Discuter:Histoire du port de Bordeaux pendant la Seconde Guerre mondiale

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Cet article a été rédigé par l'auteur, Julien Pellet, en septembre 2002, à l'occasion du 55e Congrès de la Fédération Historique du Sud-Ouest à Blanquefort (Gironde, France). Il reprend les résultats de ses recherches de maîtrise d'histoire à l'université Michel de Montaigne - Bordeaux 3.


L’histoire de la Seconde guerre mondiale constitue, depuis une vingtaine d’année, un nouveau terrain de recherches pour la communauté scientifique. L’ouverture progressive des archives offre une nouvelle approche de la période, peut-être plus juste que celle des premiers historiens du conflit puisqu’elle s’appuie sur les documents de l’époque et non plus sur les témoignages postérieurs à la Libération et, de part ce fait, contestables car déformés par le temps et le recul. L’aspect économique de la guerre est encore plus neuf pour les historiens car ces-derniers se sont pendant longtemps intéressés, poussés par le grand public, à la collaboration, à la résistance ou à la déportation. Tous sujets forts nobles certes, mais qui ont conduit à négliger l’économie.

Cette injuste lacune commence à être comblée car un intérêt nouveau pour la dimension économique de la Seconde guerre mondiale est né chez les historiens. Robert Paxton, dans les années 1970, avait d’ailleurs ouvert la voie à cette étude en accordant au fait économique la juste place – d’importance – qui lui revient. Car l’économie joue un rôle essentiel dans une guerre qui se veut totale. Rien de plus normal en effet que de mêler l’économie à la politique, aux combats, aux déportations, aux actions de résistance. La Seconde guerre mondiale est un ensemble, et il serait illusoire de vouloir séparer ses composantes.

Or, dans cette guerre mondiale, les transports ont joué un rôle stratégique. Ils servent autant au transport des troupes que des armes, à celui des matières premières vers les usines ou du ravitaillement vers le front. L’économie française – et même européenne – est bouleversée par les combats, l’occupation, la production de guerre, les réquisitions. Aucun secteur n’est épargné et les transports, parce qu’ils sont au cœur de cette économie des flux, subissent de plein fouet les mutations violentes de la guerre.

Le cas du port de Bordeaux, sur lequel porte la présente étude , semble en cela très significatif des changements survenus pendant la guerre. Cette organisation, strictement commerciale depuis la plus haute Antiquité, voit sa fonction remise en question, modifiée pour participer à l’effort de guerre. Les échanges sont adaptés aux nouveaux besoins de la France en guerre puis de l’occupant allemand, avant de céder la place à la force brute des sous-marins de l’Axe. De toutes les structures portuaires, le Port Autonome de Bordeaux est clairement l’acteur central durant l’occupation, du fait de la mise en sommeil des activités commerciales. Ses archives , riches et soigneusement conservées, ont été la principale source de notre recherche, qu’ont complété les archives de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Bordeaux.

Le P.A.B. devient le point de focalisation de toutes les demandes de mutations liées à la guerre, en provenance du gouvernement français ou de l’occupant. Toutefois, ce n’est pas lui qui est à l’origine de ces changements structurels. En tant que gestionnaire des installations portuaires, il en permet la réalisation, mais ce sont bien souvent les autorités politiques et militaires qui les décident. Voilà donc l’étrange mélange au sein duquel le port se trouve durant la Seconde guerre mondiale : une interaction permanente entre l’économique, le politique et le militaire.