Holism and Evolution

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Holism and Evolution est un livre de Jan Smuts.

Sommaire

[modifier] Présentation du livre

Après la défaite du parti sud-africain d'Afrique du sud en 1924, le premier ministre défait Jan Christiaan Smuts interrompt sa carrière politique et retourne enseigner à l'université. Passionné de biologie, botaniste-collectionneur, il utilisera cette période d'opposition politique pour publier en 1926 « Holism et évolution[1] » qui n'a jamais été traduit en français. Dans cet ouvrage de 362 pages, cet homme politique de culture calviniste tente de poser des bases pour une épistémologie à venir. Le concept principal qu'il propose et défend est celui d' « holism » : terme forgé à partir du grec Όλος : tout, intégral. Il définit l'holism comme : « La tendance dans la nature de former des ensembles (des « wholes ») qui sont plus grands que la somme de leurs parties au travers de l'évolution créative ». Tout en reconnaissant qu'il se limitera à dresser les grandes lignes d'un projet qui mériterait plus d'affinement, tant au niveau philosophique que scientifique, il présente en quelques 353 pages l'introduction du concept « holisme » auquel nombre de travaux, de théories, de groupes et d'auteur se réfèreront plus ou moins explicitement au cours du vingtième siècle.

[modifier] Sommaire

L'auteur envisage d'abord de réformer certains concepts fondamentaux, en particulier les concepts de temps, d'espace et de matière, puis de revenir aux définitions de la cellule et de l'organisme :

  1. The reform of fundamental concepts
  2. The reformed concepts of space and time
  3. The reformed concept of matter
  4. The cell and the organism

Arrivé à ce point, il introduit son concept central « holism », en en détaillant certaines catégories et fonctions :

  1. General concept of holism
  2. Some functions and categories of holism

En se basant sur les constructions théoriques des chapitres précédants, il étudie les conséquences de son concept sur les principaux courants épistémologiques de cette première moitié du vingtième siècle (le Mécanisme et le Darwinisme) :

  1. Mechanism and holism
  2. Darwinism and holism

A ce point il poursuivra sa généalogie des « wholes » ; ce développement et cette stratification graduels de séries progressives de totalités (les « wholes »), qui s'étirent depuis les commencements inorganiques jusqu'aux niveaux les plus élevés de la création spirituelle. Il s'était arrêté, au chapitre 4, au « whole » organisme fils du « whole » de la cellule, lui même engendré par le « whole » de la matière brute. Maintenant, il montre comment le « whole » organisme génère le « whole » esprit ; Lui même à l'origine du « whole » personnalité :

  1. Mind as an organ of wholes
  2. Personality as a whole'

L'avant dernier chapitre expose ses idées sur le « whole » personnalité, degré ultime au sein de la généalogie des whole pour l'univers physique.

  1. Some functions and ideals of personality

Il conclue son ouvrage sur sa conception d'un univers holistique :

  1. The holistic universe

Définition de « wholes » par J. C. Smuts « In all the previous cases of wholes, we have nowhere been able to argue from the parts of the whole. Compared to its parts, the whole constituted by them is something quite different, something creatively new, as we have seen. Creative evolution synthesises from the parts a new entity not only different from them, but quite transcending them. That is the essence of a whole. It is always transcendent to its parts, and its character cannot be inferred from the characters of its parts[2]. » Un whole[3] (un tout) – dans le sens holistique du terme – un ensemble organisé, plus ou moins autonome, qui présentent des propriétés emmergentes.

Définition de « holism » par J. C. Smuts « the tendency in nature to form wholes that are greater than the sum of the parts through creative evolution[4] » - « la tendance dans la nature à constituer des ensembles qui sont supérieur à la somme de leurs parties, au travers de (ou « durant » ?) l'évolution créatrice ».

[modifier] Résumé des chapitres

Préface Smuts situe son oeuvre à la frontière entre la Science et la Philosophie. Il écrit, dans la préface de la première édition : « ce n'est, ni un livre de science, ni un livre de philosophie mais un livre qui aborde quelques points de contact entre les deux ». Il y annonce le ré-examen de concepts scientifiques fondamentaux (l'espace, le temps) à la lumière d'un facteur qu'il appellera « holisme » : un champ de force de l'univers qui tend à faire évoluer la matière de l'atome vers la personnalité. L'évolution y sera abordée, ajoute-t-il, comme le « développement et la stratification graduels de séries progressives de totalités, qui s'étirent depuis les commencements inorganiques jusqu'aux niveaux les plus élevés de la création spirituelle ».

La réforme des concepts fondamentaux

Il part de la reconnaissance de l'idée d'évolution darwinienne. Mais indique que les difficultés, l'impossibilité où se trouve les biologistes de 1926 de comprendre les liens qui régissent l'évolution est de nature épistémologique. Smuts s'élève contre le mécanisme qui a dominé la pensée scientifique, considérant que le principe linéaire de la relation de cause à effet est dépassé et conduit à des impasses. Il affirme que sa théorie de l'holisme est l'antidote nécessaire à la méthode analytique qui prévalait à l'époque. Il propose en remplacement le concept de « champ synthétique » en référence au notion de champ introduit récemment en physique[5].

Réforme des concepts d'espace, de temps et de matière.

Dans les année 1920 arrive à maturité le concept de « champ physique » qui modélise les perturbations des propriétés d'un espace par une force (gravitation, électromagnétisme,etc.). Concept qui permet de se débarrasser du gênant mais jusqu'alors indispensable éther (le support physique de propagation de la lumière). Il débute ce chapitre par un commentaire du système de la relativité d'Einstein qui se substituerait selon lui, aux concepts de Newton et de Kant. Hors dans le cadre de la relativité le champ acquiert une réalité physique intrinsèque. S'appuyant sur ses observations naturalistes, il affirme qu'un « processus créatif fluide est à l'oeuvre dans la nature ». Puisque les positions scientifiques les plus innovantes de son époque, analyse le monde physique en terme de champ ou la matière et les processus ne sont plus dissociables (champ électrique, magnétique, électromagnétique, gravitationnel). Il postule, à son tour, l'existence dans l'univers d'un « supra-champ » (holism) organisateur tendant à ce que la matière évolue vers la création de nouveau ensemble dont les propriétés sont supérieures à la somme des parties qui compose ce nouveau « whole » de degré plus élevé. Il poursuit son raisonnement en faisant intervenir l'atome (premier « whole » de l'univers) qui, au sein du champ holistique, tend à constituer le « whole » suivant : la cellule.

La cellule et l'organisme

Pour Smuts, la cellule est le deuxième « whole » (structure fondamentale) de l'univers. Smuts évoque, dans la première partie de ce chapitre, les découvertes récentes au niveau de la connaissance de la cellule. Il parie sur un développement futur, considérable, des connaissances fondamentales de biologie cellulaire. Il insiste en particulier sur le métabolisme, sur les systèmes de régulation, qui permettent à une cellule de fonctionner comme un tout. Il décrit les mécanisme de différenciation, de coopération, d'association qui offre la possibilité aux cellules de composer des organismes pluricellulaires, de se spécialiser en tissus et organes ; de former, in fine, un organisme qui à son tour fonctionne comme un tout. Après l'atome et la cellule, l'organisme est la troisième grande structure fondamentale (le troisième « whole ») du Holisme. Tout ces observations sont, pour lui, une nouvelle fois, la manifestation de l'holisme comme principe créateur, organisateur, régulateur, coordinateur.

Généralités sur le concept de Holisme

Smuts explique que jusqu'à ce jour, deux conceptions de la genèse ou du développement ont prévalu : Dans la première, toute réalité est considérée comme donnée dès l'origine. L'histoire de l'univers n'est qu'un déploiement, de ce contenu. La création a eu lieu dans le passé et prédétermine tout le futur. Tout les effets sont nés d'une cause première. Dans la seconde conception, le donné initial est minimal et on postule qu'un agent créateur est à l'oeuvre : « L'évolution est réellement créatrice et pas simplement explicative de ce qui était préalablement donné ». C'est cette seconde conception que défend Smuts. L'évolution créatrice implique à la fois des principes et des orientations générales – qui sont l'objet de la philosophie – et des formes ou structures spécifiques, qui sont l'objet de la science. Les deux approches sont nécessaires à l'approche de la réalité. Smuts propose le terme de Holisme (du grec « Όλος » – holos : entier) pour désigner cet agent créateur à l'oeuvre dans l'univers. Il s'appuie sur le fait qu'un « whole » – un tout – est plus que la somme des parties (actuellement désigné comme : « concept d'émergence »). C'est ce principe créateur à l'oeuvre dans l'univers qui donne une conformation et une structure particulière à chaque unité et qui organise également leur association en unité de niveau supérieur. Qui synthétise des éléments de rang inférieur dans une totalité qui les dépassent. Dans les conceptions de Smuts une totalité et ses éléments s'influencent et se déterminent réciproquement. A ce stade, Smuts se lance dans une généalogie de la création holistique :

  1. les mélanges purement physiques (l'action du « champ holistique » – de l'agent créateur – est presque négligeable, chaque partie préserve ses caractéristiques et fonctions)
  2. les composés chimiques (l'action du « champ holistique » – de l'agent créateur – est notable, les éléments sont influencés par la nouvelle structure)
  3. les organismes (l'action du « champ holistique » – de l'agent créateur – est encore plus intense, les éléments sont modifiés par des systèmes de régulation et de coordination)
  4. les esprits, ou organes psychiques (l'action du « champ holistique » – de l'agent créateur – est puissante : le tout exerce sa conscience, son contrôle, sa liberté et sa puissance créatrice)
  5. la Personnalité (l'action du « champ holistique » – de l'agent créateur – est au maximum) C'est la structure la plus évoluée de l'univers pour Smuts.

Smuts fait remarquer, à ce moment, de son exposé une propriété de l'holisme : L'holisme n'est pas seulement créateur, il est également auto-créateur car ses structures finales sont beaucoup plus holistiques que ses structures initiales. Les « wholes » – totalités naturelles – sont toujours composées de parties et c'est l'action du « champ holistique » – de l'agent créateur – (et non l'addition) de ces parties qui aboutissent à la constitution et la pérennité du tout.

Quelques fonctions et catégories du Holisme

Smuts entreprend ensuite une analyse critique du Darwinisme. Cette théorie qui avait permis d'expliquer des faits jusqu'alors attribués à l'action de Dieu, par le mécanisme de l'hérédité, peinait en effet à expliquer d'autres constatations empiriques : la sensation, qu'au cours de l'évolution, de l'atome à l'humain, la matière devient créatrice, s'auto-régule et augmente ses degrés de liberté. Son sentiment est que lorsque qu'on passe d'un « wholes » à l'ensemble-unitaire – la totalité – supérieur, il apparaît de nouvelles propriétés, non reliées à la causalité mécaniste classique. Ce qu'il théorise de la façon suivante : un whole possède des propriétés non-déductibles de celles de ses éléments. Ses caractéristiques sont liées à sa totalité. Les éléments constitutifs d'une telle totalité sont, eux aussi, fortement déterminé par le tout dont il font partis. Jan Smuts pense que sa théorie qui postule l'intervention d'un « champ synthétique » (d'un principe créateur, configurateur, organisateur) expliquerait ces constatations empiriques. Pour expliquer la relative stabilité que l'on peut aussi observée au cours de l'évolution, il précise que le champ holistique, constamment à l'oeuvre, agit par influences infinitésimales. La puissance du principe « synthétique », créateur, ne s'amplifie et ne devient déterminante par rapport à l'hérédité que sur de très longues périodes.

L'esprit en tant que « organe des totalités »

Il indique que l'esprit n'est pas un « whole » au sens strict, mais « un organe holistique » une structure holistique ; la personnalité, elle, est une réelle totalité. Smuts insiste sur le fait que, plus le « whole » considéré est de niveau élevé et plus, il se rapproche du principe créateur, régulateur, organisateur à l'oeuvre dans l'univers. C'est cette filiation qui fait qu'il trouve que l'esprit humain individuel est apte à manifester la créativité, les principes d'ordre, de régulation qui l'ont enfantés. Une autre caractéristique du « mind » réside dans le fait qu'il dispose d'un domaine de conscience claire et d'un « champ subconscient » pour reprendre les termes de Smuts. Dans ce champ se trouvent l'expérience oubliée de l'individu et son héritage physiologique et racial.

La personnalité considérée comme totalité

C'est la dernière et suprême totalité qui arrive dans la série holistique de l'évolution, une structure bâtie sur les précédentes : matière, vie et esprit. En tant que « wholes » – totalité, Smuts indique que corps et esprit forme un tout et ne peuvent être considérés séparément. Il plaide pour une discipline dont l'activité consisterai à faire l'étude de biographies de personnalités. Cette « personnologie » serait la science synthétique de l'être humain. Au dessus de toutes les autres disciplines scientifiques, elle serait le point de départ d'une nouvelle philosophie, d'une spiritualité plus authentique.

De quelques fonctions et idéaux de la personnalité

Smuts poursuit, dans ce chapitre, sa critique de la psychologie, discipline trop abstraite, et sa défense d'une « Personnologie » à créer. Il explique comment, selon lui, est organisée la personnalité d'un individu : Le contrôle de la personnalité est régi en priorité, par une partie subconsciente (« holistic control ») qui tend à manifester les quatre qualités de la tendance holistique à l'ouvrage dans l'univers : la créativité, la liberté, la globalité et la pureté ; et dans une moindre mesure, par la conscience. A ce stade, Smuts indique que la nature active et volontaire (la volonté) doit gouverner la personnalité aidée en cela par son serviteur l'intelligence rationnelle. L'objectif en est la stratégie, apte à assurer la réalisation personnelle. Plus ce contrôle holistique est fort, plus grande est la force d'esprit et de caractère, meilleure sera la coordination des pulsions et des tendances, moindres seront les frictions internes et la détérioration de l'âme, plus grande sera la paix de l'esprit, la pureté spirituelle et l'intégrité. Smuts décrit ensuite d'autres propriétés de la personnalité considérées comme l'ultime « whole » : La capacité de maintient de l'harmonie grâce à une capacité d'auto-guérison. La capacité d'évolution par l'assimilation du « pur » et le rejet de « l'impur ».

L'Univers holistique

Pour conclure, Smuts résume dans son dernier chapitre sa conception générale de la réalité, et son paradigme. Le concept « Holism » représente la toile de fond au sein de laquelle toute la création se déploie. C'est le champ d'action qui crée, organise, contrôle, coordonnent tout ou partie de l'univers. Il réfute, par anticipation, les critiques de la science qui pourraient considérer le concept de Holisme comme extra-scientifique, donnant une explication métaphysique et non-scientifique des choses. Avant de conclure il pointe les failles des différentes théories scientifique réductionnistes : D'abord, la conclusion à laquelle aboutit la science à savoir que l'univers entier est l'expression de l'évolution cosmique nécessite un arrière plan capable de formuler et d'expliquer ce vaste schéma scientifique des choses. Se préoccuper du détail des mécanismes ne suffit pas à donner un panorama de la science dans l'ensemble de ses préoccupations. Ensuite, la science a déjà eu à assumer de telle entités "ultra-scientifiques", comme celle d'éther de l'espace, et les a considérées comme nécessaires pour fournir une explication cohérente à certains phénomènes, même purement physiques. La corrélation du physique, de l'organique et du psychique en un vaste schéma d'évolution nécessite des facteurs capables d'opérer plus largement que ceux qui ont pu être reconnu jusqu'alors. Enfin, le Holisme n'est ni plus ni moins ultra-scientifique que "la vie" ou "l'esprit". Il permet de coordonner le phénomène "évolution" de la nature en un même facteur opératoire. Smuts présente sa critique des différentes philosophies de l'époque : le Naturalisme, l'Idéalisme, le Monadisme, le Pluralisme Spiritualiste et le Panpsychisme, pour soutenir tant et plus le Holisme. Il conclut son essai en affirmant que : « La progression et l'auto-perfectionnement des totalités au sein du Tout, est un processus lent mais infaillible, et le but de l'univers holistique. »

[modifier] Notes et références

  1. Smuts, Jan. Holism and Evolution. Londres: Macmillan & Co Ldt, 1926, 362 p.
  2. Smuts, Jan. Holism and Evolution. Londres: Macmillan & Co Ldt, 1926, 362 p.
  3. De l'anglais whole : a thing that is complete in itself ; all of something, ou l'on retrouve la racine heal, soigner dans le sens de « rendre entier ».
  4. Smuts, Jan. Holism and Evolution. Londres: Macmillan & Co Ldt, 1926, 362 p.
  5. Travaux de Heisenberg; Tentative de quantification du champ électromagnétique par Jordan en 1925 puis en 1926; Théorie quantique de l'émission et de l'absorption du rayonnement de Dirac en 1927