Hors-champ

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Le hors-champ désigne tout ce qui ne se voit pas à l'écran mais existe dans la scène filmée.

On considère parfois que le hors-champ comprend l'ensemble de l'espace diégétique, c'est-à-dire tout ce qui fait partie de l'espace et du temps de ce qui est filmé. Certains cinéastes jouent avec cette notion de hors-champ comme Jean-Luc Godard dans le Mépris.

Pour certains auteurs le hors-champ désigne tout ce qui n'est pas visible à l'écran y compris le Japon actuel pour un film européen de cape et d'épée. Cette définition, provocante, est à peu près inutilisée. Elle permet toutefois de rappeler que l'équipe de tournage et la caméra constituent le principal hors-champ du cinéma : jamais visibles à l'écran bien qu'il soit évident qu'ils y étaient.

Le hors-champ est un élément très utilisé pour générer un effet d'attente, de suspense.

D'après certains critiques (Michel Colin, Roger Odin), notre œil d'européen est éduqué par la lecture des textes écrits, donc lorsque nous regardons une image, l'œil la balaie de gauche à droite et de haut en bas. Ainsi, l'œil fixe d'abord un objet en haut à gauche, puis va vers la droite ; si aucun objet (ou personnage, mur...) ne se trouve à la droite de l'image, notre regard sort du cadre avant de revenir vers la gauche de l'image. Ainsi, en ne mettant aucun objet à droite d'une image (on dit que l'image est « ouverte »), le réalisateur laisse un espace de liberté, d'inconnu — le spectateur s'inquiète de ce qui se trouve hors-champ à droite, alors que la gauche le laisse indifférent. Ainsi, dans de nombreuses scènes d'angoisse (notamment dans les films policier ou fantastiques), les personnages sont serrés à gauche et se dirigent vers la droite (l'inconnu), l'image étant ouverte à droite et fermée à gauche. Dans les pays ayant un sens de lecture différent, l'effet n'est pas ressenti de la même manière. Cette théorie de l'image "lisible" comme un texte et pas seulement visible n'est cependant pas admise par tous ; certains cinéastes comme Eisenstein considèrent que l'oeil est attiré d'abord par l'espace occupé et se dirige ensuite vers l'espace libre, ce qui est plus en accord avec les expériences scientifiques sur la question (par exemple, sur une sculpture de visage, le regard s'attarde sur les éléments saillants, comme la bouche ou les yeux, et pas sur les espaces de peau vides de tout détail).

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