Heinrich Cotta

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Heinrich Cotta 1833, lithographie de Carl Christian Vogel von Vogelstein
Heinrich Cotta 1833, lithographie de Carl Christian Vogel von Vogelstein

Johann Heinrich Cotta (30 octobre 1763 à Zillbach - 25 octobre 1844 à Tharandt) était un important scientifique allemand, spécialiste de sylviculture. Un des fondateurs de cette branche scientifique, il a gagné une renommée mondiale.

Sommaire

[modifier] Vie et Œuvre

Johann Heinrich Cotta est né dans la maison forestière « Kleine Zillbach » près de Wasungen (dans la montagne de la Rhön, Thuringe). Il fut éduqué par son père, forestier princier de Weimar à partir de 1778 et libéré en 1780 comme « jeune chasseur ».

En 1784-1785, il fait des études de mathématiques, sciences naturelles et caméralisme et fut ensuite absorbé par des mesurages géométriques. Dans ce contexte, il commença, dès 1786, avec son père, à enseigner des cours forestiers. En 1789, Cotta devint « coureur de forêt » ducal de Weimar.

Le 12 mai 1795, Cotta épousa Christiane Ortmann, son amie depuis longtemps, appelée Christel. Ses deux fils aînés Friedrich Wilhelm von Cotta (1796-1872) et Friedrich August von Cotta (1799-1860) adoptèrent également des carrières forestières. Son quatrième fils, Karl Eduard Cotta (1803-1872) devint juriste, son dernier enfant, Carl Bernhard von Cotta, un géologue renommé. Son fils Carl Emil, né en 1801, et sa fille Mathilda, née en 1806, moururent peu après la naissance.

L’année de son mariage, en 1795, Heinrich Cotta gagna aussi comme forestier la position de son père à Zillbach, où le grand-duc de Sachsen-Weimar-Eisenach, Carl August, lui mit à disposition pour son enseignement forestier aussi le château de chasse et le jardin. Il en ressortit un établissement privé d’enseignement forestier dont la renommée se répandit vite et établit Cotta comme professeur excellent. Parmi ses élèves comptèrent Gottlob König et August Adolph, Baron de Berlepsch. En 1801, Cotta fut nommé membre du Collège forestier à Eisenach mais continua de travailler surtout à Zillbach.

À partir de 1809, il était en contact avec l’administration royale saxonne sous Friedrich August Ier, qui cherchait un nouveau directeur pour son Institut de chaînage forestier. Après quelques négociations, Cotta finit par être assermenté comme conseiller forestier et directeur du chaînage forestier et de la taxation, le 12 décembre 1810 à Dresden. Comme il avait demandé le droit de choisir librement sa résidence et d’y continuer aussi son enseignement, il se décida pour la petite ville de Tharandt. Il y déménagea avec son Établissement d’enseignement forestier de Zillbach, au printemps de l’année 1811. En 1816, celui-ci fut promu Académie forestière royale saxonne (aujourd’hui UFR Sciences forestières de l’université technique de Dresden). Elle avait bientôt aussi un bon nombre d’étudiants étrangers, par quoi, à l’époque, il fallait entendre tous les non-Saxons. Des 1 030 étudiants des années 1816 à 1844, 472 (46 %) étaient des non-Saxons. 371 (36 %) venaient des autres états allemands, les 101 restants (10 %) étaient des étrangers proprement dits, surtout de Russie, de Suisse, Autriche et Espagne. Ainsi Cotta influença les sciences forestières dans le monde entier. Surtout des étudiants russes aimaient fréquenter l’Académie forestière et le tsar Nicolas Ier lui conféra en 1841 un ordre russe important, en reconnaissance de ses efforts en leur faveur.

Cotta était connu et estimé bien au-delà des cercles forestiers proprement dits et il fréquenta maintes célébrités de son temps. Ainsi Johann Wolfgang von Goethe lui rendait visite déjà en 1813 à Tharandt et en 1819 et 1822, Cotta se rendit chez Goethe à Weimar. Les sujets de conversation lors de ces visites furent, outre des questions forestières, surtout la géologie et les fossiles. Car Cotta, qui pendant toute sa vie avait été un collectionneur fervent, possédait une célèbre « collection de pétrifications » minéralogique-géologique qui constituait une des collections les plus importantes de l’époque. Cette collection attirait aussi d’autres scientifiques à Tharandt, dont Alexander von Humboldt en 1830, qui, après la mort de Cotta, imposa que cette collection fut achetée pour le « Cabinet de Berlin » (« Berliner Kabinett ») pour la somme de 3 000 Taler. Cette partie de la collection à elle seule comprend environ 5 000 fossiles végétaux et animaux. Aujourd’hui on en conserve des pièces de collection au Museum für Naturkunde (musée d’histoire naturelle) de l’Université Humboldt à Berlin (Institut de paléontologie), au Museum für Naturkunde à Chemnitz, à l’académie minière à Freiberg, aux Collections d’État d’histoire naturelle à Dresden et au British Museum d’histoire naturelle à Londres.

Pendant ses années plus mûres, Cotta donna aussi des conférences pour des publics non-forestiers, comme par exemple en 1829 à la « Société de botanique et d’horticulture Flora » à Dresden. Cotta était directeur de la branche forestière de la « Flora » et plus tard son membre d’honneur. À l’occasion de son 80e anniversaire, ses étudiants plantèrent 80 chênes dans la forêt de Tharandt ; une année plus tard, le 25 octobre 1844, Johann Heinrich Cotta mourut et fut enterré à cet endroit. Berlepsch tint l’oraison funèbre, il dirigea aussi l’académie pour un bref intérim, jusqu’à ce qu’on eut trouvé, en octobre 1845, en Carl Heinrich Edmund von Berg, un successeur pour Cotta.

[modifier] Cotta, partisan bourgeois

Souvent, même dans des cercles forestiers, on présume que Johann Heinrich Cotta aurait été anobli ou qu’il aurait porté un titre de noblesse. Ceci n’est pas correct, comme son biographe, Albert Richter, l’a déjà montré en 1950 (toutes les citations suivantes de celui-ci). La famille Cotta aurait donc eu encore en possession, jusqu’à l’incendie d’Ilmenau en 1752, la lettre originale de noblesse signée par l’empereur Sigismund en 1420, mais n’en aurait plus fait usage. La famille était divisée en une branche sud-allemande et une de Thuringe-Saxe. Mais d’après des recherches ultérieures, il n’y aurait pas eu de relations parentales de facto entre les deux lignées Cotta. À l’époque, on croyait pourtant à une descendance commune de Bonaventure Cotta.

Devant ce fond, le célèbre libraire et éditeur Johann Heinrich Cotta aurait, d’après une note de Wilhelm von Cotta, demandé à Heinrich Cotta, en 1817, d’entreprendre des démarches communes à faire réinstituer leur noblesse. Mais celui-ci, par ses convictions démocratiques et bien consciemment bourgeoises, le déclina. Il n’avait déjà plus continué le regain de la noblesse, tentée par son père en 1796, et il n’utilisait non plus le sceau des Cotta, mais scellait avec un sceau anonyme. Wilhelm von Cotta décrit l’attitude de son père, en 1860, en ces mots : « Mon père, qui avait subi assez souvent des détriments désobligeants de la part de nobles, mais qui avait également gagné une excellente renommée par ses mérites et qui avait atteint une position où il croyait pouvoir se passer de la nobilité, refusait, parce qu’il pensait que ses fils pourraient se qualifier pour ne plus avoir besoin d’un renouvellement de leur nobilité, et parce qu’il ne s’estimait pas assez aisé pour entreprendre une telle démarche, et parce que de toute façon il vivait dans l’espoir que les privilèges des nobles tiraient vers leur fin. »

Une attitude qui non seulement gênait considérablement sa promotion professionnelle, mais qui amena aussi l’arrêt de noblesse seulement pour une partie de la lignée sud-allemande, en 1817, et l’arrêt de baronie en 1822. Une autre partie renouvela sa nobilité en 1859. Après la mort de Heinrich Cotta, le titre de nobilité fut conféré de nouveau à ses trois fils Wilhelm, August et Bernhard, sur leur demande – ce qui ne manqua pas de produire maintes critiques dans des journaux forestiers.

Heinrich Cotta est le fondateur de la foresterie moderne et durable et de la science forestière et il achevait la transition de la « production de bois » à la « sylviculture » comme « science et art holistiques intégrés ». Ce ne fut que Cotta qui frappa l’expression « sylviculture », surtout par son livre le plus célèbre « Instruction à la sylviculture » (1817). Dans la préface de la première édition, il livra aussi une argumentation pourquoi la nouvelle discipline « sciences forestières » s’était avérée nécessaire : « Si les gens quittaient l’Allemagne, celle-ci serait, après cent ans, complètement recouverte de bois. Comme alors personne ne l’utiliserait, il engraisserait le sol et les forêts ne deviendraient pas seulement plus grandes, mais aussi plus fertiles. Mais si les gens revenaient plus tard et s’ils étaient aussi exigeants qu'avant en ce qui concerne bois, litière de feuilles et pâturage, alors les forêts, même avec la meilleure foresterie, ne deviendraient pas seulement plus petites, mais aussi moins fertiles. Les forêts se forment et se maintiennent là alors le mieux où il n’y a point d’hommes et par conséquent pas de foresterie ; et ceux qui ont donc parfaitement raison qui disent : Autrefois on n’avait pas de sciences forestières et assez de bois, maintenant nous avons la science mais pas de bois. Mais on peut aussi dire, avec la même bonne justification : Sont en meilleure santé les gens qui n’ont pas besoin de médecin que ceux qui l’ont, sans qu’il s’ensuive que les maladies seraient la faute des médecins. Il n’y aurait pas de médecins s’il n’y avait pas de maladies et pas de sciences forestières sans pénurie de bois. Cette science est alors un enfant du manque et elle est donc son compagnon usuel. »

Dans son « Instruction à la sylviculture » Cotta introduisit également la notion de « Mittelwald » (forêt moyenne) et distingua pour la première fois entre forêt basse, moyenne et haute. De plus, il y propageait les soins du peuplement forestier, par exemple l’éclaircissage – en toute opposition à son contemporain Georg Ludwig Hartig, qui le comprenait surtout comme « enterrement de morts ». Cotta demandait d’éclaircir modestement, de notre vue actuelle d’une façon presque timide, mais il se prononçait déjà pour des purifications, ce qui à l’époque était inouï, l’éclaircissage étant une mesure de soins qui ne couvre pas les coûts.

Dans ses œuvres, Cotta traitait pratiquement de tous les domaines de la science forestière. À côté de la sylviculture, l’établissement de forêts était un de ses objectifs accentués. Après qu’il avait déménagé à Tharandt en 1811, il a chaîné et mesuré en peu de temps les vastes forêts de la Saxe et il a établi des plans d’établissement de forêts. Dans ce contexte, il établissait pour l’organisation territoriale de la forêt le dit « allottissement du terrain ». Il étala ses idées là-dessus dans son livre « Esquisse d’instruction pour le chaînage, l’estimation et la division des forêts » (1815). En même temps, Cotta établit des tables de rentabilité. Ses « Tables à l’emploi des sylviculteurs et des estimateurs forestiers » (1821), mais aussi les « Tables pour la détermination du contenu et de la valeur des bois non travaillés » (1816) devenaient des instruments de travail de l’industrie forestière toute entière et elles furent rééditées tout le long du XIXe siècle. Le calcul de la valeur des forêts l’occupait également beaucoup. Dans l’espace de seulement deux décennies, Cotta réussissait à amener les forêts saxonnes, largement déclinées, à une sylviculture ordonnée.

De plus, Cotta reconnut l’importance de la forêt au-delà de l’économie et il réserva près de Dresden une forêt plénière de libre service, surtout pour des raisons esthétiques. Dans la forêt de Tharandt, qu’il établissait comme « amphithéâtre vert », il aménageait un réseau de corridors et d’ailes. Avec cela, Cotta était un des premiers classiques et en même temps le premier classique forestier, qui se prononçait, même si ce n’était fait que prudemment, pour l’établissement de peuplements forestiers mixtes. À son époque, on ne tolérait que des peuplements mixtes de chênes et de hêtres ou bien mixtes de hêtres et de bois feuillu précieux.

Cotta gagnait également d’extraordinaires mérites comme maître d’apprentissage forestier, pendant 40 ans de sa vie où il était actif dans l’enseignement. Il avait, à l’opposé de Hartig qui ne tolérait guère de contradiction, une nature douce et prêt au compromis, ce qui se manifesta dans des différenciations beaucoup plus accentuées dans ses écrits et son enseignement. Pourtant, Hartig avait, par ses simples règles générales, un effet de loin plus immédiat sur la pratique forestière. Puisque les pensées de Cotta, par contre, étaient de loin plus différenciées et plus difficiles à retracer, son enseignement ne pénétrait la conscience forestière que lentement. D’une certaine perspective, il se trouvait entre Hartig, avec ses règles générales souvent très rigides et Pfeil, qui exigeait déjà une spécialisation très forte de la sylviculture d’après les conditions du site.

Heinrich Cotta est souvent appelé le forestier le plus important tout court. De toute façon, il compte, par ses contributions essentielles au développement des sciences forestières, parmi les dits « classiques forestiers », auxquels on compte également Georg Ludwig Hartig, Friedrich Wilhelm Leopold Pfeil, Johann Christian Hundeshagen et aussi ses disciples Carl Justus Heyer et Gottlob König. Pour des performances éminentes au domaine des sciences forestières, est attribué la médaille Heinrich Cotta.

[modifier] Hommages

  • 1836 Croix de commandant de l’ordre civil de mérite de la Saxe
  • 1836 Ordre de l’Aigle Rouge IIIe classe
  • 1836 Croix de commandant de l’ordre privé du Faucon Blanc de Weimar
  • 1841 Ordre St. Vladimir IVe classe par le tsar russe

De plus, Heinrich Cotta fut élu, lors de la 7e Assemblée des agriculteurs et sylviculteurs allemands, à Altenburg, comme président d’honneur de la section forestière. En même temps on décida de lui dédier un « Album Cotta » forestier, une collection d’essais. Cet ouvrage, qui lui fut présenté le 4 octobre 1844 dans sa maison, fut le dernier hommage que Cotta put encore accepter personnellement.

Après la biographie publiée en 1855 par Ludwig Bechstein, sur son père Johann Matthäus Bechstein, Heinrich Cotta fut seulement le deuxième forestier allemand pour lequel fut rédigé une biographie indépendante sous forme de livre. L’ouvrage, en même temps une thèse d’habilitation, Heinrich Cotta, Vie et Œuvre d’un forestier allemand, par Albert Richter, parut en 1950 aux Éditions Neumann, Radebeul et Berlin.

[modifier] Monuments

Mis à part Tharandt, où se trouvent plusieurs monuments en honneur de Cotta, son héritage est maintenu vivant avec beaucoup de soin à son lieu de naissance et le lieu de ses premières activités, à Zillbach. Il y a une place Heinrich Cotta avec pierre commémorative pour le célèbre fils du village. La plantation établie, à l’époque, par Cotta est encore en fonction. Le 12 juin 2000, fut encore fondé le Freundeskreis Heinrich Cotta e.V. Zillbach (Cercle d’amis de Heinrich Cotta Zillbach). Il s’est posé comme objectif la culture du legs culturel de Heinrich Cotta. Une rue Heinrich Cotta existe, outre à Zillbach et à Tharandt, également à Dresden. À Berlin-Pankow, la rue Cotta est nommée d’après lui. À Sitzendorf on peut explorer le sentier de la nature Heinrich Cotta et à Hammerunterwiesenthal se trouve la pépinière forestière Heinrich Cotta. Lors de l’anniversaire des 175 années d’enseignement forestier à Tharandt, on créa une médaille commémorative dont la face montre le bâtiment de l’ancienne académie forestière, le verso un profil de Heinrich Cotta.

[modifier] Source

  • (de) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de Wikipédia en allemand intitulé « Heinrich Cotta ».


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