 1989.

Dès le mois qui suivit son élection à la tête de la Ligue des communistes de Croatie, Račan mena la délégation croate au 14ème congrès de la Ligue des communistes de Yougoslavie qui se tint en janvier 1990. Le congrès fut dominé par les partisans de Slobodan Milošević, chef de la Ligue des communistes de Serbie, qui prirent des positions ultra-nationalistes et dogmatiques. Les délégations slovène et croate furent systématiquement mises en minorité ce qui amena la délégation slovène à déclarer qu'elle quittait le parti. Milošević essaya d'exercer des pressions sur Račan pour qu'il reste mais ce dernier répondit qu'une Ligue des communistes de Yougoslavie sans les slovènes n'était pas envisageable. Sans la délégation Croate, il était impossible de reconvoquer un congrès.

En vue des premières élections parlementaires libres en Croatie qu'il avait décidé d'organiser en 1990, Račan transforma la Ligue des communistes de Croatie en "Parti social-démocrate, parti du changement démocratique" et devint son président. Durant la campagne électorale, il créa une forte contre-verse lorsqu'il évoqua l'Union démocratique croate (HDZ), vainqueur potentiel des élections, comme un "parti aux intentions dangereuses". Son parti perdit les élections mais il assura le bon déroulement de la passation de pouvoir au HDZ victorieux. Račan fut élu député à la Chambre des représentants du Sabor et la position du Parti social-démocrate, parti du changement démocratique, de premier parti de l'opposition, lui permit de devenir le premier dirigeant de l'opposition.

[modifier] Sous la République de Croatie

Avec le début de la Guerre de Croatie (1991-1995), le Parti social-démocrate, parti du changement démocratique connut de nombreuses défections, y compris au plus haut niveau. Cette situation amena Račan à se préoccuper plus de la survie du parti qu'il dirigeait que de s'opposer au pouvoir du président de la République Franjo Tuđman. Sa tolérance à l'égard de certaines décisions politiques très contre-versées (infractions aux droits de l'homme, privatisations au profit de profiteurs de guerre) l'amena à abandonner le leadership de l'opposition à Dražen Budiša, président du Parti social libéral croate (HSLS). Račan continua à réformer le Parti social-démocrate en le purgeant de l'idéologie communiste ainsi que de ses éléments les plus gauchistes et en le fusionnant en 1994 avec le Parti des sociaux-démocrates de Croatie pour former le Parti social-démocrate de Croatie. En août 1998, Račan et Budiša formèrent une alliance en vue des élections parlementaires de décembre 2000. Cette alliance fut élargie à quatre autres partis du centre et du centre-droit ce qui leur permit de remporter les élections.

Račan devint, le 27 janvier 2000, le premier chef de Gouvernement de la Croatie indépendante à ne pas être issu d'un parti nationaliste. Tout comme le nouveau président élu Stjepan Mesić, il était considéré comme le nouveau dirigeant réformiste, symbolisant la rupture avec l'autoritarisme et le nationalisme du passé. Cependant, Račan ne réussit pas à assurer la cohésion de la coalition gouvernementale composée de 6 partis. Son style de gouvernement fut symbolisé par la phrase odlučno možda (Décisif peut-être). Le HSLS prit une approche plus nationaliste face aux accusations de tolérance envers les criminels de guerre faites par le TPIY ; ceci affecta Račan et son gouvernement. Račan démissionna de sa fonction du chef du Gouvernement, le 5 juillet 2002, après que le HSLS ait fait obstruction à la ratification d'un accord important avec la Slovénie au sujet du statut de ma centrale électrique nucléaire commune de Krško. Par la suite, le HSLS se scinda en deux factions : la faction principale quitta le gouvernement alors que la faction dissidente forma un nouveau parti dénommé Libra (Parti des démocrates-libéraux) qui permit à Račan de former un gouvernement à la composition légèrement modifiée. Ce nouveau gouvernement resta en place jusqu'aux élections parlementaires suivantes.

La coalition de centre-gauche perdit la majorité aux élections parlementaires de novembre 2003 et Ivica Račan cessa d'exercer les fonctions de président du Gouvernement le 23 décembre 2003, lorsque le nouveau Parlement investit son successeur Ivo Sanader du HDZ.

Le SDP est régulièrement vu comme le parti le plus populaire de Croatie dans les sondages d'opinion et Ivica Račan était considéré jusqu'à début 2007 comme le chef de l'opposition. Alors qu'il était considéré comme un chef de Gouvernement hésitant, il s'avéra être très adroit pour réformer son parti et pour lui assurer la direction de l'opposition.

Ivica Račan annonce le 31 janvier 2007, qu'il quitte temporairement la vie politique pour des raisons de santé. Sa santé commence à se détériorer et il apparait que le cancer dont il est atteint commence à se propager dans son cerveau. A la suite d'une nouvelle dégradation de son état de santé, Ivica Račan annonce le 11 avril 2007 qu'il se retirait définitivement de la vie politique croate.

Il meurt le 29 avril 2007 d'un cancer du reins[1].

[modifier] Sources et references

[modifier] References

  1. (en)http://www.voanews.com