Frédéric Marguet

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Fréderic Marguet (1874-1951)

Né en 1874, Fréderic Marguet est entré à l'École navale en 1891, où il n'a pas tardé à se distinguer, il en est d'ailleurs sorti premier. Après une douzaine d'années passées à la mer, il est revenu à l'École navale en qualité de professeur d'Architecture navale, puis d'Astronomie et de Navigation. Il y a fait toute sa carrière, dans le cadre actif d'abord, puis dans le cadre «de résidence fixe» réservé aux officiers dont certaines aptitudes spéciales étaient utiles à la Marine dans d'importantes fonctions sédentaires exclusives du service général. Parvenu à la limite d'âge en 1933, dans le grade de capitaine de vaisseau, il fut maintenu à l'École à titre civil comme secrétaire archiviste, en fait Directeur des études. Il se retira ensuite à Paris, en 1937, puis à Ville-neuve-Loubet en 1940. Son enseignement a eu sur les jeunes générations maritimes une influence considérable aussi bien dans la marine marchande que dans la marine militaire. Beaucoup de professeurs de navigation furent formés par le commandant Marguet qui s'est montré dans ce domaine le continuateur de l'œuvre du commandant Guyou.

Cet enseignement se trouve exposé dans deux ouvrages : Cours d'astronomie de l'École Navale et Cours de navigation et de compas, plusieurs fois réédités. Le second de ces ouvrages renferme un grand nombre de développements inédits portant principalement sur la théorie des courbes de hauteur et les propriétés des segments capables sphériques. En 1926, l'Académie reconnut la haute valeur de ces innovations en attribuant le prix Plumey à leur auteur.

Cette consécration nous dispense d'énumérer les nombreuses publications dans lesquelles Fréderic Marguet avait signalé les résultats originaux de ses recherches personnelles. Mentionnons cependant qu'il ne cessa de les poursuivre et d’en faciliter l’application à l’aéronautique, comme en témoigne une note fort intéressante sur le point au moyen des relèvements radiogoniomètriques insérée au Comptes rendus, en 1935.

Fréderic Marguet s'est montré aussi très habile observateur. Une longue série d’observations précises des satellites de Jupiter entreprise à Brest avait attiré sur lui l'attention de l’astronome Andoyer qui en a utilisé les résultats pour rectifier les tables des satellites dans la Connaissance des Temps. On doit aussi savoir gré à Fréderic Marguet d’avoir largement contribué par ses publications dans la ‘’Revue maritime’’ et dans les mémoires de l'académie de Marine a divulguer les idées nouvelles sur les mouvements généraux de l’atmosphère et la genèse des marées.

Enfin, Frédéric Marguet a consacré une partie importante de son œuvre à l'histoire des sciences et à la philosophie. Son Histoire de la longitude à la mer au XVIIIe siècle lui a valu, en 1915, une part du prix Binoux de l'Académie des Sciences et une médaille d'or de la Société de géographie. Cette remarquable esquisse a été complétée par une Histoire générale de la navigation du XVe au XXe siècle (1931) qui constitue un ouvrage vraiment très complet. Nous avons encore à signaler d'intéressantes études sur la Connaissance des Temps, le Planisphère de Mercator, les Portulans, la Mission du passage de Venus à l'ile Saint-Paul, le Périple de Baudin en Australie, etc. Du coté philosophique, il convient surtout de retenir un article sur l'Origine des Espèces, favorablement apprécié par Bergson; un important Mémoire inséré dans la revue de métaphysique et de morale (1902-1903) sous le titre : Essai d'ontologie; enfin une belle étude sur l'Idée de Patrie (id. 1904). En résumé Fréderic Marguet s'est affirmé comme un théoricien nautique de grande valeur, un observateur habile, un historien maritime hors de pair et un esprit éminemment distingué. C’est à tous ces titres qu'il a été, en 1937, élu Correspondant de l'Académie dans la Section de géographie et navigation, dernière consécration d'une belle carrière vouée au service du pays, de la marine et de la science. Les dernières années de sa vie ont été assombries par la perte d'un fils qu'il chérissait, le capitaine Marguet, mort pour la France en Indochine. Il n'en a pas moins travaillé jusqu'au terme de son existence à compléter sa grande Histoire de la navigation.