Gavril Derjavine
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Gavrila Romanovitch Derjavine (Гаври́ла Рома́нович Держа́вин) , né en 1743 à Kazan et mort en 1816, était un poète russe. Bien que ses travaux soient traditionnellement associés à la littérature classique, ses meilleurs vers sont pleins d’antithèses et d’oppositions de sons, sur les traces des Poètes métaphysiques.
Il fut successivement militaire et magistrat, devint ministre de la justice en 1801, et se retira des affaires en 1803, pour cultiver les lettres.
[modifier] Oeuvre
Derjavine est surtout reconnu pour ses odes, dédiées à l’impératrice et aux autres gens de la cour. Il n’accordait que peu d’attention au système dominant des genres instauré par Mikhaïl Lomonossov, et est même considéré comme le destructeur de ce système. Il brassait avec une grande liberté les styles et les registres de la langue russe et rejetait toute convention narrative.
Il remplissait souvent ses odes de contenu élégiaque, humoristique ou satirique, transformant ainsi la tradition de l’ode. Dans sa grande ode à l’Impératrice, par exemple, il dit chercher des puces dans les cheveux de sa femme et compare sa poésie à de la limonade.
Au contraire des autres poètes classiques, Derjavine trouvait du plaisir dans les détails soigneusement choisis, comme la couleur du papier peint dans sa chambre ou l’inventaire poétique de ses repas quotidiens. Il considérait le français comme la langue de l’harmonie, et le russe comme celle du conflit. Il pratiquait une poésie lyrique, philosophique (Dieu, 1784), anacréontique (léger et charmant, mais mesuré) et idyllique (La vie de Zvansk, 1807). Il abandonne l’attraction pour le contact matériel avec le monde. Bien qu’il se délectait des allitérations harmonieuses, il manipulait parfois volontairement ses vers dans le but de leur donner un effet cacophonique.
Les odes majeures de Derjavine sont :
- Sur la mort du Prince Mestscherski (1779)
- L’Ode à Félitsa' (1784)
- Dieu (1785, traduit dans toutes les langues d’Europe, que l'empereur de Chine même fit traduire)
- Cascade (1794, inspiré par la mort du Prince Potemkine)
- Bouvreuil (1800, élégie sur la mort de son ami Souvorov).
- l'Ode sur l'expulsion des Français (1813) ;
Il a également doté de paroles le premier hymne russe (Гром победы, раздавайся!, Tonnerre de la victoire, retentit !), en hommage à la prise de Izmail par Souvorov, qui mit fin à la sixième guerre russo-turque
Ses Mémoires sont parues à Moscou en 1860. Ses ouvrages ont été traduits en français en 1861.
[modifier] Influence
Selon D.S Mirsky (D.S. Mirsky. A History of Russian Literature. Northwestern University Press, 1999) : La poésie de Derjavine est un univers impressionnant de richesses ; le seul bémol est que ce grand poète n’a été d’aucune utilité, aussi bien en tant que maître qu’en tant qu’exemple. Il n’a rien fait pour élever le niveau du goût littéraire ou améliorer la langue littéraire, et quant à ses envolées poétiques, c’était de toute évidence impossible de le suivre dans ces sphères vertigineuses.