Irving Fisher

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Irving Fisher
Naissance : 27 février 1867
Saugerties, New York, État de New York (Etats-unis d'Amérique)
Décès : 29 avril 1947
New York (Etats-unis d'Amérique)
Nationalité : américaine
Champs : Économie
Célèbre pour : taux d'intérêt, théorie du capital, les théories de Böhm-Bawerk, Mathématisation des théories économiques

Irving Fisher, né à Saugerties (État de New York) le 27 février 1867 et mort à New York le 29 avril 1947, est un économiste américain connu pour ses travaux sur les taux d'intérêt et la théorie du capital. Dans ce dernier domaine, il reprend et développe les théories de Böhm-Bawerk en leur donnant une formulation mathématique.

Sommaire

[modifier] Crise financière et déflation par la dette

Il montre notamment comment le mécanisme de déflation par la dette qui a fonctionné pendant les années 1930 a aggravé la dépression : après la crise financière de 1929, les agents (entreprises et ménages) qui se retrouvent fortement endettés vendent leurs actifs financiers pour tenter de rembourser leurs dettes. Mais ces ventes massives font baisser les prix, ce qui accroît finalement la valeur réelle de la dette et nécessite donc de nouvelles ventes d'actifs : « Pour chaque dollar remboursé, les agents accroissent d'autant le montant de leur dette. »

Pour Irving Fisher, les grandes dépressions résultent en premier lieu du surendettement associé aux périodes de boom économique consécutives à des innovations majeures et où les anticipations de profit sont très élevées. Dans ces circonstances, les premières difficultés de remboursement des échéances exigibles débouchent sur un réajustement des anticipations et un affolement des créanciers et des débiteurs. Les séquences de la dépression sont alors les suivantes :

  • Liquidation des dettes et ventes massives d'actifs
  • Contraction de la monnaie de dépôt et réduction de la vitesse de circulation
  • Chute des prix
  • Chute des valeurs nettes des affaires et multiplication des faillites
  • Chute des profits et réduction de la production
  • Forte réduction de l'emploi et du commerce
  • Perte de confiance et pessimisme liés aux faillites et au chômage
  • Thésaurisation et nouvelle baisse de la vitesse de circulation
  • Baisse des taux d'intérêt nominaux et hausse des taux réels

Les différents facteurs de cette chaîne causale entretiennent entre eux des relations complexes. Lorsque la chute des prix est peu marquée, le cycle est moins accentué. Mais lorsqu'elle est importante, la déflation aggrave le fardeau de la dette. Il observe ainsi que de 1929 à 1933, l'endettement s'est réduit de 20%, mais la hausse de 75% du dollar conduit à une augmentation de 55% de la dette réelle. Ce n'est alors que lorsque les faillites finissent par laminer l'endettement qu'une sortie de la crise se dessine.

À l'inverse de Hayek, qui a lui aussi proposé une théorie monétaire des cycles économiques, Fisher considère que l'intervention de l'État est nécessaire pour éviter le cercle vicieux de la déflation et l'appronfondissement de la crise.

[modifier] La théorie quantitative de la monnaie (TQM)

On lui doit aussi la célèbre équation à partir de laquelle il établit une causalité entre les variations de la quantité de monnaie en circulation et les variations du niveau général des prix :

MV = PT (Avec M = stock de monnaie en circulation, P = niveau des prix, V = vitesse de circulation de la monnaie et T = volume des transactions).

On traduit donc MV = flux de monnaie dépensé, et PT = valeur nominale des paiements (transactions).

Hypothèses :

  • plein emploi des facteurs de production, donc T fixé ;
  • habitudes de paiements stables, donc V fixé ;
  • T indépendant de M.

On peut donc écrire : P = (V/T)M. Or (V/T) constant donc P et M sont proportionnels et > 0. Donc : ΔP = (V/T)ΔM (Δ représente la variation), ΔP et ΔM sont proportionnels.

De manière succincte, on peut traduire cette équation comme le fait que toute variation de la quantité de monnaie en circulation dans l'économie ΔM implique une variation proportionnelle du niveau général des prix ΔP. Exemple : si les autorités monétaires décident d'augmenter la masse monétaire de 5 %, alors les prix augmenteront automatiquement de 5 %. À noter que cette équation est vraiment générale et minimaliste : de très nombreux facteurs doivent etre pris en compte pour expliquer l'inflation et la maniere de la contrer.

[modifier] Le krach de 1929

La réputation professionnelle de Irving Fisher, ainsi que sa fortune personnelle, furent gravement atteintes par le krach boursier de 1929. Peu de jours avant le krach de 1929, il écrivait que « le prix des actions ont atteint ce qui apparaît être un haut plateau permanent ». Le 21 octobre, il déclarait que la bourse « ne tremblait qu'à cause de la folie de quelques uns » et affirmait que les cours boursiers n'avaient pas atteint leur vraie valeur et devaient continuer à croitre. Des mois après le krach, il continuait à affirmer aux investisseurs que la reprise était au coin de la rue.

Irving Fisher pensait que la très forte valorisation boursière était le reflet de l'amélioration productive de l'économie américaine induite par la prohibition. En effet, pour Fisher, la sobriété des travailleurs avait pour conséquence une élévation de leur productivité. Il était ainsi un fervent partisan de la prohibition qu'il défendit dans une série d'ouvrages[1].

[modifier] Articles connexes

[modifier] Notes

  1. Prohibition at Its Worst, Macmillan, 1926 ; Prohibition Still at Its Worst, Alcohol Information Committee, 1928), The Noble Experiment, Alcohol Information Committee, 1930.