Gisacum

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Gisacum : les thermes
Gisacum : les thermes

Gisacum est un site gallo-romain qui se trouve sur la commune du Vieil-Évreux dans l'Eure en Haute-Normandie.

Sommaire

[modifier] Histoire

Objets romains retrouvés sur le site de Gisacum
Objets romains retrouvés sur le site de Gisacum

Le nom de Gisacum

Gisacum est le nom actuellement donné à une vaste agglomération religieuse gallo-romaine de 250 ha située sur le territoire de cinq communes du département de l'Eure (Normandie, France) : Le Vieil-Evreux, Miserey, Cierrey, Le Val-David et la Trinité. Le nom exact n'est pas connu. Le nom de Gisacum a été donné au XIXe s. suite à la découverte d'une inscription mentionnant le dieu Gisacus. Un savant local (Auguste Leprévost) fit alors le rapprochement avec un topomyme mentionné dans la vie de saint Taurin, premier évêque chrétien d'Evreux. Selon cette vie, écrite au IXe s., le préfet romain local Licinius résidait dans sa villa de Gisai (Gisiaco villa), qui symbolise alors le lieu du paganisme. Il n'en fallut pas plus à Auguste Le Prévost pour nommmer le site gallo-romain Gisacum, afin de le distinguer clairement du chef-lieu de cité Mediolanum Aulercorum (Evreux), que les autres chercheurs situaient alors sur la commune proche du Vieil-Evreux. Les archéologues ont ensuite établi que les deux ville se sont développées en parallèle[1]. Le nom a été repris il y a quelques années par le Département de l'Eure pour nommer le récent site touristique et culturel qu'il a créé en 2001, en réalisant un jardin archéologique autour des thermes d'une vaste ville-sanctuaire qui est désormais présentée dans un Centre d'interprétation archéologique (musée de site inauguré en 2005). Les recherches se poursuivent actuellement sur le temple situé au coeur de l'agglomération romaine.

Situation

Contrairement à Evreux (Mediolanum aulercorum) installée dans le fond de la vallée de l'Iton, Gisacum est située sur un point haut du plateau, dans la partie nord de la plaine de Saint-André de l'Eure. Le substrat est constitué de lambeaux de placages limoneux recouvrant des argiles à silex, issues de la dissolution de la craie sous-jacente. Il n'y a pas de ressource en eau. La nappe phréatique se situe à 70 ou 90 m de profondeur.

Histoire de la ville sanctuaire

Les vestiges antiques les plus anciens découverts dans le temple central sont postérieurs de peu à la conquête romaine (milieu Ier s. av. n. è.). La nature exacte des occupations n'est pas connue, mais il est probable qu'il s'agisse des premiers lieux de culte. Une occupation importante a été remarquée pour l'époque augustéenne et un réaménagement important de l'espace central du temple est réalisé dans la première moitié du Ier s. Dans la seconde moitié du Ier s., un groupe de trois temples en pierre est construit. C'est à cette époque que semble se mettre en place un premier urbanisme. Un quartier apparaît ainsi à l'ouest du temple, et un second voit sans doute le jour au nord d'un second édifice (l'édifice du champ des Dés), interprété comme un forum.

Au début du IIe s., ces quartiers structurés sont rasés pour laisser la place à un urbanisme très original. La ville adopte alors une forme hexagonale unique dans le monde romain. Au centre, les monuments publics (thermes, temple, théâtre, forum) sont entourés par un réseau d'aqueduc et de grands espaces vides. Les habitats sont rejetés à la périphérie, le long d'une rue bordée d'un portique de près de 5,6 km. Toutes les maisons sont alignées en façade derrière ce portique. L'importance du propriétaire cse décline à l'arrière, avec des bâtiments plus ou moins importants. Cette bande bâtie polygonale, qui couvre a elle seule près de 60 ha, concentre les activités artisanales (bronziers, travail de l'os...) et commerciales (auberges). Au début du IIIe s., date de la reconstruction du temple sur 6 ou 8 ha, la ville a un périmètre de près de 6 km, et un diamètre de 2,2 km [2].

Le site semble cesser son activité assez tôt, vers le milieu du IIIe s. Le temple est alors transformé en castellum (fortin doté d'un fossé et d'un talus imposant). Le temple sera ensuite rapidement détruit afin de récupérer les pierres nécessaires à la construction du second rempart de la capitale proche (Evreux). Le castellum sera réutilisé plus tard comme maison forte au XIIe-XIIIe s., sans doute pour l'un des premiers seigneurs du Vieil-Evreux. On construira l'église paroissiale à l'angle du temple.


Les monuments (texte à revoir à partir de là)

Parmi les monuments publics construits, les thermes occupent un vaste espace (109 mètres sur 84 mètres au total) au sud-ouest de la cité dès le IIe siècle. Ce complexe était composé, au début du IIIe siècle de trois ensembles : au sud se trouvait une cour de service et les latrines. Au centre, le bâtiment thermal recevait le public. Une palestre permettait de faire du sport, au nord du complexe. Les piscines et les fontaines étaient alimentées par un aqueduc d'une vingtaine de kilomètres de long. Les eaux usées étaient transportées vers la cour de service pour nettoyer les latrines ; puis elles étaient évacuées par un égout en dehors de la ville.

Hormis les thermes, la cité de Gisacum comprenait des fana, un théâtre de 106 mètres de diamètre et pouvant accueillir au moins 7 000 personnes, un forum et un portique. Avec une superficie de 230 à 250 hectares, elle était l'une des plus grandes de Gaule. Les Eburovices rendaient un culte aux dieux romains (Apollon, Jupiter, Mercure, Mars ...) et sans doute à l'empereur dans le grand sanctuaire qui s'étendait sur 6,8 hectares[3]. Les archéologues ont mis au jour un très beau mobilier religieux (statues, masque cérémoniel) aujourd'hui conservés au musée d'Évreux.

Plusieurs fana satellites ont été localisés dans un rayon de 15 Km autour de Gisacum. Trois routes rayonnaient à partir du site vers le sud, l'est et Évreux.

Le site est progressivement abandonné au moment de la crise de l'Empire romain : les thermes sont abandonnés au milieu du IIIe siècle et sont détruits au IVe siècle.

[modifier] Un site archéologique majeur

Statue en bronze de Jupiter Stator, retrouvée sur le site de Gisacum
Statue en bronze de Jupiter Stator, retrouvée sur le site de Gisacum

Au début du XIXe siècle, François Rever procède aux premières fouilles des thermes ; elles sont poursuivies par Charles de Stabenrath en 1829, puis par Théodose Bonnin dans les années 1840. Les thermes sont achetés par le département de l'Eure dans les années 1830. Dans la première moitié du XXe siècle, Émile Espérandieu puis Marcel Baudot continue le travail. Entre 1973 et 1978, l'association Archéo 27 termine la reconnaissance des thermes. La sécheresse de 1976 permet de découvrir sur les photographies aériennes l'ampleur du site.

Les restes des thermes sont aujourd'hui visibles sur la commune du Vieil-Évreux, à environ 5 kilomètres au sud-est d'Évreux. Le jardin archéologique donne une idée de leur ampleur au début du IIIe siècle. Un bâtiment de la mission archéologique départementale de l'Eure présente le site et les dernières trouvailles faites depuis 1996. Il est ouvert au public du 1er mars au 15 novembre de 10h à 18h, sauf le samedi, de 14h à 18h. La plupart des collections d'objets sont conservés au musée d'Évreux.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Notes

  1. Laurent Guyard, Thierry Lepert, « Renaissance d’une ville … », page 20
  2. Laurent Guyard, Thierry Lepert, « Renaissance d’une ville … », page 22
  3. Laurent Guyard, Thierry Lepert, « Renaissance d’une ville … », page 23

[modifier] Bibliographie

  • Laurent Guyard, Thierry Lepert, « Renaissance d’une ville sanctuaire gallo-romaine : le Vieil-Évreux », dans Archéologia, no 359 (septembre 1999), page 20 et suivantes.
  • Michel Dabas, Laurent Guyart, Thierry Lepert, « Gisacum revisité », dans Dossiers archéologie et sciences des origines, no 308 (novembre 2005), pages 52-61.
  • D. Cliquet, P. Eudier, A. Etienne, Le Vieil-Évreux. Un vaste site gallo-romain, Conseil général de l'Eure, Évreux, 1996.

[modifier] Liens internes

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[modifier] Liens externes

  • Quelques informations touristiques sur le site de Gisacum
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