Hector Crinon

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Hector Crinon, sculpteur et poète d'expression picarde, est né à Vraignes-en-Vermandois, Picardie, en 1807 d’une famille très modeste de cultivateurs. Très tôt il doit remplacer son père, décédé, au travail des champs. Mais admirateur du chansonnier Béranger, et ne trouvant pas sa vocation dans l’agriculture, il abandonne sa ferme pour ne plus croire qu’en ses futurs succès d’artiste. Malgré quelques premières chansons peu remarquées (deux recueils de Chansons Françaises, 1830-1832, introuvables), il n’est d’abord reconnu que grâce à la sculpture sur bois : il est d’ailleurs admis dans l’atelier du peintre péronnais Auguste Dehaussy où il s’adonne plusieurs années à la sculpture. On pouvait ainsi voir avant 1914 certaines de ses œuvres dans les églises de Vraignes et de Péronne. Mais la sculpture ne lui permet que difficilement de faire vivre sa famille et ses enfants, et Crinon doit donc reprendre l’agriculture. La révolution de 1848 réveille son inspiration littéraire, et les nouvelles satires politiques qu’il publie en picard, pointant du doigt inégalités et contradictions de la société contemporaine, rencontrent, enfin, le succès qu’il espérait. Par son nouveau « conservatisme », Crinon s’attire ainsi la « protection » des notables locaux. Le Président du Tribunal de Péronne et le Sous-Préfet s’attachent à lui trouver enfin un emploi qui lui permette de vivre confortablement. Mais en 1858, le poste de commissaire de police qu’on lui propose est situé en Eure-et-Loir. Malgré la misère et la maladie qui le touchent alors, Crinon refuse de « s’expatrier » (il s’en explique dans le poème Restons au Village).

Les honneurs que lui rend en 1859 l’Académie des Sciences, des Arts et des Lettres d’Amiens ont bien du mal à lui faire oublier une maladie de plus en plus douloureuse. Les sujets traités par Crinon s’en ressentent : Sur la mort, Sur le suicide (1860), Mon testament (1861), Le malade (1863). La publication du recueil de ses Satires Picardes en 1863 ne lui rapporte pas le bénéfice attendu ; les journaux de Péronne en arrivent même en 1868 à lancer une souscription pour secourir le poète, qui meurt paralytique, toujours à Vraignes, en septembre 1870.

En 1892, on inaugure à Vraignes un buste en bronze représentant Crinon, œuvre du poète-sculpteur Georges Tattegrain,. Ce buste est envoyé à la fonte par les Allemands en 1944. Grâce à l’action de l’association EKLITRA et à une souscription publique, un nouveau buste en pierre, œuvre du sculpteur Albert Roze, est édifié à Vraignes en 1970 à l’occasion du centenaire de la mort de Crinon.